Le conte populaire amazigh Boughendja a �t� interpr�t�, dimanche, au Th��tre r�gional de Batna, lors de la 3e �dition du Festival national du th��tre d�expression amazighe, � travers de superbes tableaux chor�graphiques sur un fond musical arrang� par Salim Souhali. Ce conte aux racines solidement ancr�es dans le patrimoine culturel oral de la soci�t� aur�sienne a �t� reconstitu� sur sc�ne, avec ma�trise, par les com�diens et danseurs de la pi�ce Taslit anoua anzar (ou Arousse el-matar). Selon ce vieux conte remontant � de vieilles croyances de la p�riode pr�musulmane, une belle villageoise pr�nomm�e Taslia avait un jour pris la d�cision d'aller avec des amies se baigner dans une fontaine et y faire un v�u, lorsque, soudain, apparut devant elle le �dieu de la pluie�, Anzar, escort� par ses gardes terrifiants tous v�tus de noir. Cette divinit�, sid�r�e par la beaut� de Taslia, lui demanda sur-le-champ sa main mais elle refusa au motif qu'il �tait un �surhumain�. Pris de col�re, Anzar punit alors toute la tribu en retenant la pluie. La s�cheresse fait planer l'ombre de la mort sur la r�gion dont les habitants, avec � leur t�te leur �chaman�, ne comprirent ce qui se passait que lorsque la belle Taslia leur r�v�la sa rencontre avec Anzar. Aussit�t, les habitants d�cid�rent de parer Taslia de ses plus beaux atours pour l'offrir au �dieu� et apaiser sa col�re. En la voyant ainsi offerte, Anzar fit rejaillir l'eau et, imm�diatement, les fontaines redonn�rent vie aux champs et aux vergers de la tribu. Pour perp�tuer ce mythe, Boughendja est devenue une sorte de pratique sociale transmise de m�re en fille dans la soci�t� amazighe. Elle consiste � organiser, en temps de s�cheresse, une procession de femmes qui accrochent � une louche des �toffes multicolores. La procession qui d�file au milieu de la nature entonne � l'unisson une chanson aux paroles encore conserv�es dans les traditions orales de la r�gion : �Anzar aberbech lelouane el meghrane yenghi oudhane ya rabi serse amane� (Anzar ! aux multiples couleurs joyeuses, la soif tue les hommes. Seigneur, fait tomber la pluie). La m�moire collective des habitants de la r�gion rapporte �galement le fait qu'en p�riode de s�cheresse, les habitants de la r�gion c�l�braient Boughendja en accrochant une poup�e symbole de Taslia � un arbre en signe de rappel du vieux sacrifice. A l�av�nement de l'islam, la poup�e fut remplac�e par une louche. Le chercheur fran�ais Gabriel Camps a r�alis� durant les ann�es 1970 une �tude dans la r�gion de la Saoura autour de ce c�r�monial qui se rattache aux vieilles croyances mythologiques de l'Afrique du Nord. Les danses de Taslit anoua anzaront �t� con�ues par le chor�graphe A�ssa Chouat, tandis que la musique a �t� compos�e par Salim Souhali qui a choisi d�opter pour une musique classique afin de donner au spectacle et � ce vieux conte une �dimension universelle�.