La profonde m�fiance entre les blocs chiite et sunnite en Irak a emp�ch� hier la tenue d'une r�union d'urgence des dirigeants politiques convoqu�e pour trouver une issue � la crise entre ces deux groupes, au lendemain d'une s�rie d'attentats meurtriers. Le pr�sident du Parlement, Ossama al- Noujaifi, avait annonc� cette r�union pour tenter de sortir le pays d'une crise qui paralyse les institutions et menace le fragile �quilibre entre chiites, majoritaires dans le pays, et sunnites, un an apr�s la formation d'un gouvernement d'unit� nationale. Ces cinq derniers jours, un mandat d'arr�t a �t� lanc� � l'encontre du vice-pr�sident sunnite Tarek al-Hach�mi, le chef du gouvernement chiite, Nouri al-Maliki, a r�clam� le limogeage du vice-Premier ministre sunnite, et le bloc parlementaire Iraqiya, soutenu par les sunnites, a d�cid� de boycotter l'Assembl�e et le gouvernement. Jeudi, les violences sont venues s'ajouter � cette tourmente politique, avec une vague d'attentats apparemment coordonn�s qui a fait au moins 60 morts et des centaines de bless�s � Bagdad, quelques jours apr�s le d�part des derniers soldats am�ricains du pays. �Hier (jeudi Ndlr), l'Alliance nationale (une coalition des partis religieux chiites) avait indiqu� que le bloc Iraqiya devrait (d'abord) cesser de boycotter le Parlement et le gouvernement, et qu'ensuite, il y aurait une r�union des groupes politiques�, a d�clar� un parlementaire sous le couvert de l'anonymat. �Si l'Alliance nationale ne vient pas � la r�union, il n'y a aucune raison pour qu'elle se tienne�, a-t-il poursuivi. Iraqiya, deuxi�me groupe parlementaire avec 82 d�put�s, a annonc� lundi que ses neuf ministres allaient boycotter le gouvernement, deux jours apr�s avoir suspendu sa participation aux travaux du Parlement, en d�non�ant la �dictature� de M. Maliki. Dans une interview � la BBC en arabe, M. Hach�mi a de nouveau accus� hier le Premier ministre d'avoir �provoqu� une crise, difficile � contr�ler�. �L'Irak a le droit d'avoir peur�, a dit M. Hach�mi, qui est accus� d'avoir financ� et soutenu des attentats men�s par ses gardes du corps et fait l'objet �d'un mandat d'arr�t. R�fugi� au Kurdistan irakien, il a rejet� ces accusations, mais s'est dit pr�t � �tre jug� dans cette r�gion autonome. La crise a provoqu� des manifestations dans les villes � majorit� sunnite comme Samarra et Ramadi, o� des centaines de personnes ont d�fil� en appelant les autorit�s � garantir un proc�s �quitable au vice-pr�sident. S'exprimant �galement dans la revue am�ricaine Foreign Policy, M. Hach�mi a accus� M. Maliki d'avoir pris le contr�le des institutions-cl�s du pays en copiant �beaucoup des comportements de Saddam�, tout en parvenant � s'assurer le soutien � la fois des Etats-Unis et de l'Iran. Mercredi, M. Maliki a menac� de remplacer les neuf ministres d'Iraqiya s'ils continuaient de boycotter le gouvernement. Il a �galement appel� les autorit�s du Kurdistan irakien � �prendre leurs responsabilit�s � et � remettre M. Hach�mi � la justice. Cette crise intervient quelques jours apr�s le d�part d'Irak des derniers soldats am�ricains. Le g�n�ral am�ricain Ray Odierno, actuel chef d'�tat-major et ancien commandant des forces am�ricaines en Irak, �tait cependant jeudi � Bagdad, o� il a rencontr� MM. Maliki et Noujaifi. Et le vice-pr�sident am�ricain Joe Biden s'est entretenu au t�l�phone avec le pr�sident irakien, le Kurde Jalal Talabani, pour soutenir les efforts en vue de �r�soudre les probl�mes par un dialogue s�rieux et des mani�res pacifiques �, selon le bureau de M. Talabani.