Dans une sc�ne hallucinante, expression du profond malaise qui affecte depuis plus de deux ans les exclus de l�op�ration de recasement parmi les ex-habitants de la rue de Roumanie, une douzaine de personnes ont tent�, jeudi dans l�apr�s-midi, de mettre � ex�cution leur menace de se jeter collectivement du haut du pont suspendu de Sidi M�cid. Un ultime recours devant leur d�tresse et leurs cris, rest�s inaudibles jusque-l�. Aussi, si ces derni�res, qui �taient dans un �tat d�excitation avanc�, ne sont pas all�es jusqu'� mettre effectivement leur menace � ex�cution, l�incident dont ont �t� t�moins des milliers de Constantinois, rest�s bouche b�e devant la sc�ne qui se d�roulait sous leurs yeux, a jet� l�effroi parmi les citoyens. D�autant que les fortes rafales de vent, qui soufflait de temps � autre sur le pont suspendu de Sidi M�cid, l��tat dans lequel se trouvaient les contestataires et le �peu d�entrain� qu�avait montr� un haut responsable de la wilaya mena�aient s�rieusement de mettre en p�ril la vie de ces derniers. En effet, c�est aux alentours de 12h30 de ce jeudi qu�un groupe de cinquante personnes, anciens habitants de la rue de Roumanie, exclues des listes des b�n�ficiaires de logements, ont soudain investi le pont suspendu reliant le centre-ville de Constantine au CHU Benbadis et l�ont ferm� � la circulation automobile. Constitu�es en cha�ne humaine ou allong�es par terre, elles ont emp�ch� les automobilistes, dont certains sont venus rendre visite � leurs proches, d�acc�der � l�h�pital. Et c�est sous les regards des �l�ments des forces de l�ordre, stationn�es en faction � l�entr�e du pont, que les plus jeunes parmi les frondeurs (entre sept et dix personnes) enjamb�rent la rambarde et se mirent en posture de suicidaire dans un moment de stupeur et d�h�b�tement des passants qui n�en croyaient pas leurs yeux. Quelque temps apr�s, des �l�ments de la Protection civile accompagn�s par des officiers de la police et des proches des suicidaires, arrivent sur les lieux de l�incident et tentent, vainement de persuader ces derniers de descendre et prendre plut�t langue avec les autorit�s. La proposition a �t� per�ue par ces derniers comme une �offense, voire une insulte� � partir alors que l�on sait que ces m�mes responsables leur avaient signifi� lors d�un sit-in, tenu lundi devant le cabinet du wali, une fin de non-recevoir. Commen�a alors une longue apr�s-midi de frayeur et d�attente o� par moment, la situation a failli d�g�n�rer en raison du peu de consid�ration et le m�pris� dont a fait montre un responsable venu prendre langue avec les protestataires. Il aurait, affirment des proches des exclus, d�fi� ces derniers de mettre leur menace � ex�cution. �Allez-y balancez-vous dans le vide�, aurait-il l�ch� � l�endroit des jeunes debout sur le gardefou et dangereusement pench�s sur les gorges du Rhumel. Joint par t�l�phone dans la soir�e, un proche de l�un des protestataires, lequel avait lui-m�me tent�, en juin 2011, de mettre fin � ses jours en mena�ant de se jeter du haut d�un b�timent squatt�, a r�sum� l��tat d��me dans lequel se trouvent ses voisins et proches : �Accepter, dor�navant, de prendre langue avec des personnes corrompues qui ne se soucient que de leur bien-�tre et celui de leurs proches n�est gu�re envisageable. On a beau �couter leur pompeux discours, pris notre mal en patience durant deux ans, accus�s � tort, nous et nos enfants de tous les coups bas qu�ils nous ont ass�n�s du fait de leurs comportements ind�cents et m�prisants, les choses n�ont pas avanc� d�un iota. Tout ce qu�on avait, on l�a perdu. Aujourd�hui, on n�a rien � perdre.� Pour rappel, pas moins de 50 personnes parmi les anciens habitants de ladite cit� avaient squatt� en juin dernier des appartements neufs inoccup�s � la nouvelle-ville Ali-Mendjeli. Bref, apr�s de longues et p�nibles tractations, un groupe de contestataires a accept�, tout en refusant de lib�rer le pont, de rencontrer des responsables de la ville � l�effet de d�nouer la crise dont les cons�quences sur la circulation devenaient ing�rables. Aussi, la circulation automobile d�j� difficile est devenue pratiquement impossible. De longs bouchons se sont form�s, notamment apr�s que le boulevard Zighoud-Youcef menant vers le CHU eut �t� interdit par mesure de s�curit� � la circulation par la police. Jusqu'� 19 heures, les protestataires qui, semble-t-il, avaient d�cid� de passer la nuit sur place, n�avaient toujours pas lib�r� le pont de Sidi Rached. Hier, un laconique communiqu� de la wilaya de Constantine soulignait en gras que le chef de l�ex�cutif, qui aurait re�u � deux reprises durant la semaine derni�re les repr�sentants de ces familles, aurait rassur� : s�il y a des personnes l�s�es, elles seront r�tablies dans leurs droits.