Abdelhamid Mehri n�est plus. Hier lundi, il est d�c�d� � l�h�pital militaire de A�n Na�dja � Alger o� il �tait admis depuis plusieurs jours � la suite d�une lourde maladie. Les m�decins �taient m�me oblig�s de mettre leur illustre patient en coma artificiel pour att�nuer de ses souffrances. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - N� en avril 1926 � El Harrouch dans le Constantinois (actuellement da�ra dans la wilaya de Skikda), Abdelhamid Mehri �tait un homme politique de premier plan, dont le parcours personnel se confond avec l�histoire de l�Alg�rie. Depuis l��re du mouvement national � nos jours. Militant du Parti du peuple alg�rien (PPA) de Messali, puis du Mouvement pour le triomphe des libert�s d�mocratiques (MTLD), puis du FLN, l�homme aura �t� de toutes les s�quences de l�histoire moderne de l�Alg�rie. Son temp�rament d�homme de compromis et de dialogue l�avait port� naturellement, lors de la crise qui avait frapp� le mouvement national � la fin des ann�es quarante et au d�but des ann�es cinquante du si�cle dernier, dans le camp des �centralistes�. Il avait toutefois failli se retrouver � la t�te du groupe qui avait d�clench� la r�volution, mission pour laquelle l�avaient sollicit� les �22� historiques. N�emp�che, il sera arr�t� d�s novembre 1954 par les autorit�s coloniales pour n��tre lib�r� qu�en avril 1955, date � laquelle il rejoindra Le Caire et la r�volution. Il ne tardera pas, � partir de ce moment-l�, � gravir les �chelons de la direction de l�Alg�rie combattante. Membre de la d�l�gation ext�rieure du FLN puis du Conseil national de la R�volution alg�rienne, CNRA, puis encore du Comit� de coordination et d�ex�cution, le CCE. Ce qui le pr�destinera � figurer dans le premier Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne ( GPRA) ainsi que dans le deuxi�me avec respectivement les postes de ministre des Affaires nord-africaines puis celui de ministre des Affaires sociales et culturelles. A l�ind�pendance, il occupera des postes d�ambassadeur notamment dans plusieurs capitales. Sa carri�re politique ne sera toutefois v�ritablement relanc�e qu�avec l�av�nement du r�gime Chadli Bendjedid en 1979 dont il sera l�un des piliers. Ambassadeur d�Alg�rie � Paris de 1984 � 1988, Mehri, l�un des plus proches de l�ancien pr�sident dont il est par ailleurs le gendre, sera rappel� � Alger au lendemain des �v�nements d�Octobre 1988 pour une mission de premier plan : remplacer le pr�sident de la R�publique � la t�te du Front de lib�ration nationale et le pr�parer au multipartisme qui allait �tre instaur� par la r�vision constitutionnelle de 1989. Avec Mouloud Hamrouche et Abdelaziz Belkhadem, Mehri constituera le premier cercle du pr�sident Chadli durant les trois ann�es � venir. Des ann�es de la premi�re exp�rience pluraliste en Alg�rie mais aussi et malheureusement celles des troubles provoqu�s par les islamistes du FIS. En juin 1990, Mehri n�a pu mener le FLN, pour la premi�re fois de son histoire, � une victoire �lectorale lors des locales compl�tement �cras�es par un FIS triomphant, envahissant et de plus en plus mena�ant pour la stabilit� m�me du pays. Les troubles publics du FIS, qui contr�lait toutes les mosqu�es du pays, une bonne partie de ses APC et, bien s�r, la rue glisseront progressivement vers la subversion terroriste. Les troupes du FIS multipliaient les exactions un peu partout � travers le pays, le SIT (Syndicat islamiste du travail) faisait des ravages dans le monde du travail et, en parall�le, l�autorit� de l�Etat s��rodait de mani�re inqui�tante au point o�, en juin 1991, le FIS d�clenchera une gr�ve g�n�rale et une occupation de la rue par la force et prendra en otage Alger pendant plusieurs jours avec une passivit� �int�ress�e� du gouvernement Hamrouche, et donc de Chadli. La situation �tait telle que, pour la deuxi�me fois en trois ans, l�arm�e a d� intervenir pour �vacuer de force les places d�Alger. Le gouvernement Hamrouche tombe. Mais le FIS, qui avait d�j� fait d�filer ses fameux �afghans� � l�occasion, entamait une autre phase dans sa qu�te du pouvoir. A l�ombre des �politiques�, les �militaires � de la mouvance int�griste pr�paraient les premiers groupes arm�s. En novembre 1991, une caserne de l�ANP � Guemar, au sud du pays, sera la cible d�un acte terroriste �inaugural� d�une grande ampleur. Et c�est dans ce contexte que l�Alg�rie allait organiser, le 26 d�cembre 1991, sa premi�re �lection l�gislative de son histoire. Et qui virera au cauchemar ! Le FIS, encore une fois, fait un raz-de-mar�e lors du premier tour d�j�. Il promet l�instauration d�un Etat th�ocratique islamiste et d�finitif en Alg�rie. La suite est connue : l�arm�e intervient et oblige Chadli � d�missionner le 11 janvier 1992. Boudiaf prend la direction d�une pr�sidence coll�giale, le HCE et, fait unique dans les annales, le FLN de Mehri est d�sormais dans l�opposition. Avec le FIS et le FFS, il s��l�ve contre l�arr�t du processus �lectoral. Dans ce front des �trois F� comme on l�appelait, Mehri jouera un r�le pr�pond�rant. Les accords de Sant�Egidio de 1994 et de 1995, puis l�appel au boycott des pr�sidentielles de novembre 1995, lanc� par les �trois F�, finiront toutefois par sonner le glas de l��re Mehri � la t�te du FLN. La participation sans pr�c�dent des Alg�riens aux pr�sidentielles explosera le mythe de �l�opposition r�elle� entretenu par Mehri, A�t Ahmed et les dirigeants du FIS et c�est naturellement que le rapport de force basculera � l�int�rieur de l�ex-parti unique. Cela donnera lieu au fameux �coup d�Etat scientifique � contre Mehri, d�finitivement �cart� du FLN en 1996. Depuis, l�ancien SG se suffira de quelques initiatives politiques, personnelles ou avec d�autres personnalit�s mais qui n�ont jamais abouti. De moins en moins pr�sent sur la sc�ne, Mehri n�en avait toutefois pas gard� intact un capital de popularit� extraordinaire au sein de la base du FLN. Et m�me au-del�.