Entretien r�alis� par Nadia Salmi Paul Balta est n� en 1929 � Alexandrie (�gypte) et v�cut pr�s de vingt ans au Proche-Orient qu�il a parcouru dans tous les sens de m�me que la M�diterran�e, avant de terminer ses �tudes sup�rieures � Paris o� il vit depuis 1947. DES de philosophie, licence d�histoire de l�art. Sp�cialiste des mondes arabe et musulman et de la M�diterran�e, il a effectu� de nombreux reportages du Maroc � l�Afghanistan. Journaliste � l�agence Associated Press puis � Paris-Presse l�Intransigeant, il est entr� au journal le Monde (Paris) en 1970 : correspondant au Maghreb, en poste � Alger de 1973 � 1978, chef de la rubrique Maghreb, il a �galement couvert les grands �v�nements du Moyen-Orient dont le conflit isra�lo-arabe, les guerres du Kurdistan, la r�volution iranienne et la premi�re guerre du Golfe (1980-1988). Auteur d�une vingtaine d�ouvrages, dont La politique arabe de la France (Sindbad, 1973), La strat�gie de Boumediene ,L�Iran insurg� ,L�Alg�rie des Alg�riens vingt ans apr�s avec la collaboration de la journaliste Mireille Duteil, La vision nass�rienne ,L�islam dans le monde . En outre, il a collabor� � de grandes revues internationales comme le Middle East Journal (Washington) et a assur� une chronique mensuelle dans El Pais (Madrid) et le Lib�ral (Casablanca) de 1990 � 1995. Il fut membre du Conseil d�orientation de Confluences/M�diterran�e. Directeur du Centre d��tudes de l�Orient contemporain � l�universit� Paris III-Sorbonne Nouvelle de 1988-1994. Il a anim� le S�minaire de politique �trang�re consacr� au monde arabe et � l�islam au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes de Paris de 1985 � 1998. Membre du Conseil d�administration de la Fondation Ren� Seydoux pour le monde m�diterran�en, du groupe �Observatoire M�diterran�e et Moyen-Orient� de la Fondation pour les �tudes de d�fense (Paris), de la �Section M�diterran�e� (1998-2001) du Conseil �conomique et social de PACA (Marseille) et du Comit� international du Forum civil euromed(Barcelone), pr�sident du FEMEC, Forum eurom�diterran�en des cultures, d�Omar Le-Ch�ri, la cyber-�cole de journalisme des jeunes de la M�diterran�e, et de Selefa (Soci�t� d��tudes lexicographiques et �tymologiques fran�aises et arabes). Paul Balta est chevalier de la L�gion d�honneur et de l�Ordre du m�rite, officier des Arts et Lettres. Dans cet entretien qu�il nous a accord�, il revient sur les r�voltes dans le monde arabe et nous fait part de son analyse de la situation politique, les d�fis qui attendent cette partie du monde, la mont�e des mouvements islamistes qui sont oblig�s de jouer le jeu d�mocratique ainsi que la lutte contre le terrorisme au regard de l�affaiblissement d�Al- Qa�da apr�s la mort de son chef Oussama Ben Laden. Le Soir d�Alg�rie: Quelle analyse faites-vous de la situation dans les pays arabes, notamment avec la mont�e des mouvements islamistes ? Paul Balta : Je commence par affirmer que les �R�voltes arabes� sont pleines d�espoir malgr� les difficult�s auxquelles elles sont confront�es et les craintes que l�on peut �prouver. Elles ont fait tomber le mur de la peur ! Les peuples ont retrouv� leur dignit� en mettant fin, en 2011, aux dictatures notamment celle de Zine Abidine Ben Ali en Tunisie, le 14 janvier, celle de Hosni Moubarak en �gypte, le 11 f�vrier, et celle de Mouammar Kadhafi en Libye, le 20 octobre. Les peuples veulent prendre en main leur avenir, mais la r�alit�, diff�rente selon les pays, est plus complexe. En Tunisie, le parti islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi a gagn� les �lections l�gislatives (36%) et Hammadi Jebali, le num�ro deux, a form� le gouvernement. Non seulement, il n�a pas proclam� la charia mais il a aussi respect� l�h�ritage de Bourguiba, en particulier celui qui concerne le statut des femmes (1956) in�dit dans le monde arabe : il leur accorde le droit de vote et bien d�autres avantages, d�cr�te la monogamie et autorise l�avortement qui ne sera l�galis� en France qu�en 1975. Autre point important : les juifs. En Tunisie depuis 2 000 ans, ils �taient 100 000 au XIXe si�cle. Des dirigeants isra�liens ont invit� les 1 000 qui restent � venir s�installer en Isra�l. Des dirigeants d�Ennahda ont propos� � ceux d�Isra�l de revenir en Tunisie. �Le mouvement Ennahdha appelle tous les Tunisiens et Tunisiennes, musulmans, juifs et chr�tiens, � �tre solidaires et � pr�server l�unit� pour le bien du pays�, a proclam� El-Ghannouchi et Roger Bizmuth, chef de la communaut� juive, lui a pr�sent� ses f�licitations. Au Maroc, le PJD, Parti de la justice et du d�veloppement de l�islamiste, Abdelilah Benkirane, a gagn� les �lections (107 si�ges sur 395) et form� un gouvernement de coalition avec plusieurs de ses concurrents : l'Istiqlal, le PPS, Parti du progr�s et du socialisme et le MP, Mouvement populaire, mais il n�y a qu�une seule femme, Bassima Hakkaoui (PJD) En �gypte, la situation est plus complexe. Les islamistes ont remport� plus de 70% des si�ges. Le PLJ, Parti libert� et justice des Fr�res musulmans, arriv� en t�te avec 47% des d�put�s (235 sur 498), a accept� le principe du pluralisme politique, suivi par les salafistes, Al-Nour, avec 24%. Il est vrai que l�Arabie Saoudite a largement financ� ces partis et a secr�tement donn� de l�argent � des �lecteurs pauvres pour qu�ils votent pour les FM et Al-Nour. En outre, c�est le CSFA, Conseil supr�me des forces arm�es dirig� par le mar�chal Hussein Tantaoui, qui d�tient le pouvoir, ce qui a incit� Mohamed El-Baradei, prix Nobel de la paix en 2005, � annoncer qu�il ne sera pas candidat � l��lection pr�sidentielle. Pensez-vous que l�Alg�rie soit dans le m�me cas que ces pays et qu�elle risque de voir une victoire des islamistes aux prochaines �ch�ances �lectorales ? Le cas de l�Alg�rie est diff�rent. Le pays a �t� marqu� par la �d�cennie noire� ou �d�cennie du terrorisme� qui a fait 150 000 morts et m�me plus selon certains sp�cialistes. Elle a commenc� en d�cembre 1991 avec les attentats et les violences du FIS, Front islamique du salut, et s�ach�ve avec la d�faite, en 2002, du GIA, Groupe islamique arm�. La population alg�rienne a �t� traumatis�e par ces massacres. En outre, le mouvement islamiste en Alg�rie est plut�t divis� et fonctionne en rangs dispers�s. Sur le terrain, on rep�re trois tendances principales. Les anciens militants de l�ex-FIS, qui font peur. La tendance politique du MSP, Mouvement de la soci�t� pour la paix, partenaire de la coalition gouvernementale, est discr�dit�e par ses rivalit�s internes. Enfin, la tendance salafiste qui n�a pas beaucoup d�audience. Quel commentaire faites-vous sur ce qui se passe en Libye et en Syrie ? Mouammar Kadhafi �tait, certes, un dictateur auteur de nombreux crimes, n�anmoins, il a aussi beaucoup fait pour le d�veloppement �conomique et culturel de la Libye et des Libyens et il a cherch� � relancer l�Union du Maghreb arabe. Que le CNT, Conseil national de transition, l�ai renvers� me para�t positif. En revanche, je r�prouve la fa�on inhumaine de son ex�cution le 20 octobre 2011. Les vid�os de son lynchage sont insupportables et inhumaines. J�estime qu�il aurait d� �tre traduit devant le TPI, Tribunal p�nal international mais, selon des sources s�rieuses, les Etats-Unis et la France auraient secr�tement demand� sa mort car ils ne voulaient pas qu�au cours du proc�s il raconte comment ces deux pays l�avaient bien soutenu quand il �tait au pouvoir, pour pr�server leurs int�r�ts. Le 23 octobre, le CNT annonce que la charia sera � la base de la l�gislation libyenne. Mais 3 mois apr�s la mort de Kadhafi, le pays semble sombrer dans le chaos. Le 21 janvier, le si�ge du CNT � Benghazi, berceau de la r�volution, a �t� envahi par les manifestants et le 22, c�est le vice-pr�sident Abdelhafidh Ghoga qui a �t� contraint � la d�mission, apr�s avoir �t� victime d�une agression � l�universit� de Ghar Youn�s. Pour ce qui est de la Syrie, il faut rappeler que Hafez Al-Assad, qui a pris le pouvoir en 1970, a assur� la stabilit� et le d�veloppement �conomique du pays qui, depuis son accession � l�ind�pendance en 1946, a �t� boulevers� par une dizaine de coups d��tat et de multiples divisions internes. Bachar, son fils, lui a succ�d� le 17 juillet 2000. Sous la pression internationale, il a amorc�, en 2001, l��vacuation des troupes syriennes qui occupaient le Liban. Tout en ayant un comportement dictatorial, comme son p�re, il a alors rendu la Syrie fr�quentable et en a fait un partenaire incontournable dans les dossiers du Moyen-Orient. Retournement de situation : � la suite du �Printemps arabe� une majorit� de Syriens s�est soulev�e, le 15 mars, pour r�clamer son d�part et l�instauration de la d�mocratie. Il a r�agi par une r�pression impitoyable qui atteindrait 6 000 morts d�but 2012 ! Alors que la pression internationale et arabe est de plus en plus forte, l'ASL, Arm�e syrienne libre, form�e de 40 000 d�serteurs, et le CNS, Conseil national syrien, pr�sid� par Burhan Ghalioun, qui rassemble les principaux courants de l'opposition, ont toutes les chances de renverser Al Assad et d�ouvrir la voie � la d�mocratie. � la lumi�re de ces changements, pensez-vous que la lutte contre le terrorisme prendra de nouvelles formes ? La lutte contre le terrorisme a commenc� avec force � la suite des attentats d�Al Qa�da d�Oussama Ben Laden, le 11 septembre 2001. Je rappelle n�anmoins que c��tait l� un tragique retournement de l�histoire car, d�s les ann�es 1950, les Etats-Unis avaient soutenu les Fr�res musulmans contre Gamal Abdel Nasser et les nationalistes arabes, ce qu�on a tendance � occulter. Ils avaient ensuite soutenu et m�me financ� Ben Laden pour mettre fin � la pr�sence des forces sovi�tiques en Afghanistan, en 1989. L�ex�cution de Ben Laden par les militaires am�ricains dans la nuit du 2 mai 2011 a port� un coup s�v�re � Al Qa�da et le Printemps arabe ne lui est pas non plus favorable. Certes, l�Aqmi a continu� � perp�trer des attaques en Alg�rie et des prises d�otages, dont deux Fran�ais au Niger le 8 janvier 2011 et d�autres au Mali. 90% de ses ressources viennent des ran�ons obtenues contre la lib�ration d'otages et le reste de trafics d'armes et de drogue. L�Aqmi favorise aussi les migrations clandestines en particulier au sud de la Libye et au Sahara alg�rien. L�Alg�rie a d�ailleurs pris des mesures efficaces pour lutter contre l�Aqmi et b�n�ficie, de m�me que la Mauritanie, du soutien de la France. La r�volution du Jasmin en Tunisie et, d�une fa�on g�n�rale, le Printemps arabe au Maghreb devraient limiter les possibilit�s de l�Aqmi et surtout conforter sur le triple plan politique, culturel et militaire la lutte contre le terrorisme. Les n�gociations de paix au Proche-Orient sont au point z�ro. Que se passe-t-il exactement dans cette r�gion ? Les m�dias occidentaux mettent beaucoup l�accent sur les divisions entre le Fatah et le Hamas qui contribuent � bloquer les n�gociations de paix avec Isra�l. En r�alit�, c�est � ce pays qu�incombe la responsabilit� sur presque tous les plans. Il n�a pas appliqu� les r�solutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de s�curit� de l�ONU, qui d�clarent �nulles et non avenues les mesures prises par Isra�l pour changer le statut de J�rusalem�, �appellent � la cessation des implantations isra�liennes, qu�il a d�clar�es sans valeur l�gale�, �r�affirment l�applicabilit� de la Quatri�me convention de Gen�ve aux territoires arabes et palestiniens occup�s par Isra�l depuis 1967, J�rusalem incluse�, �appellent au retour des r�fugi�s palestiniens�. En outre, la colonisation isra�lienne dans les territoires palestiniens est inqui�tante. � J�rusalem-Est, aussi, qu�Isra�l refuse de reconna�tre comme la capitale de la Palestine. L�organisation pacifiste Shalom Arshav en conclut que la colonisation remet en cause le principe des deux Etats et publie une carte qui illustre ses affirmations dans les zones les plus critiques : le nord de la Cisjordanie et J�rusalem-Est. En janvier 2011, un rapport de l�Union europ�enne souligne, entre autres, que les colons �taient 1 200 en 1972 dans la zone C, en Cisjordanie, puis 110 000 en 1993, et 310 000 (plus 200 000 colons � J�rusalem-Est) aujourd'hui, soit plus du double de la population palestinienne (150 000). �L'occupation par Isra�l des territoires arabes et palestiniens doit cesser. Les colonies, nouvelles et anciennes, sont ill�gales. Elles contrarient la naissance d'un Etat palestinien viable�, vient de r�affirmer Ban Ki-moon, secr�taire g�n�ral de l�ONU. Vous �crivez beaucoup sur le monde arabe et notamment sur la religion musulmane. Apr�s votre livre Islam et islamisme. Gare aux amalgames, vous venez de publier Islam et Coran, id�es re�ues sur l�histoire, les textes et les pratiques d�un milliard et demi de musulmans. Est-ce votre mani�re d�aller � contrecourant des pr�jug�s et des clich�s ? C�est complexe. En fait, Marie- Laurence Dubray, qui a fond� les �ditions Le Cavalier Bleu, a repris mon livre L�islam, publi� en 2001. Il a connu trois �ditions mises � jour et s�est vendu � 15 000 exemplaires. Elle s�est aper�ue que, depuis deux ou trois ans, ce livre de tr�s petit format se vendait moins bien parce qu�il passait inaper�u sur les rayons des librairies. Elle a donc d�cid� de passer � un format plus grand, plus visible et plus agr�able � lire. Elle m�a propos� ainsi qu�� Michel Cuypers et Genevi�ve Gobillot, auteurs d�un livre intitul� Coran, dans la m�me collection, de rassembler nos deux livres en alternant les chapitres. �videmment nous avons proc�d� � une mise � jour, supprim� les r�p�titions et r�dig� une introduction et une conclusion, adapt�es � la nouvelle formule. Le contenu de Islam et Coran est diff�rent de celui de Islam et islamisme. Gare aux amalgames, publi� par les �ditions Milan, en 2008. Il a un caract�re plus p�dagogique. Alors que nous assistons � une mont�e de l�islamophobie, il s�efforce de r�tablir des v�rit�s trop souvent occult�es ou ignor�es et veut toucher un large public non sp�cialis�. Un exemple : le chapitre �La civilisation arabo-islamique n�a rien invent� explique que du VIIIe au XIVe si�cles, elle a �t� � la pointe de la modernit� dans tous les domaines : astronomie, math�matiques, physique, chimie, m�decine, histoire, sociologie, g�ographie, gastronomie, etc. Sans ses apports, la Renaissance europ�enne n�aurait pas vu le jour au XVIe si�cle ou aurait �t� plus tardive. Environ mille mots fran�ais sont d�origine arabe. Vous �tes un fervent d�fenseur du dialogue entre les cultures en opposition avec la th�orie du �choc des civilisations� de Samuel P. Huntington, mais il semble qu�en Occident cette th�orie trouve de plus en plus d��cho. Quel est votre commentaire ? N� � Alexandrie, j�ai sillonn� tous les pays riverains de la M�diterran�e et j�ai consacr� plusieurs livres � notre �Mer m�re�. N�oublions pas que la M�diterran�e est la mer de la diversit�. Aucune autre r�gion du monde n�a vu, dans un espace aussi limit�, appara�tre et s�affirmer autant de peuples et de civilisations : �gyptiens, H�breux, Ph�niciens, Cr�tois, Grecs, Romains, Byzantins, Gaulois, Ib�res, Berb�res, Ostrogoths, Wisigoths, Slaves, Arabes, Turcs, Europ�ens� M�diterran�en par mes racines, je dis qu�il y a six rives avec leurs sp�cificit�s, leurs oppositions mais aussi leurs compl�mentarit�s. Malgr� les guerres, le dialogue des cultures n�a jamais cess� et le flambeau de la civilisation a toujours circul� d�une rive � l�autre ! Nous devons rester fid�les � cet h�ritage, le d�fendre et l�enrichir. Cela dit, vous avez raison, le �Choc des civilisations� a tendance � l�emporter en Occident, de m�me que le �Choc des ignorances�. Certes, l�UPM, l�Union pour la M�diterran�e, lanc�e en 2008 par Nicolas Sarkozy, �tait en soit une bonne id�e. Il lui avait fix� deux objectifs, politique et �conomique, mais avait oubli� la culture, contrairement au PEM, Partenariat euro-m�diterran�en, lanc� � Barcelone en 1995. Face au toll�, il l�a finalement int�gr�e, mais pour le moment l�UPM est moribonde. Je signale cependant un d�but positif en politique �trang�re. Le G8, r�uni les 26 et 27 mai 2011 � Deauville par Sarkozy, a invit� la Tunisie et l��gypte. Il a d�cid� de leur donner une aide financi�re pour soutenir leurs r�formes. Les banques multilat�rales de d�veloppement fourniraient, pour 2011- 2013, plus de 20 milliards de dollars (14 milliards d�euros), dont 3,5 milliards d'euros (pr�s de 5 milliards de dollars) provenant de la Banque europ�enne d'investissement (BEI). Les pays du Golfe contribueront � hauteur de 10 milliards de dollars, le reste �tant fourni par l'aide bilat�rale, dont un milliard d'euros de la France. Au total, l�aide atteindrait 40 milliards de dollars (28 milliards d�euros). En outre, lors d�une r�union � l�IMA, l�Institut du monde arabe, le 26 avril 2011, Alain Jupp� a annonc� que la France ouvrirait �un dialogue sans complexe avec les courants islamiques � qui respecteraient les r�gles du jeu d�mocratique. Il s�agit principalement du mouvement Ennahda en Tunisie et des Fr�res musulmans en �gypte. Je note aussi que Claude Gu�ant, ministre de l�Int�rieur, �crit dans Le Monde du 1er juin 2011 : �Loin d'avoir menac� notre identit� ou remis en cause notre coh�sion nationale, les g�n�rations successives d'immigr�s qui se sont �tablis dans notre pays au cours du temps ont toujours su partager notre conception du vivre ensemble, notre histoire nationale et nos valeurs. Ils y ont m�me largement contribu�. � Esp�rons qu�il va poursuivre dans cette voie. C�est bient�t la c�l�bration du cinquantenaire de l�ind�pendance de l�Alg�rie, allez-vous venir pour faire partie de la f�te ? Je serai heureux d�y participer. Je rappelle que je suis n� � Alexandrie de p�re fran�ais et de m�re �gyptienne. J�ai l�habitude de dire et d��crire : la France est ma patrie et l��gypte ma deuxi�me patrie. Apr�s avoir �t� correspondant du quotidien Le Monde au Maghreb, de la Libye � la Mauritanie, bas� � Alger, de 1973 � 1978, j�ai ajout� l�Alg�rie est ma troisi�me patrie. En effet, j�ai eu l�honneur et le plaisir d�avoir cinquante heures d�entretiens en t�te-�-t�te avec le pr�sident Houari Boumediene, le pr�sident Abdelaziz Bouteflika que j�avais souvent interview� m�a invit� � plusieurs reprises, je me suis beaucoup plu dans le pays que j�ai parcouru dans tous les sens et j�ai �t� sensible � l�hospitalit� des Alg�riens.