Dans la nuit, le bus est secoué… On allume les lumières. Le bus est toujours secoué. - C'est un tremblement de terre ? demande quelqu'un. Mais les cris sont si forts qu'on ne l'entend pas. Tout s'arrête brusquement. On se regarde... - C'est un tremblement de terre ? reprend la voix. Une femme répond : - Non, je ne crois pas… - Mais alors, qu'est-ce que ça peut être ? Tout à coup, le monsieur surpris tout à l'heure pointe le doigt sur une fenêtre et crie : - Regardez ! On s'amasse à la fenêtre : on voit alors des ombres gesticuler au clair de lune qui vient de se lever. - Qu'est-ce que c'est ? - C'est comme l'ombre qui m'a bousculé ! Quelqu'un émet l'hypothèse qu'il s'agit peut-être de villageois. - Des villageois ? Que viendraient-ils faire ici, en pleine nuit ? - Et puis, pourquoi gesticuleraient-ils au lieu de nous porter secours ? C'est alors que quelqu'un crie : - Il s'agit de fantômes ! C'est de nouveau la panique. La jeune fille, tremblante, se serre contre Omar. - Eteignez les lampes ! Le bus est de nouveau plongé dans le noir. - Les portes sont bien fermées ? gémit la jeune fille. - Oui, ne vous inquiétez pas ! On se serre les uns contre les autres. Les formes finissent par disparaître. Mais les voyageurs ne sont pas au bout de leur peine. De temps à autre le bus est violemment secoué. Une fois même on a eu l'impression qu'un énorme oiseau, dont on a entendu le battement des ailes, s'est posé sur le toit, faisant un bruit d'enfer. - C'est insupportable, gémit la jeune fille. - Il faut tenir jusqu'au matin, dit Omar. Personne ne dormira le reste de la nuit, même la femme malade. Enfin, on aperçoit les premières lueurs de l'aube, mais personne n'ose sortir. Il faut attendre encore deux heures avant que quelqu'un ne passe. On ouvre les portières et tous se précipitent dehors : - Arrêtez ! Arrêtez ! Le bus s'arrête. Le chauffeur descend. - Vous êtes en panne ? - Nous avons passé la nuit ici ! - On veut bien prendre ces naufragés de la route mais on les avertit qu'il n'y a pas assez de places assises. - Nous partirons debout ! s'exclament en chœur les voyageurs. Ils sont si pressés de partir que le chauffeur leur dit en plaisantant : - On a l'impression que vous avez vu des fantômes ! - Vous ne croyez pas si bien dire, sourit Omar. Fin G. B.