Scène n Amine, un jeune Algérois, a emprunté le bus de la place Audin pour se rendre à Bir Mourad Raïs, muni d'un billet de 1 000 DA, sachant que le prix à payer pour le trajet est de 15 DA. Cela a mis le receveur de l'Etusa (la compagnie nationale de transport urbain) en colère, demandant l'appoint, refusant de donner le ticket tout en faisant la morale avec force éclats de voix ponctués de gestes réprobateurs envers le passager. Amine entre dans une colère noire, lui lance le billet de mille dinars à la figure en lui rappelant que c'est au receveur de préparer la monnaie. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, c'est le jour qu'ont choisi les contrôleurs pour pointer et verbaliser les resquilleurs. Le ton monte, chacun renvoyant la responsabilité à l'autre, et Amine se trouve obligé soit de payer une contravention soit de se voir embarqué au commissariat de police. Invraisemblable ? Pas quand on est habitué aux transports urbains. Voici un autre phénomène que les usagers des transports privés rencontrent. Quand on tente de payer son trajet avec un billet de 100 ou 200 DA, on entend la phrase tant redoutée : «Je vous rends la monnaie tout à l'heure.» Au moment de descendre du bus, le passager va voir le receveur pour réclamer son dû, espérant qu'il n'a pas oublié, c'est là qu'on se sent tout petit en subissant son regard soupçonneux chargé d'accusations de mensonge ou de radinerie. Finalement, c'est avec un grand soulagement qu'on récupère sa monnaie, toujours avec une différence de 2, 3 ou 5 DA parce qu'il n'a pas l'appoint, dit le receveur avec l'air d'avoir rendu service en daignant rendre la différence. Qui n'a jamais rencontré ce problème dès le matin ? Les habitués des transports en commun connaissent l'histoire, c'est pour cela qu'ils prennent la peine de préparer leur monnaie avant de prendre le bus. Mais les questions qu'on a envie de poser sont : qui doit s'inquiéter de la monnaie ? Le citoyen qui doit préparer l'appoint à chaque fois qu'il a envie de se déplacer, ou le receveur qui doit s'organiser pour avoir le change nécessaire pour la journée ? Contactés, les receveurs de l'Etusa ont répondu que chaque matin, ils reçoivent une quantité importante de petite monnaie, mais que celle-ci ne suffit jamais, vu la fréquentation considérable des stations ; ils ont précisé qu'un billet de 1 000 DA raflait une grande quantité de pièces et que contre cela, ils ne pouvaient rien faire. Pourquoi donc ne créerait-on pas un système d'abonnement pour les transports urbains, ou alors plus simplement ne vendrait-on pas des carnets de 10 ou 20 tickets à oblitérer ? Ou encore installer des distributeurs automatiques de billets dans chaque grande station de bus. Ceci faciliterait considérablement la vie aux passagers, réglerait par la même le problème de la petite monnaie et épargnerait aux usagers brimades et autres intimidations quasi quotidiennes qu'ils subissent, non pas parce qu'ils ne payent pas leurs tickets, mais parce qu'ils n'ont pas l'appoint.