Qui est mieux plac� pour faire des produits du terroir alg�rien un label culturel et touristique ? C�est bien s�r les filles d�Eve. C�est une �vidence, dira-t-on. Mais lorsque des femmes entrepreneurs se mettent � valoriser de mani�re artisanale ou industrielle ce patrimoine culinaire et que les produits du terroir ne trouvent pas le soutien, la d�ception prend vite le dessus : c�est, malheureusement, la d�perdition de cet h�ritage ancestral qui se poursuivra. Esp�rons que ce ne sera pas le cas pour Nathalie Moualek et Karima Lazib. Elles se sont investies pas pour s�enrichir, clament-elles, mais pour adapter aux besoins de l�heure, en pr�servant son authenticit�, un produit bien de chez nous qui, plus est, constitue un �l�ment de la carte d�identit� des Maghr�bins en g�n�ral et des Alg�riens en particulier. Il s�agit notamment du roi de la cuisine de toutes les r�gions alg�riennes : seksou, kousksi ou couscous. Nathalie et Karima qui sont venues de leur village d�Oumlil, commune de Ouaguenoun (wilaya de Tizi-Ouzou), ont install� leur stand � la Foire de l�huile d�olive organis�e par la commune d�A�t- Amrane, dans la wilaya de Boumerd�s, et remport� un franc succ�s. �Je viens de d�penser chez elles plus de 1 000 DA. Je m�approvisionne ainsi pour plusieurs semaines en produits authentiques, bio et de qualit�, d�clare un officier de police les mains charg�s de paquets de couscous. �Notre couscous est le m�me que celui que produisaient nos grands-m�res, c�est-�- dire fait par des mains expertes de femmes avec du bl� dur�, dira Karima, v�t�rinaire La meunerie traditionnelle qu�elle ont cr��e dans leur village s�appelle �Yemma Aziz�ne� (maman ch�rie). C�est un regard vers le pass� charg�, pour elles, d�authenticit�. Elle mettent en vente du couscous fait de divers c�r�ales, du bl� dur entier, de l�orge � bon pour les diab�tiques, semble-t-il � et la farine de son d�avoine. Elles ont par ailleurs cr�� un couscous bio et di�t�tique compos� de 4 c�r�ales, notamment l�orge, le bl� dur entier, le sarrasin et le son d�avoine. Elles produisent aussi un couscous aux glands (bellout). �Nos prix augmentent et baissent en fonction de la disponibilit� des c�r�ales, notamment le bl� dur, et surtout de la fluctuation des prix�, dira Karima qui d�plore le manque de soutien des pouvoir publics. �Nous nous approvisionnons en bl� dur dans des circuits informels, car les entreprises refusent de nous en vendre.� Les deux jeunes femmes cr�atrices d�entreprise n�ont b�n�fici� d�aucune formule d�aide ou de subvention que les autorit�s distribuent � tout-va en ces temps de contestation sociale. Ces militantes de la d�fense des produits du terroir appliquent un principe cher � un nombre d�associations en Occident : le commerce �quitable. �Les int�r�ts des productrices, c�est-�-dire les femmes au foyer qui roulent le couscous et qui r�alisent ces produits, sont garantis. De plus nous privil�gions des femmes, particuli�rement des veuves, dont les familles ne disposent pas de revenus : notre d�marche a en quelque sorte, un aspect social. Nous leur payons 400 DA le sac de 25 kilogrammes et une bonne rouleuse peut d�passer quotidiennement cette quantit�, assure Karima qui pr�cise que leur ambition est de d�clarer aupr�s de la Cnas les ouvri�res qui sont pay�es � la quantit� produite, leur permettant ainsi de b�n�ficier de la protection sociale. Valorisation du label alg�rien Le cr�neau investi par les deux jeunes femmes, parce que la demande est forte, est porteur au plan �conomique. Leur travail participe par ailleurs � la protection du label alg�rien en mati�re d�art culinaire fort riche dans notre pays. Il en existe s�rement des centaines d�autres artisans passionn�s dans les contr�es du pays qui ne demandent qu�� �tre connus. Pour d�aucuns, la valorisation de ce patrimoine culinaire, l�un des meilleurs dans le bassin m�diterran�en, est une affaire de passionn�s, de sp�cialistes et d�investisseurs. L�Etat a un r�le de soutien � jouer. Il est, en effet, temps pour les sp�cialistes de l�alimentation et ceux qui s�occupent de l�agroalimentaire d�investir dans ce cr�neau. L�engouement des Alg�riens pour les produits du terroir est une r�alit�. A titre illustratif, il suffit de suivre la courbe de la demande et du prix de l�huile d�olive qui d�passera bient�t les 600 DA le litre pour avoir une id�e de ce march�. En plus de la richesse et des postes de travail pouvant �tre cr��s, cette t�che a un caract�re militant puisqu�elle met en exergue la facette la plus importante de la vie des Alg�riens au quotidien et par cons�quent leur identit�. Le label alg�rien existe. Il n�a aucun complexe � se faire par rapport aux autres labels surm�diatis�s. La cuisine alg�rienne gagnerait � �tre mise en valeur, sinon elle sera d�pouill�e de son authenticit�. C�est ce qui arrive au couscous devenu un plat national mais perverti sous d�autres cieux. Ce n�est plus de la libert� de cr�ation qui est en jeu mais ce plat est souvent victime ailleurs de malfa�on.