Mental, tactique et un penchant pour la mystique : Herv� Renard n'a rien n�glig� pour acc�der � son r�ve de d�crocher la Coupe d'Afrique des nations 2012 � la t�te de la Zambie, qui a battu la C�te d'Ivoire en finale dimanche � Libreville (0-0 a.p., 8- 7 t.a.b.). L'entra�neur de 43 ans est devenu le quatri�me Fran�ais � inscrire son nom au palmar�s du tournoi continental, apr�s son mentor Claude Le Roy (Cameroun, 1988) dont il fut l'adjoint, Pierre Lechantre (Cameroun, 2000) et Roger Lemerre (Tunisie, 2004). MENTAL : Le principal apport du �sorcier blond� fut de nature psychologique. Il s'�tait avou� exasp�r� par cette inclination zambienne � se contenter de faire bonne figure, et donc de la figuration. Avant la demi-finale, il affirme ainsi : �Un joueur ghan�en, quand il rentre sur le terrain, est plus comp�titeur qu'un joueur zambien. On travaille l�-dessus. Au niveau technique et de l'organisation, il n'y a pas trop de probl�mes. Mais le football se joue dans la t�te, il faut �tre plus fort psychologiquement.� Ne pas l�cher, ne pas se laisser abattre. Quitte � piquer ses joueurs, � les �r�veiller�, comme il le mart�le, que ce soit � l'entra�nement ou en match. Dimanche, il n'h�site pas � bousculer physiquement l'arri�re droit Nkausu, le visage d�form� par la rage, le regard mauvais. �Je lui avais montr� la vid�o du but de Gervinho contre le Mali, explique-t-il ensuite. S'il n'est pas capable de faire attention � ce genre d'action, il m�rite une petite r�primande.� Ce travail psychologique a pay�, apr�s l'�chec en quart de finale de la CAN-2010 aux tirs au but face au Nigeria malgr� le contr�le du jeu. Une forme de na�vet�. Deux ans apr�s, �on �tait plus fort dans notre t�te�, se f�licite Renard. TACTIQUE : Adepte du jeu de passes � la barcelonaise, Renard s'appuie sur un collectif de petits gabarits, tr�s joueurs, qui privil�gient naturellement l'attaque, mais ont appris � parfaire leur solidarit� d�fensive, � faire le dos rond (face au Ghana et � la C�te d'Ivoire notamment). Le message passe bien, selon leur capitaine Christopher Katongo: �Tactiquement, c'est un bon entra�neur, les joueurs comprennent ce qu'il veut.� Dans son management, le s�lectionneur a aussi tent� des coups. Il n'a pas h�sit� � sortir des joueurs qu'il avait fait entrer en jeu. Mais le pari le plus marquant fut de rel�guer sur le banc la r�v�lation Mayuka en demi-finale. Il lui avait tenu ce discours le matin m�me : �Tu as jou� quatre tr�s bons matches, mais je veux que tu te reposes pour �tre pr�t sur les 30 derni�res minutes, et tu devras marquer.� L'attaquant a finalement jou� 45 minutes, et a marqu� le but de la victoire. MYSTIQUE : Le drame de 1993, lorsque l'�quipe nationale de Zambie avait �t� d�cim�e dans un accident d'avion au large de Libreville (18 joueurs tu�s, 30 morts au total), a constitu� le soubassement mystique des Chipolopolos de 2012. La Zambie a affront� le S�n�gal pour son entr�e en lice (2- 1) : c'est justement au S�n�gal que l'avion �tait cens� atterrir en 1993. Et au regard du tableau de la comp�tition, les Zambiens ne pouvaient voir la capitale gabonaise qu'en finale. L'entra�neur y a vu des �signes�, les utilisant pour d�cupler la motivation de ses joueurs. �Sur cette comp�tition, on avait l'impression de voler, d'�tre imbattables, que c'�tait �crit�, avance son adjoint, Patrice Beaumelle. �Le fait de venir pour la finale ici nous a donn� une force incroyable, rench�rit Renard apr�s la victoire. On avait envie de faire quelque chose pour notre pr�sident � de la F�d�ration zambienne (FAZ), Kalusha Bwalya, le seul survivant de l'�quipe de 1993 (il devait prendre un vol depuis l'Europe).