[email protected] Entre vendre des caf�s ou des boniments moulus � la t�l�vision, l'un des journalistes vedettes de la cha�ne Al Jazeera, Ghassan Bendjeddou, a finalement fait le choix du petit �cran. Au moins � la t�l�vision, on ne casse pas la vaisselle, le breuvage est d�caf�in�, et donc pas de risque d'insomnie. L'ann�e derni�re, Ghassan Bendjeddou avait claqu� la porte d'Al Jazeera pour incompatibilit� d'humeur et d'amour, face aux �v�nements de Syrie. Il avait donc annonc�, � notre grand soulagement, qu'il quittait la profession pour exercer un m�tier plus noble, celui de cafetier. Sans h�sitation, et sans le brin de rancune d'usage, nous lui avions souhait� beaucoup de succ�s dans son nouveau sacerdoce. Rien ne me r�conforte autant que des adieux � des confr�res, avec l'assurance de pouvoir les nommer en tant qu��Ex�(1). Bendjeddou avait d'autres atouts, puisqu'il �tait parti, avec la chaude b�n�diction de Karadhaoui qui ne regarde jamais � la d�pense sur ce chapitre. Seulement, le matois avait d�cid� d'�courter la joie des adieux et de jouer les revenants, camoufl� dans un drapeau iranien. Il y a quelques mois, le rus�(2) Bendjeddou a annonc� le lancement d'une cha�ne de t�l�vision satellitaire priv�e Al-Mayadine, �mettant � partir de Beyrouth, sa ville d'adoption. Survenant apr�s l'ouverture du champ audiovisuel, proclam�e par notre herm�tique pouvoir, jadis r�volutionnaire aujourd'hui r�voltant, la nouvelle a laiss� libre cours aux supputations. On a commenc� par un plan large incluant les amis et les sympathisants de l'Iran, dont le barbu que vous savez, pour finir par quelques titres de presse susceptibles de pactiser avec le diable. Or, dans ce cas pr�cis et dans ce cas seulement, il �tait inutile de diaboliser des �investisseurs� nationaux, ces derniers ayant d'autres chats � fouetter, si l'audace est permise. Je vous rassure donc tout de suite : il n'y a aucune preuve, absolument aucune, qu'un promoteur national ait �t� associ�, de pr�s ou de loin, au grand projet t�l�visuel du cafetier repenti. Restons vigilants malgr� tout, quoique du point de vue de nos futurs �Ex� la chose ne serait pas impossible, m�me si elle para�t un peu fort de caf�, si l'expression est de mise dans le sillage de Bendjeddou. Samedi dernier donc, le journal �lectronique Middle East Transparency (http://www.metransparent.com/) a annonc� que la t�l� du vire-voltant Ghassane, qui devait diffuser � la mi-mars, risquait de ne jamais voir le jour. Et c'est l� que l'histoire devient int�ressante : la raison du report ou annulation du projet serait le tarissement brutal des sources de financement. D'abord, pr�cise le journal, c'est Bahdjat Sule�mane, le fils de l'ancien chef des services de renseignements syriens, qui aurait ferm� la pompe � fric, comme on dit. Dans la foul�e, les autorit�s iraniennes qui auraient donn� leur aval et le ch�que qui va avec, au projet du dribbleur Bendjeddou, auraient proc�d� au r�examen de leur participation financi�re. Les Iraniens, non contents d'entretenir le Hezbollah et ses d�pendances, financent en effet la cha�ne de propagande Al-Alam. Les dirigeants d'Al-Alam ont �t� ennuy�s par l'arriv�e imminente d'une cha�ne de la m�me ob�dience, mais concurrente. Ils ont protest� aupr�s de T�h�ran et ont fait valoir que le lancement de la cha�ne Al Mayadine ne servirait qu'� g�ner Al-Alam. Sans compter que le sieur Ghassane pouvait �tre un adorateur de Bachar, mais n'en restait pas moins la brebis �gar�e (susceptible d'�tre une taupe) de Karadhaoui. Or, ce dernier qui a lorgn� un moment vers le Hezbollah, lorsqu'il guerroyait � corps libanais d�fendant contre Isra�l, vient de se raviser. Comme l'Iran et son subrog� libanais le Hezbollah continuent � soutenir, contre vents et mar�es printani�res, le r�gime de Bachar, par ailleurs combattu par Karadhaoui, la cassure �tait fatale. Le ma�tre-confesseur de la cha�ne Al Jazeera vient de d�baptiser le Hezbollah en Hezbollati, remettant ainsi le sort du suppos� fer de lance arabe face � Isra�l, entre les mains impuissantes de la d�esse de la Djahilia, Al-At. On peut donc se demander si la nouvelle enseigne octroy�e par le chef d'antenne du Qatar au Hezbollah ne serait pas �trang�re aux malheurs de l'ancien directeur du bureau d'Al Jazeera au Liban. En attendant que la bonne nouvelle (celle du maintien de Bendjeddou en caf�t�ria) se confirme, on peut constater que la crise avec Duba� ne semble pas favoriser les desseins de Karadhaoui. Si ses desseins proph�tiques sont quelque peu contrari�s, le titre d'imam supr�me octroy� par ses fid�les est d�j� d'un effet revigorant pour le s�nescent homme de Dieu et accessoirement de l'�mir. Alors que le chef de la police l'a d�j� l�ch� pour s'en prendre � un autre pr�dicateur du m�me s�rail, Karadhaoui peut constater que ses anciens concitoyens �gyptiens ne le suivent pas en tout et partout. C'est le cas de l'acteur Adel Imam qui s'accroche mordicus � sa lubie d'un Bachar Assad, �ultime rempart� contre l'h�g�monisme sioniste. Tout comme Karadhaoui, Adel Imam a ses raisons d'aimer ou de ha�r, de se soumettre ou non aux injonctions du �Vatican� arabe domicili� � Doha. L'acteur comique et cible pr�f�r�e des islamistes est s�r d'une chose au moins : s'il a �t� condamn� � trois ans de prison pour �atteinte � la religion�, c'est parce qu'il a proclam� son soutien au r�gime de Damas. En ce moment, il n'est pas tr�s bon en �gypte de s'opposer � Karadhaoui, �minence grise du mouvement des Fr�res musulmans. Un mouvement qui semble avoir sign�, comme en 1952, une alliance tactique avec le syst�me qui a engendr� Moubarak et qui lui cherche un autre successeur, susceptible de lui assurer quelques d�cennies de r�pit. A. H. (1) Ce qui me rappelle le cas de ce confr�re qui s'�tait qualifi� d'ex-journaliste, dans un moment de lucidit�, et qui est revenu dans la partie, parce ce que le journalisme on peut y entrer et en sortir au gr� des situations et des opportunit�s. Le journalisme, pour peu que vous sachiez man�uvrer et sauter les obstacles, peut vous mener loin, et m�me juste � c�t�, sur les bancs de l'APN. B�ni soit le RND, la providence des ambitions contrari�es ! (2) Il y a des personnes dont la physionomie chafouine, m�me refaite ou raval�e, vous lance des signaux avertisseurs, semblables � ces bips de la censure en usage sur le petit �cran. Malheureusement, il faut du temps et beaucoup de batailles perdues pour �tre en mesure de capter ces messages.