Qui mieux, pour l�avoir v�cu de l�int�rieur et en avoir �t� un des acteurs, que R�dha Malek pour faire revivre, 50 ans apr�s, jour pour jour, son aboutissement, le long et laborieux processus de n�gociations entre le FLN et les autorit�s coloniales, regrettant que cet �pisode capital dans le long combat de lib�ration nationale du joug colonial ne soit pas suffisamment pour ne pas dire du tout vulgaris� parmi les g�n�rations post-ind�pendance, notamment les toutes derni�res d�entre elles. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Et ce n�est que dans la logique de ce constat s�v�re mais combien vrai que l�ancien chef du gouvernement a entam� son t�moignage, ce dimanche au forum El Moudjahid, invitant � une lecture approfondie et � une �tude s�rieuse de ce document qui reposait, dira-t-il, sur l��quation paix contre ind�pendance. Une �quation � premi�re vue simple mais qui fut dans les faits, longue � �tre r�solue. Ce qui am�nera, donc, le conf�rencier, � faire un come-back succinct sur le long et laborieux processus de n�gociations entre le Front de lib�ration nationale et l�autorit� coloniale, bas�, tiendra � pr�ciser M. Malek, sur trois principes contenus dans la d�claration du 1er-Novembre 1954, sur lesquels les 11 n�gociateurs alg�riens dont le valeureux Krim Belkacem auquel il rendra un hommage appuy� et tout particulier. D�abord l�int�grit� territoriale, ensuite l�unicit� du peuple alg�rien puis l�ind�pendance, des pr�alables non n�gociables, affirmera le conf�rencier pour contrecarrer les desseins de l�administration coloniale pour laquelle le peuple alg�rien n�existait pas en tant que tel, jouant sur les diversit�s ethniques (kabyle, chaouie, mozabite, targuie et arabe) pour mieux passer la pilule de la minorit� europ�enne, le Sahara qui �tait sa propre cr�ation et, enfin, la question des bases militaires, notamment celle de Mers El-K�bir � l�ouest du pays. Autant de pr�alables � travers lesquels se situait tout l�enjeu de ces contacts dont les tout premiers remontent � 1955, et tout au long desquels ils constituaient de v�ritables points d�achoppement qui ont retard� de fait tout accord. Et puis, fallait-il compter sans la d�couverte de l�or noir au Sahara, en 1956, ce qui n�a fait qu�aiguiser davantage l�app�tit de la France dont l�administration a d�multipli� sa pr�sence militaire en Alg�rie avec des effectifs port�s � 400 000 puis 600 000 soldats. Des contacts qui allaient avoir plusieurs haltes entre autres Le Caire, l�ex-Yougoslavie, Rome par deux fois, mais sans toutefois enregistrer une quelconque avanc�e aussi minime soit-elle. Et le d�tournement, le 23 octobre 1956 de l�avion qui transportait une d�l�gation du FLN vers Tunis o� une r�union �tait pr�vue autour des d�funts pr�sident Bourguiba et roi Hassan II, n�a fait qu�accentuer le sentiment d�j� pesant chez Krim et ses amis quant � la sinc�rit� de la d�marche de l�administration coloniale qui avait suscit� le courroux de la communaut� internationale apr�s ses attaques contre l��gypte et la Tunisie o� 40 �coliers ont p�ri dans une attaque militaire contre une �cole prise pour une base arri�re de notre glorieuse ALN. Un sentiment de m�fiance encore accentu� avec l��pisode de la fameuse paix des braves propos�e par de Gaulle, synonyme de reddition tout simplement. Devant cet �ni�me �chec, le pr�sident fran�ais accepte de n�gocier directement avec le FLN dont il reconna�t de facto la repr�sentativit� et propose trois axes : la s�cession, la francisation ou une f�d�ration, dans une Alg�rie alg�rienne. Ainsi, les premiers contacts �taient nou�s en d�cembre 1960 � Gen�ve, en Suisse et le 19 f�vrier de l�ann�e suivante, avec c�t� fran�ais, Pompidou et Leusse, de l'autre Boumendjel et Boulahrouf du c�t� alg�rien. Nouvel �chec devant l�intransigeance de la France � ne pas c�der sur la question de la base de Mers El-Kebir. Mais les n�gociations ne sont pas interrompues et reprennent � Neuch�tel sept jours plus tard le 26 f�vrier 1961. N�gociations men�es en cachette mais point d�accord � l�horizon. Cependant, les pourparlers reprendront � Evian-Lugrin, � la fronti�re avec la Suisse le 20 mai 1961 � Evian � l'h�tel du Parc avec Joxe et des g�n�raux qui constituent la d�l�gation fran�aise, Krim Belkacem et Benyahia c�t� FLN. Alors qu�elles avan�aient certes p�niblement mais s�rement, dira M. Malek, les pourparlers butent sur le pr�alable d�un cessez-le-feu que la France avait unilat�ralement d�cr�t� et que le FLN refusait avec obstination fran�aise de discuter la question du Sahara. Suspendus pr�s de deux mois durant, les n�gociations reprennent le 20 juillet � Lugrin avec une nouvelle donne capitale, de Gaulle ne faisant plus du Sahara un de ses principes. Les deux parties se reverront le 5 septembre � Baie puis aux Rousses le 18 f�vrier 1962 avec le quitus du peuple fran�ais lors du r�f�rendum du 9 janvier 1962, conc�dant au peuple alg�rien de pouvoir d�cider de son avenir. M. R�dha Malek avouera que les d�l�gu�s du FLN ont conc�d� aux Fran�ais d�Alg�rie la possibilit� � titre individuel, d�acqu�rir la nationalit� alg�rienne, et ce, durant une p�riode de trois ann�es, affirmant que 16 membres parmi l�Assembl�e constituante �taient Fran�ais. Autre concession marginale, selon M. Malek, celle concernant la base de Mers El-Kebir que la soldatesque coloniale a quitt�e au bout de trois ans alors qu�il lui a �t� accord� un d�lai de 15 ans. Le document final de ces accords a �t� donn� � l�appr�ciation du CNRA dont seul un membre, l�ex-pr�sident Boumedi�ne, a vot� contre pour, dira encore M. Malek, �des consid�rations internes�. Lequel document sera paraph� le 18 mars 1962 � 17h par, du c�t� alg�rien Krim Belkacem et du c�t� fran�ais Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie. Dernier d�tail dont M. Malek n�a pas manqu� d�en faire part : les n�gociateurs alg�riens n�ont touch� la main � leurs homologues fran�ais qu�� l�issue de la signature de ces accords. Autrement dit, lors des pr�c�dents pourparlers, les deux parties se limitaient � se saluer par des hochements de t�te, comme pour assurer le minimum de politesse.