[email protected] Adam, cet adolescent de 13 ans, n�a jamais attendu les vacances de printemps avec autant d�impatience. Et pour cause, il prend l�avion pour la premi�re fois pour un long voyage qui va le mener � Duba� ! Tout excit�, apr�s un bon trimestre assorti d�un tableau d�honneur, il compte les heures, les minutes, jusqu�au jour J. La veille du grand d�part, sa maman, encore plus stress�e que lui � l�id�e que son ch�rubin la quitte pour un autre continent, fignole les derni�res pr�paratifs, boucle ses courses, v�rifie sa valise, jette un dernier coup d��il sur son passeport, lit et relit son autorisation paternelle au cas o� les scribouillards de l�APC n�auraient pas �corch� son nom. Tout est parfait ! Elle pousse un ouf de soulagement et se met au lit pour garantir un bon r�veil ce jour J. La t�te sur l�oreiller, elle ne cesse de se triturer l�esprit, se r�p�tant sans cesse : �J�esp�re que je n�ai rien oubli�.� Le lendemain, elle se r�veille aux aurores. Elle v�rifie une derni�re fois son bagage, son passeport et son billet d�avion. Lui, se fera beau : il plaquera le gel sur ses cheveux, ajustera son bermuda, nouera ses lacets, embrassera sa grand-m�re et sautera dans la voiture direction l�a�roport. Il retrouvera tout heureux sa tante et son cousin avec qui il s�envolera pour Duba�. L�a�rogare grouille de monde. Dans un brouhaha assourdissant, les voyageurs retardataires tentent de se frayer un chemin en poussant d�une main leur chariot, de l�autre tra�nent leurs gamins qui font la t�te dure, refusant de suivre la cadence des adultes. Adam, lui, sto�que en apparence, se dirige vers la salle d�embarquement apr�s les au revoir et les accolades � sa maman, qui retient ses larmes, il franchit la ligne rubiconde et se trouve face aux pafistes. Sa maman, encore inqui�te, d�cide de ne pas bouger avant de constater le OK des policiers pour l�embarquement. Eh bien, elle ne croyait pas si bien faire, car le passeport de Adam sera refus� par l�un des pafistes : son autorisation paternelle n�est pas conforme au sp�cimen exig�. �Adam ne pourra pas prendre le vol�, d�clare-t-il. Le visage de l�adolescent devint p�le, ses traits durcissent, son sourire quitte ses l�vres et ses yeux s�embuent. Il est au bord des larmes. Sa tante a beau supplier le policier, mais rien n�y fit. - Je vous dis que nous n�acceptons pas les autorisations paternelles d�livr�es par les APC. C�est au commissariat d��tablir ce document. - Mais le document a �t� sign� par le maire qui plus est a appos� son cachet. Une APC c�est une autorit� publique. C�est � elle de nous pr�ciser qu�elle n�est pas habilit�e � d�livrer cette autorisation explique, horripil�e, la tante. - D�sol� madame, mais il faudrait que son p�re soit l�, muni du livret de famille. - Sa m�re est encore l�, nous allons l�appeler. Sa maman suivant de loin le remue-m�nage accourt. �C�est mon fils�, dit-elle en arborant sa carte d�identit�. - Navr�, mais votre fils ne pourra pas embarquer sans la pr�sence de son p�re. La maman, comme si le ciel lui est tomb� sur la t�te, fustige tous ces gratte-papiers de mairie, incapables d�orienter les citoyens, mais aussi tout le syst�me bureaucratique qui n�a jamais r�ussi � coordonner ses institutions. - Cela n�a pas de sens, comment peut-on signer une autorisation paternelle sachant qu�elle ne sera pas valid�e par la police des fronti�res ? vocif�re-t-elle. Et l�, commence le branle-bas de combat. Il faut faire vite. Elle a moins d�une heure devant elle pour aller chez elle chercher le livret de famille, et en m�me temps contacter le p�re. Elle s�adresse � son fils : �Je t�avais bien dit que ton p�re devait nous accompagner pour �viter ce genre de situations, mais tu ne m�as pas �cout�e.� Heureusement que monsieur �mobile� est l� pour venir � son secours. Les mains tremblantes, elle forme son num�ro. Cela n�aboutit pas. Elle s��nerve. Tente une seconde fois. Toujours rien. C�est Adam qui essaye cette fois. En vain. Et c�est au bout du troisi�me appel que le papa r�pond. Elle lui explique en quelques mots le probl�me et raccroche puis, en courant, se dirige vers la sortie direction : la maison, pour r�cup�rer le livret de famille. �Mais elle est trop nerveuse, en conduisant elle risque de faire des b�tises, lance son neveu � sa m�re. �Tu ne vois pas qu�elle tremble de rage ?� Encore une fois, le �mobile� r�pondra pr�sent. Il appelle sa tante et lui propose de prendre un taxi. Elle s�ex�cute, qualifiant sa proposition de sage. Mais l�on est � moins d�une demi-heure du d�collage. Adam angoisse, d�sesp�re, il est pris d�une envie de vomir, croyant fermement qu�il ratera son avion. Triste, il ne dit plus un mot. Mais voil� que sa tante s�exclame sous les yeux compatissants des voyageurs qui ont suivi toute la sc�ne. �Adam, regarde le tableau d�affichage. Le vol est retard� d�une heure. Quelle chance ! Il reprend vie et saute de joie. Il fait les cent pas en guettant son p�re. Il le voit arriver de loin avec sa maman. Les policiers quant � eux affichent un large sourire, s�empressent de prendre le pr�cieux document et proc�dent aux v�rifications d�usage. Le p�re signe l�autorisation, et enfin le passeport d�Adam est vis�. �Vite, d�p�chez-vous, l�embarquement est imminent�, dit le pafiste. Adam, sa maman et toute la petite famille reprennent des couleurs, on s�embrasse pour la derni�re fois, et l�on se souhaite bon voyage. Les policiers eux s�associent � la joie de tous, se d�solent pour cette mauvaise aventure. �Allah ghaleb, la loi c�est la loi.� Et tout est bien qui finit bien. Adam se souviendra de son premier voyage. Il a bien failli rater l�avion !