Il a tenu à écrire au Guellil, sa vie. Sa tranche de vie. Très jeune, il avait commencé à faire du théatre au sein d'une troupe qu'animait son père. A la veille de son examen de sixième, il s'est vu obligé de se produire dans une pièce, le lendemain à sept heures, il se devait d'être présent au centre d'examen. Deux tracs qu'il devait surmonter grâce à l'amour que lui portait son père. Le spectacle était un succès et les résultats de l'examen l'étaient aussi. Vive l'amour paternel. Tant mal que mal, il suivait son cursus, un cursus de déménagements. Il a plus appris à démonter et transporter toutes sortes de meubles qu'à résoudre une équation mathématique. Car sa vie, toute sa vie n'était que déménagement. Il a connu des dizaines de maisons. Aucune enfance. C'est beau l'amour paternel. Appelé à faire son service national, il répond présent. Après son instruction, première permission, heureux de rentrer chez lui. Il sonne on lui ouvre la porte, au moment où il amorce l'escalier... «vous allez où monsieur ? ... Ah vous êtes sûrement le fils de... vous passez votre service militaire. Désolé mais vos parents ont déménagé. Et c'est moi qui a acheté. Ils sont installés au Maroc !». Du coup, dans sa ville adoptive il se retrouve étranger. C'est tendre l'amour paternel. Tant mal que mal des études à Alger, en internat. Diplômé, il rejoint le domicile parental. Car ils étaient revenus. De maison en maison, il finit par fonder son foyer. Un certain an, il gérait un atelier de son père. Des machines. Des ouvriers. Tant mal que mal, jusqu'au jour où son père est venu le voir lui cinglant «Barkani mennek». Il lui remet ses clés en s'effaçant sur la pointe des pieds. L'atelier a été vendu au kilo. C'est génial l'amour parental. Loi du livret de famille, de loin il apprend, le dernier, que son père avait vendu sa maison pour s'installer dans une autre maison, car une de ses filles avait un problème. Puis son domicile pour s'installer dans un autre domicile, car un de ses enfants avait un problème. Plus tard, il offre par acte notarié la moitié de ce domicile à ce même garnement. Maintenant, ils sont deux à vendre ce dernier logis. Et le dernier qui est mis au courant, c'est le guellil. C'est extraordinaire l'amour du livret de famille. Je pardonne, mais n'oublie pas!