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1979-2007
Il �tait une fois... la fraude
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 04 - 2012

La fraude �lectorale n�est pas une vue de l�esprit de citoyens assoiff�s plus que de raison de d�mocratie. Ni une revendication r�currente et it�rative d�une opposition en mal de programme politique. Elle ne rel�ve pas non plus du registre folklorique, si pris� chez nous, comme de nombreux cercles du pouvoir et de formations politiques tentent de le faire croire aux millions de citoyens �lecteurs alg�riens � la veille et au lendemain de chaque rendez-vous �lectoral, en criant au feu et au loup, avant de se murer dans un silence complice, conscient ou inconscient, jusqu�� l��ch�ance �lectorale suivante.
La fraude �lectorale constitue partout o� elle se pratique, toujours ill�galement faut-il le rappeler, une violence politique majeure qui inscrit son action corrosive au c�ur m�me des ressources et �processus d�mocratiques �, qu�elle corrompt, enlaidit, d�prave, tout particuli�rement les modes �lectoraux apparent�s au suffrage universel, qui restent, pour le moment et en attendant mieux, les instruments cardinaux qui mat�rialisent le mieux les r�gles, le jeu et les pratiques d�mocratiques des Etats modernes. En Alg�rie, elle constitue d�sormais et depuis au moins l�ouverture du champ politique au pluralisme politique en 1989 la premi�re des violences faites � la nation. Nous sommes m�me en droit d�affirmer, quelque peu g�n�s il est vrai aux encoignures, plus de vingt ans plus tard, et en mesurant nos mots, qu�elle est devenue par son caract�re insidieux et amoral largement inscrite dans la dur�e, presque aussi grave que celle du terrorisme ! La fraude �lectorale a en effet, d�un scrutin � un autre, fini par prendre un caract�re de moins en moins supportable. Son caract�re r�current, incorrigible, massif, parfois carr�ment grossier et violent, atteste de la fragilit� et du caract�re aventureux, d�l�t�re et fondamentalement hypocrite des processus de l�Etat de droit qu�elle d�clare vouloir porter, promouvoir, quand ce n�est pas pour les �vendre� au premier des nombreux bazars �lectoraux qui prolif�rent, jour apr�s jour, aux quatre points cardinaux du pays. Malgr� toutes les mesures en trompe-l��il initi�es depuis la reprise du processus �lectoral interrompu en 1991 (commissions �ind�pendantes� de surveillance, participation des formations politiques au contr�le, remise de P-V des r�sultats�), la fraude dure et perdure. Avec elle perdurent les atteintes � des droits politiques fondamentaux, notamment le droit de participer aux �lections selon le syst�me du suffrage universel, le droit de prendre part au gouvernement et � la direction des affaires publiques, tant au niveau national que local. La fraude demeure ainsi une des derni�res et ultimes armes privil�gi�es du conservatisme politique, d�un syst�me en obsolescence avanc�e, incarn� d�sormais par une tro�ka �changeant en catimini et au gr� des scrutins qui se suivent et se ressemblent les voix de plus en plus virtualis�es parce que devenues rares, se r�sumant � des chiffres sortis tout droit des �prouvettes in vitro du pouvoir du moment, sans �me citoyenne, exhib�s par une �Alliance pr�sidentielle� comme des troph�es de la guerre secr�te qu�elle livre � sa soci�t�. Une alliance cultivant encore cette �cul�e conception de l'Homme et de la Cit� qui s'appuie sur les all�geances, l'autoritarisme et la corruption g�n�ralis�e sous toutes ses formes. Elle est par son caract�re d�injustice r�p�t�e � sati�t� la �hchouma� nationale majeure qui continuera d�attiser les col�res et les r�voltes de ce qui reste d�hommes et de femmes honn�tes atteints dans leur dignit� de citoyens. La fraude �lectorale est un d�ni de d�mocratie et un d�fi � la citoyennet�. En faisant se confondre de mani�re de plus en plus grossi�re et visible � l��il nu int�r�ts particuliers et mandat �lectif, elle constitue une entrave au d�veloppement �conomique et au bien-�tre �conomique, social, culturel et politique du pays et de la nation. A l�occasion du cinquantenaire de l�ind�pendance de notre pays, moment propice aux �valuations matures et responsables, qui concorde pr�cis�ment avec la tenue au printemps et en automne de deux rendez-vous �lectoraux dont tout indique qu�ils seront historiques, il nous a sembl� utile d�aller � la chasse � la fraude �lectorale, l� o� des donn�es officielles la signalent et l�affichent le mieux. Surprise sur prise : le premier de ces supports �in�dits� est, comble de l�ironie, le Journal officiel de la R�publique alg�rienne d�mocratique et populaire ! Un journal pas comme les autres, par son statut d�abord et ensuite par la symbolique de son demi-si�cle d�existence, exactement le m�me �ge, jour pour jour, que l�Alg�rie. Qu�on ne s�y trompe surtout pas : la fraude n�est pas seulement une affaire de l�Etat alg�rien, esp�ce de Docteur Folamour autiste, dans son bunker r�gulant dans la solitude des longues nuits �lectorales, la douce alchimie et la complexe arithm�tique de ses chiffres au gr� des fluctuations � la hausse et � la baisse des conjonctures politiques. Tous les grands partis politiques qui ont eu � un moment ou � un autre la possibilit� de �mettre la main� dans� l�urne sans �tre vus ou pris l�ont fait goul�ment et sans retenue. Les exemples que nous vous proposons dans notre dossier �La fraude �lectorale dans les colonnes� du Journal officiel� le montrent avec suffisamment d��loquence et chiffres officiels � l�appui : le FLN, quand il �tait d�sesp�r�ment unique avant 1988 ou quand il tenta � partir de 2002 de le re-devenir, le FIS quand il se sentait �d�mocratiquement� h�g�monique entre 1989 et 1991 et le RND, l�ann�e de sa naissance en 1997, et enfin l�Etat lui-m�me � l�occasion des r�f�rendums de validation de ses options politiques majeures. L��radication de la fraude �lectorale repr�sente plus que jamais le premier chantier d�assainissement politique national de l�heure, qu�il va falloir traiter au plus vite, avant qu�il ne soit tard, vraiment trop tard.
M. K.

1979
LA FRAUDE �LECTORALE BOULIMIQUE DU FLN
Du temps o� Chadli Bendjedid se faisait �lire pr�sident de la R�publique avec un taux de participation de 100% des �voix� de la communaut� alg�rienne r�sidant � l��tranger !
Regardez bien le fac-simil� de cette page du Journal officiel(1) : ce qu�elle r�v�le est � proprement parler hallucinant ! Nous l�avons lue et relue des dizaines de fois. Nous nous sommes pinc�s les uns, les autres.
Rien � faire ! Le chiffre officiel de la proclamation des r�sultats de l��lection du pr�sident de la R�publique est bien l�, t�tu et r�dig� � l�encre noire ind�l�bile de la R�publique, celle des magistrats de la Cour supr�me de l��poque, instruits bien s�r, agissant en leur qualit� de membres de la Commission �lectorale nationale : le fr�re Chadli Bendjedid (comme on disait � l��poque), secr�taire g�n�ral du parti du Front de lib�ration nationale et pr�sident de la R�publique (titre officiel de l��poque) a r�ussi le miracle �lectoral que personne n��galera plus jamais, ni ici ni ailleurs : faire voter par une froide journ�e de f�vrier du si�cle dernier, tous les ressortissants alg�riens diss�min�s � travers les cinq continents, c'est-�-dire l�Afrique, l�Am�rique, l�Asie, l�Europe, les pays arabes et les pays socialistes, comme tient � le pr�ciser le JO � sa page suivante (p.138), au cas o� les citoyens alg�riens ne conna�traient pas la g�ographie de leur plan�te� de l��poque. Pas un seul malade, ni une seule femme qui aurait accouch� la veille, ou encore un seul ivrogne qui serait perdu ou attard� la nuit pr�c�dant l��lection dans les rues de Paris ou l�une des nuits folles du Caire ou de Beyrouth, au point de rater son rendez-vous �lectoral du lendemain ! Tous les Alg�riens vivant � l��tranger sans exception (318 959 votants sur 318 959 inscrits) comme un seul homme, se sont acquitt�s de leur devoir �patriotique � �lectoral et 94,86% d�entre eux ont �offert� virtuellement leurs voix au �fr�re� futur Pr�sident ! Les autres chiffres de l��lection sont �rattrap�s�� au vol : il faut que le taux de oui des ��migr�s� jug� trop faible (sic) soit corrig� � la hausse : ce sera 96,23% avec l�int�gration du �oui� massif des �nationaux� et le taux de participation national au scrutin (nationaux+�migr�s) align� : 95,14%. En ces temps b�nis, ni l�abstention et encore moins les bulletins nuls, qui constituent le ph�nom�ne majeur le plus �parlant� des �lections d�aujourd�hui, n�avaient droit de cit� statistique au pays du FLN, parti unique. Devant ce d�tournement franc et massif des dizaines de milliers de voix des Alg�riens r�sidant dans le monde pour satisfaire � la l�gitimit� politique d�une �lection pr�sidentielle cens�e assurer la d�licate transition entre l�Alg�rie de Boumedi�ne et celle de Chadli Bendjedid, nous ne pouvons que tirer chapeau et ressentir une sinc�re et vraie sympathie pour les membres de la Commission nationale qui ont cru devoir ins�rer l��mouvante r�serve suivante en guise de preuve de leur neutralit� et de la �totale transparence� de l�op�ration �lectorale qu�ils ont supervis�e. �Devant les contradictions existant entre P-V et �tat descriptif des r�sultats de Guelma, (�) la Commission �lectorale nationale a pris en consid�ration les r�sultats communiqu�s t�l�graphiquement et confirm�s par le wali concern� !...
M. K.
(1) Page 137 du JORADP du 20 f�vrier 1979.
1991
LA FRAUDE �TOURDISSANTE DU BULLETIN DE VOTE �TOURNANT� DU FIS
Les �lections l�gislatives propres et (mal) honn�tes
Tout a �t� dit et �crit ou presque sur les �lections l�gislatives du 26 d�cembre 1991. Le gouvernement Ghozali de l��poque les voulait �propres et honn�tes�. Le Front islamique d�cr�ta qu�elles seraient le point culminant de l�assaut final qu�il voulait livrer � la R�publique des �toughat�.
Les moyens importaient peu, puisque le Paradis �tait au bout� du processus �lectoral, � port�e de main et promis � tous ceux qui opteraient pour la solution �islamiste �. Pour le reste, �el harbou khid�a� (la guerre n�est que ruse), rappelait-on aux dizaines de milliers de militants pr�ts � en d�coudre et d�filant dans toutes les villes et villages d�Alg�rie aux cris de �alayha nahya oua alayha namout�. Ce qui n�a certainement pas �t� suffisamment dit, c�est que le FIS a m�ticuleusement et machiav�liquement pr�par� cette bataille plus qu�historique pour son destin national et international. Sa strat�gie de guerre fut judicieusement structur�e autour de trois ing�nieuses man�uvres et mouvements tactiques de troupes � l�efficacit� redoutable. Il faut agir avant, pendant et apr�s l��lection ! Et ce ne furent pas des mots creux ! En amont de l��lection, il fallait co�te que co�te maintenir le niveau atteint par le r�servoir �lectoral d�j� d�bordant obtenu par ses �lus aux �lections locales de juin 1990(1). Le FIS, qui administrait la quasi-totalit� des communes d�Alg�rie depuis cette derni�re date, r�ussit en effet � se constituer un fichier �lectoral taill� � hauteur de ses nouvelles et irr�pressibles ambitions politiques, � travers l�inscription sur les listes �lectorales communales de tous ses militants et sympathisants et le noyautage � distance par des militants aguerris et �dormants � des fichiers informatis�s � l��chelle de wilaya qui �chappaient � son contr�le. Certains de ces militants �taient carr�ment les directeurs des centres informatiques de wilaya, comme ce fut le cas � cette �poque de la wilaya de Mostaganem, � titre d�exemple. Le jour de l��lection, les militants du FIS d�clench�rent la deuxi�me phase de l�assaut de la citadelle de l�administration �lectorale du minist�re de l�Int�rieur, � travers l�utilisation d�une redoutable arme jusque-l� inconnue des bureaucrates des bureaux de vote, auxquels elle donnera le tournis au moment du d�compte final des r�sultats : le fameux bulletin de vote �tournant�. Convaincus que leurs ennemis jur�s seraient ce jour-l� les membres du bureau de vote, qui recevront certainement la consigne de convertir en bulletins nuls tous les bulletins en faveur du FIS pr�sentant des anomalies d�pos�s par les millions des votants de cette mouvance dont une bonne part �tait analphab�te, le FIS mit au point au niveau de tous les douars et communes d�Alg�rie de v�ritables dispositifs op�rationnels d�aide � la transcription de ses consignes de vote. Le mode d�emploi ex�cut� ce jour-l� par les 3 260 222 voix qui vot�rent pour le FIS fut d�une redoutable efficacit� : un premier militant re�oit l�ordre de voter nul en d�posant au fond de l�urne une enveloppe sans bulletin et de ramener � la permanence du parti le bulletin vierge. Cette permanence se chargeait par la suite de confectionner proprement et minutieusement un bulletin parfaitement coch� et conforme en tous points aux dispositions l�gales d�un suffrage exprim�. Et la noria de fonctionner et de tourner ainsi toute la journ�e sans que personne s�aper�oive du subterfuge, qui ne sera �vent� que bien plus tard, apr�s la fermeture des bureaux de vote. C�est ce qu�on pourrait appeler des bulletins propres pour une �lection (mal) honn�te. Mais l�ultime humiliation de l�administration �lectorale par l�appareil para-militaris� du FIS n�intervint en cette nuit particuli�rement froide du 26 d�cembre 1991 qu�apr�s la fermeture des bureaux de vote et le d�compte des r�sultats. Les urnes firent l�objet d�une spartiate surveillance rapproch�e par des �commandos� pr�ts au martyre supr�me. Utilisant ensuite un dispositif de collecte de r�sultats parfaitement huil� et adapt� aux r�alit�s topographiques et socio-�conomiques r�elles du vaste et profond pays, combinant harmonieusement �nes, mulets, chevaux � la campagne d�un c�t� et de l�autre, v�los, motos, t�l�phone et fax(2) dans les villes et villages, le FIS r�ussit un autre exploit historique : annoncer avant le ministre de l�Int�rieur de la R�publique les r�sultats du scrutin, � la virgule pr�s. L�Etat alg�rien venait de vivre cette nuit-l� l�un de ses revers historiques les plus humiliants. Quand, tard dans la nuit, le d�funt Larbi Belkheir, la mine d�faite, balbutia enfin et devant les cam�ras du monde entier les premi�res tendances d�un scrutin d�j� clos, les millions de militants du FIS pensaient d�j� au deuxi�me tour� qui n�aura jamais lieu, gr�ce au martyre supr�me, bien r�el celui-l�, des meilleurs fils de l�Alg�rie comme Belkhenchir, Djaout, Senhadri, Benhamouda et autres Belka�d. Sans oublier, bien �videmment, les martyrs du Soir d�Alg�rie et � leur t�te notre talentueux Dorbane�
M. K.
(1) 4 331 472 voix : record jamais �gal� depuis l�ouverture politique.
(2) Le FIS a �t� la premi�re institution � faire un usage intensif op�rationnel de cet outil de communication dont l�usage n��tait pas aussi �d�mocratis� qu�aujourd�hui.
1997
LA LE�ON DE FRAUDE DU RND
La victoire � la Pyrrhus du parti �b�b� n� avec des moustaches�
3 533 434 voix(1) ! Tel est le r�sultat obtenu par un parti n� trois mois plus t�t et que la rue alg�rienne eut l�attendrissante d�licatesse de surnommer le parti �b�b� n� avec des moustaches� !
Avec des moustaches et, semble-t-il, une machine �lectorale qui aurait �t� � selon les r�sultats affich�s au Journal officiel � plus performante que celle du FIS en 1991, qui n�a obtenu au bout de la plus grande tentative de remise en cause de l�ordre r�publicain jamais men�e contre le jeune Etat alg�rien � travers la gigantesque bataille dont nous venons de relater les �pisodes les plus obscurs, que� 3 260 222 voix(2). Pourtant, il est impossible pour un Alg�rien normalement constitu� et jouissant de ses capacit�s mentales et intellectuelles de croire que le RND ait pu un jour, une seule nuit, une seule seconde, �tre plus puissant (�lectoralement parlant, bien s�r) que le FIS ! Pour en savoir un peu plus, nous nous sommes livr�s � un petit exercice statistique que vous pouvez reproduire vous-m�mes, simplement en prenant soin de disposer, au pr�alable, du jeu complet des JOproclamant les r�sultats des quatre �lections l�gislatives qu�a organis�es l�Alg�rie depuis l�av�nement du pluralisme politique (1991 � 2007). En �tablissant une moyenne par wilaya des taux de participation enregistr�s au cours des scrutins de 1991, 2002 et 2007 (sans celui �boost� de 1997), vous obtiendrez une moyenne arithm�tique �naturelle� sur quinze ans de la participation des citoyens aux �lections l�gislatives par wilaya. S�lectionnez, � l�issue de ce petit exercice d�arithm�tique �lectorale, les wilayas qui ont communiqu� les taux de participation les plus grossiers et les plus irr�els (sup�rieurs � 80%) aux �lections l�gislatives de 1997 qui nous int�ressent ici, et comparez ce taux avec la moyenne de participation aux trois autres �lections l�gislatives �tal�es sur plus de 15 ans : la diff�rence que vous obtiendrez correspond au d�ficit d�mocratique r�el que tra�ne cong�nitalement depuis le RND, qui pense qu�une naissance au forceps comme la sienne entre, d�un c�t�, la c�te d�Adam d�une Alg�rie convalescente et la cuisse de Jupiter de bienveillants et complaisants protecteurs, devait l�autoriser � accepter des largesses �lectorales aussi incorrigibles au regard de l��pisode historique tragique qui en a favoris� la mouvement�e �closion. Deux exemples particuli�rement �difiants : la wilaya de Relizane dont la moyenne des taux de participation aux �lections l�gislatives de 1991, 2002 et 2007 �tait de 46,40% (il s�agit pourtant d�une moyenne de chiffres officiels) a atteint le taux de participation record de 82,33% en 1997. Idem pour la wilaya de Tissemsilt qui aurait �vot� � hauteur de 83,12%, alors que son taux de participation officiel moyen aux autres consultations �lectorales l�gislatives de 1991, 2002 et 2007 n��tait que de 50,31%. Ce qui fait encore le plus mal dans l��vocation du cas de ces deux wilayas, c�est que ces espaces �taient infest�s � l��poque par l�hydre terroriste ! Mais le plus affligeant dans cette �lection tragi-burlesque des l�gislatives de 1997, reste incontestablement la fa�on dont les observateurs des pays fr�res et amis charg�s du contr�le de la r�gularit� de ce scrutin ont rendu compte de sa �transparence� exemplaire : �Tous les fr�res arabes sont fiers que l�Alg�rie ait pu r�aliser le passage vers le multipartisme. � Et de conclure p�remptoirement : �Nous n�avons observ� aucune irr�gularit� dans les op�rations de vote et de d�pouillement. � La �victoire� �lectorale de 1997 du RND (aux locales et aux l�gislatives) fut effectivement une victoire � la Pyrrhus, ruineuse, que le parti faillit payer tr�s cher d�s le retour en force programm� aux l�gislatives de 2002 du grand fr�re siamois (le FLN), r�habilitation qui le rel�guera daredare et sans m�nagement au rang humiliant de troisi�me force politique� apr�s le HMS. Ouyahia, le Phyrrus redevenu par la force des choses subitement soldat d�fendant les derniers retranchements de ses territoires �lectoraux d�hier, subitement r�duits � une peau de chagrin, crie � son tour au loup. Il conna�t parfaitement la for�t et ses pi�ges. Pour la premi�re fois, il parle de fraude, dont la partition serait � selon ses accusations v�h�mentes d�alors � mise en musique par les chefs de da�ra et les walis sous la baguette magique du ministre de l�Int�rieur qui eut � subir momentan�ment les foudres de l�enfant g�t� du syst�me. Aujourd�hui, le premier est Premier ministre et le second vice-Premier ministre.
M. K.
(1) JORADP n�40 du 11 juin 1997, p. 3, proclamation du Conseil constitutionnel relative aux r�sultats de l��lection de l�APN.
(2) JORADP n�01 du 04 janvier 1992, p. 2, proclamation du Conseil constitutionnel des r�sultats officiels des �lections l�gislatives du 26 d�cembre 1991 (premier tour).
2005
LE R�F�RENDUM DU 29 SEPTEMBRE 2005 SUR LA CHARTE POUR LA PAIX ET LA R�CONCILIATION NATIONALE
Le retour mal�fique des taux de participation de 100%
Les r�f�rendums en Alg�rie semblent avoir cette caract�ristique d��tre particuli�rement pris�s par les faiseurs de chiffres �lectoraux des laboratoires du pouvoir. C�est pour cette raison que la f�te est toujours totale � l�occasion de chaque r�f�rendum pour les laborantins de ces cercles de d�cision occultes, qui ne manquent certainement pas de s�en donner � c�ur joie en ces occasions.
Les choses sont bien �videmment plus simples que dans les configurations particuli�rement complexes des �lections l�gislatives ou locales, dont les r�sultats ont toujours soulev� les passions des foules, y compris du temps du parti unique avec les inextricables luttes entre tribus sourcilleuses � en mourir de tout ce qui touche � l�honneur de la repr�sentation publique de la tribu, qui se devait d��tre port�e � bras-le-corps quand ce n�est pas au bout du khchem. Le plus souvent d�ailleurs, fusils en joue. Dans le cas des r�f�rendums, il suffisait en effet de d�terminer un taux de participation �politiquement correct� (en g�n�ral plus ou moins 80%) puis le taux de �oui� (celui qui d�passe 95% recueille en g�n�ral les faveurs des d�cideurs) et l�op�ration de r�partition des quotas de chaque wilaya pouvait commencer. En s�rie� Pourtant, l�op�ration de traitement des chiffres des r�f�rendums, nous avertit le Journal officiel, devrait faire l�objet d�un peu plus de retenue et de pudeur. En effet, le Journal officiel, qui a l��ge exact de l�Alg�rie(1), jour pour jour, ouvrit son premier num�ro un certain 6 juillet 1962 par la publication des r�sultats de la r�ponse franche et massive que les Alg�riens donn�rent alors � la question qui leur avait �t� pos�e par la puissance coloniale �Voulez-vous que l�Alg�rie devienne un Etat ind�pendant coop�rant avec la France dans les conditions d�finies par les d�clarations du 19 mars 1962 ?� Le taux de participation �tait ce jour-l� de 91,87%, le taux d�abstention s��levait � 9,13% et les r�sultats laiss�rent m�me transpara�tre le chiffre de 25 565 Alg�riens qui vot�rent� contre l�ind�pendance de leur propre pays. Dans un pays comme l�Alg�rie qui conna�t le prix r�el de la libert�, le taux de participation � ce r�f�rendum ayant rendu la libert� aux Alg�riens devrait �tre prot�g� comme la prunelle des yeux des 37 millions d�Alg�riens. Et c�est � la Constitution de l��riger comme Kassamen en chiffre inviolable et pour l��ternit�, avec ses deux chiffres apr�s la virgule ! Il devrait devenir inali�nable, imprescriptible et incessible pour le bas et vil commerce �lectoral, exactement comme la terre arros�e du sang du million et demi de braves qui en ont permis la lib�ration et des dizaines de milliers qui en ont maintenu le cap r�publicain aux temps des vents contraires de l�histoire, particuli�rement dramatiques. A partir de l�, toutes les s�ries statistiques �lectorales se rapportant aux taux de participation qui s�autoriseront la libert� de d�passer ce seuil moral, patriotique, historique et qui auront l�outrecuidance et la suffisante verticalit� d�afficher publiquement ces chiffres doivent �tre disqualifi�es et leurs auteurs jug�s pour� haute trahison ! Que dire alors des diff�rents r�f�rendums organis�s par l�Alg�rie depuis l�ind�pendance dont les chiffres sont tout simplement invraisemblables, dict�s par une parano�a qui n�a d��gal que le d�ficit en l�gitimit� de ceux qui y ont eu recours avec une insatiabilit� sans rep�res moraux et politiques d�cents. Le dernier de ces r�f�rendums en date peut �tre cit� : c�est celui qui a permis de �faire adopter par le peuple alg�rien� la Charte pour la paix et la r�conciliation nationale. Plus de la moiti� des wilayas aurait r�alis� des scores de participation sup�rieurs au taux de participation des Alg�riens au r�f�rendum d�autod�termination de 1962. Khenchela et Adrar se sont particuli�rement distingu�es en laissant libre cours au z�le sans chiffre apr�s la virgule de leurs walis, v�ritables �radicateurs de l�esprit civique de leurs citoyens : ces deux wilayas exposent des taux de participation se rapprochant de 99% ! M�me Blida, dont nous avons calcul� par curiosit� la moyenne de participation � toutes les �lections depuis l�ouverture politique de 1989 (51,05% ), se permet d�afficher un taux de 98,34% ! Mais l� encore, les taux de participation les plus d�mentiels resteront � jamais et pour l�histoire les taux de 100% mis sur le compte de pr�s d�une dizaine de communes des wilayas de Laghouat, Batna, Tamanrasset, Sidi-Bel-Abb�s, El Bayadh et El-Tarf. Dans la commune la plus peupl�e, pour ne citer qu�elle, celle de Tadjemout, dans la wilaya de Laghouat, ce sont les 5 620 inscrits qui ont tous vot� pour la r�conciliation nationale. Chadli a fait des �mules� depuis 1979, mais cette fois-ci, c�est dans les contreforts du Djebel Amour et non � l��tranger !
M. K.
(1) Le JORADP aura le 6 juillet prochain un demi-si�cle
2007
LA SALUTAIRE R�PONSE DU CORPS �LECTORAL
Contre fraude massive, abstention massive
Une alliance pr�sidentielle conservant la majorit� avec seulement 13% de voix, un FLN arriv� en t�te avec seulement 8% des voix mais disposant de la coquette gerbe de 136 d�put�s � l�APN loin devant le RND et pr�s de 80% de citoyens (65% d�abstentionnistes et pr�s de 15% de bulletins nuls) qui ont refus� d�offrir leurs voix aux �bourreurs d�urnes� et aux fossoyeurs de P-V, tels sont les r�sultats de la derni�re �lection l�gislative, que tous les acteurs politiques ont analys�e comme un scrutin ayant d�livr� un grave message � dimension historique sur le processus �lectoral en Alg�rie pour qui veut le d�coder. Le seul qui y a vu une �preuve de maturit� du peuple alg�rien et de son attachement au processus d�mocratique� est l�in�narrable Zerhouni, ministre charg� de l�organisation du scrutin. Pour tous les autres, � l�instar du chroniqueur du Quotidien d�Oran Kamel Daoud(1), l�inqui�tude est grande, angoissante m�me : �Des millions d�Alg�riens assis dans un endroit hors champ, hors couverture, sourds, muets et non convertibles aux enthousiasmes. Le probl�me est qu�ils n�ont ni parti, ni acte, ni geste, ni poids, ni avenir.� Pass� le constat momentan�ment amer, le m�me Kamel Daoud conclut sur la signification profonde des r�sultats de l�impasse politique historique majeure que donnent � lire les r�sultats de l��lection l�gislative de mai 2007 : �L�avenir sera donc fait de ce qui a fait l�actualit� des �meutes (�) : une majorit� sans issue face � une minorit� sans interlocuteurs. C�est-�-dire un Etat qui n�accouche que de lui-m�me, m�me lorsqu�on le croise avec la d�mocratie et un peuple qui ne reproduit que des chiffres, m�me lorsqu�il refuse de voter� Faut-il se r�jouir d�un syst�me de plus en plus mal �lu ? Oui. Un peu. Cela ouvre l�espoir d�un changement par l�isolement. Faut-il se r�jouir du spectacle d�un peuple qui ne vote pas ? Non. Un peu. Cela n�annonce pas des jours meilleurs. Cela prouve qu�on peut d�peupler un pays, sans d�placer les populations.� Le mot est l�ch� : trop de fraude conduit � trop d�abstention et trop de fraude et d�abstention conduisent � d�sertifier le pays.
M. K.
(1) Kamel Daoud, Chronique Raina Raikoum, Le Quotidien d�Oran, 19 mai 2007.
2012
L�GISLATIVES
La fin annonc�e de la fraude �lectorale ?
En reconnaissant officiellement et publiquement � l�occasion de l�ouverture de l�ann�e judiciaire 2012 que �l�Alg�rie avait eu par le pass� des �lections � la Naegelen�, le premier magistrat du pays semble avoir pris la pleine mesure du danger moral, �thique, historique et politique pour l�Alg�rie de continuer � produire et surtout � exhiber ostentatoirement et publiquement des chiffres aussi hideux que ceux que nous avons mis en �vidence dans le pr�sent dossier.
Nos voisins marocains et tunisiens avec lesquels nous partageons la presqu��le du Maghreb et qui ont assidument fr�quent� comme nous les nombreuses �coles �Naegelen � �rig�es au lendemain de nos ind�pendances respectives viennent de prendre les chemins de la r�demption historique en passant la certification ISO en mati�re d�organisations d��lections honn�tes, m�me si elles ne sont pas encore tout � fait propres. L�Alg�rie est attendue par tous au tournant d�histoire de son demisi�cle d�ind�pendance. Les injonctions de l�histoire sont de plus en plus lourdes et pressantes. Saura-t-elle n�gocier ce vertical virage historique ? Elle en a les moyens. La m�moire aussi. Les exemples � suivre sont l�gion, heureusement. En quittant le perchoir de l�Assembl�e nationale � l�issue d�une spectaculaire et inattendue d�mission, le pr�sident Ferhat Abbas �crivait au lendemain de l�ind�pendance dans sa lettre de d�mission le testament suivant : �Je refuse � l�avenir de si�ger dans une Assembl�e d�sign�e par le gouvernement et je n�y reviendrai que si le peuple a le droit de choisir ses d�put�s�� Cinquante ans apr�s, aucun d�put� n�a encore le courage de faire un geste aussi auguste, citoyen tout simplement r�ellement respectueux de la l�gende de son peuple. Ils savent pourtant tous lever la main pour approuver massivement et un sourire au coin des l�vres pour s�exhiber face � la cam�ra de �l�Unique� tout ce qui leur tombe du ciel� Le peuple alg�rien, ou ce qui en reste apr�s la prochaine r�vision exceptionnelle des listes �lectorales, choisira-t-il vraiment ses d�put�s en mai prochain en toute libert� ? Pour la premi�re fois peut-�tre depuis l�ind�pendance, la r�ponse � cette question est pr�matur�e. Et m�me s�il le fait, ce sera pour probablement �voter silencieusement� dans le secret de son urne intime, puisque �celle qui lui sera exhib�e cette ann�e � la sortie de l�isoloir sera r�ellement transparente�� Apr�s l��re des urnes opaques aux r�sultats transparents connus � l�avance, serions-nous pass�s aux urnes transparentes aux r�sultats opaques ! R�ponse au d�but du printemps.
R. N.
Les politiques et la fraude
�� Nous n�avons pas besoin de faire campagne, nous remporterons le match.� Abdelaziz Belkhadem (campagne �lectorale l�gislatives mai 2007)
�Si fraude il y a, ce sera la faute des partis.� Zerhouni, 16 mai 2007
�Le bourrage des urnes est la source de tous les maux qui rongent le pays.� Dr Sa�d Sadi, 16 mai 2007
�La fraude est une constante dans la culture politique alg�rienne depuis l�ind�pendance.� Abdelaziz Rahabi, ancien ministre, Libert�8 avril 2004
Les journalistes et la fraude
�Ce chiffre magique de 83,49% qui est la marque de fabrique de la fraude.� Boubekeur Hamidechi, le Matin, 11 avril 2004.
�On ne le r�p�tera jamais assez : toute construction d�mocratique passe techniquement par l�initiation concomitante et n�cessaire d�un processus �lectoral r�gulier et transparent.� Ammar Belhimeur, le Soir d�Alg�rie, 8 mars 2005.


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