Famille recompos�e. Un v�ritable ph�nom�ne de soci�t� jadis r�serv� aux pays occidentaux. On n�en entendait parler que dans les s�ries t�l� comme Fais pas ci, fais pas �a, Notre belle famille, Deuxi�me chance, etc. Autres temps, autres m�urs. Aujourd�hui, sans crier gare, ce nouveau mod�le de famille a �galement d�barqu� en Alg�rie, notamment dans les grandes villes. L�envol�e des divorces a port� l�estocade au sch�ma traditionnel familial. Fonder un foyer avec un conjoint ou conjointe qui a d�j� des enfants d�une pr�c�dente union n�est plus un tabou. Cependant, reconstruire un foyer heureux avec les ch�rubins de l�autre n�est pas toujours une mince affaire. Parfois le chemin pourrait �tre sem� d�emb�ches. Il va falloir g�rer les petits couacs de la vie quotidienne, r�gler les m�sententes entre demi-fr�res et demi-s�urs en essayant d��tre aussi juste que possible. Comment faire cohabiter toute cette nouvelle tribu sous le m�me toit�? Comment vivre en bonne intelligence en dehors des liens de sang d�autant qu�il va falloir d�sormais partager un papa, une maman des fr�res et/ou des s�urs�? M�nager les susceptibilit�s des uns et des autres s�av�re souvent �tre une t�che d�licate. �La situation s�est envenim�e lorsqu�un jour, suite � une discussion enflamm�e avec son p�re � ce sujet, il a d� quitter la maison apr�s avoir re�u une gifle en ma pr�sence� Comment se donner une seconde chance d��tre heureux dans sa famille, m�me si celle-ci ressemble � un puzzle � reconstituer ? Donnons la parole � celles et ceux qui ont v�cu cette exp�rience. Family mix, Mohamed, 39 ans, veuf, quatre enfants En 2001, Mohamed perdait son �pouse dans les inondations de Bab-El-Oued. Il avait alors 39 ans. Du jour au lendemain, il se retrouve seul avec, sur les bras, quatre enfants, tous en bas �ge. Une fois son chagrin att�nu�, il lui fallait trouver une solution. Donner une maman de substitution � ses enfants ballott�s de parents en parents. Le destin a mis son petit grain de sel dans la vie de Mohamed. Trois ans apr�s le drame, il rencontre une jeune femme, divorc�e et m�re de deux enfants. �J�ai beaucoup h�sit� avant de la demander en mariage. D�abord, mon statut de veuf flanqu� de quatre m�mes n��tait pas attrayant, et puis, je m�inqui�tais de la r�action de ma famille, assez conservatrice. Se remarier avec une femme divorc�e, de surcro�t deux fois maman, allait �tre une premi�re dans ma famille. Bref, j�ai fini par faire le premier pas, et � ma grande surprise, ma pr�tendante accepta g�n�reusement de devenir la belle-m�re de ma smala, et moi, le beau-p�re de la sienne. Je suis ainsi devenu le chef de famille d�une grande tribu. Beaucoup de chaleur humaine s�est vite r�pandue dans ce nouveau foyer, certes, mais il y avait aussi pas mal de tiraillements de part et d�autre. Mon �pouse me reproche d��tre parfois plus s�v�re avec ses enfants qu�avec les miens. Un jour, elle m�a carr�ment fait une sc�ne parce que j�avais r�primand� et priv� de dessert sa fille pour la punir d�avoir arrach� les pages de mon encyclop�die m�dicale. Lorsque je sors les enfants et qu�elle n�est pas avec nous, elle pousse le bouchon jusqu�� savoir si ses enfants ont eu droit, de la m�me mani�re que les miens, � leur tour de man�ge et � leur barbe � papa. Elle est constamment sur le qui-vive. Je tente de la rassurer en lui jurant que j�aime nos six enfants de la m�me fa�on, mais elle demeure m�fiante. C�est peut-�tre l�instinct maternel ?� T�es pas ma m�re ! Nadia, 29 ans divorc�e, m�re de deux enfants �T�es pas ma m�re !� Quelle mar�tre n�a pas entendu cette phrase de la bouche des enfants de son conjoint ? Apr�s un divorce houleux, Nadia a refait sa vie il y a juste un an avec Ahmed, s�par� lui aussi de sa femme et p�re de deux adolescents. Ses deux petits, dont il a la garde, sont loin d��tre des anges. D�stabilis�s depuis leur nouvelle vie, ils lui donnent du fil � retordre. �Sans doute, n�ont-ils pas accept� qu�une autre femme prenne la place de leur maman�, con�oit Nadia. Nos rapports sont tendus depuis le d�but. Ils refusent de manger mes plats, jettent leurs affaires partout et accaparent constamment leur papa, m�me pour des broutilles. �Se remarier avec une femme divorc�e, de surcro�t deux fois maman, allait �tre une premi�re dans ma famille. J�ai fini par faire le premier pas, et, ma grande surprise, ma pr�tendante accepta de devenir la belle-m�re de ma smala, et moi, le beau-p�re de la sienne� A la moindre remarque, ils me lancent � la figure : �T�es pas notre m�re !� L�ambiance � la maison est � couper au couteau. J�essaye d��tre patiente et de prendre sur moi. Mon nouvel �poux, au demeurant tr�s compr�hensif et attentionn�, me r�conforte en m�assurant que �a va s�arranger avec le temps. Nous pr�voyons m�me d�avoir un b�b�. L�on pense que l�enfant qui viendra fera office de ciment dans notre famille recompos�e.� L��quilibre retrouv� ! Fay�al, 50 ans divorc�, p�re d�une fille Divorc� et p�re d�une adolescente de 14 ans, Fay�al pensait que le bonheur le boudait pour toujours. Ag� de 50 ans il en est arriv� � d�sesp�rer. Mais la chance a fini par lui sourire en mettant sur son chemin une charmante jeune femme, elle-m�me divorc�e et m�re d�une fille du m�me �ge que la sienne. �Le courant est vite pass� entre nous�, nous raconte Fay�al. Nos filles se sont tr�s bien entendues d�s le premier contact. Toutes deux enfants uniques, elles sont devenues demi-s�urs. Du coup, c�est comme si nous avions des jumelles � la maison. En plus, et comme par le heureux des hasards, physiquement, elles se ressemblent beaucoup. Comme de v�ritables frangines. Inscrites dans le m�me coll�ge, elles savourent ensemble leur nouvelle vie. Depuis que ma fille a une s�ur, elle est plus gaie, plus sociable et, surtout, elle a de meilleurs r�sultats scolaires. Seul b�mol, notamment au d�but de cette nouvelle vie, mon ex-�pouse qui jouait parfois les trouble-f�te� Mais bon, avec l�intelligence, l�habilet� et la compr�hension de ma nouvelle compagne, on arrive toujours � arrondir les angles. Il faut dire aussi, que le nouveau visage d�enfant �panouie que montre notre fille est pour beaucoup dans l�am�lioration de notre relation avec sa m�re biologique, aujourd�hui, amplement rassur�e. En tout cas, en ce qui me concerne, j�ai gagn� une �pouse et une deuxi�me fille. Un merveilleux cadeau de la vie !� M�me si parfois elles traversent des zones de turbulences, les familles recompos�es peuvent �tre aussi une ind�niable source de richesse. Elles apportent chaleur et amour dans des foyers bris�s et permettent la cr�ation de nouvelles fratries, parfois m�me plus solides que les liens de sang. Samira, 30 ans, divorc�e, m�re d�une fille de 18 mois Quand Samira a accept� d��pouser Farid, 20 ans son a�n�, divorc�, p�re de trois grands gar�ons, elle savait que cela n�allait pas �tre de la tarte. �Avec son a�n�, qui avait 23 ans, le courant passait tr�s bien. C��tait un jeune homme pacifique, respectueux qui aimait beaucoup ma fille. Le benjamin faisait pas beaucoup de vagues, mais piquait parfois des crises quand son p�re l�obligeait � faire sortir Lydia jouer dans la cour de la cit�. Mais les gros probl�mes je les ai v�cus avec le cadet qui ne m�a jamais accept�e. Il ne m�a jamais adress� la parole et m��vitait. Son p�re ne supportait pas cette atmosph�re tenue. Son fils refusait m�me de se mettre � table en ma pr�sence. La situation s�est envenim�e lorsqu�un jour, apr�s une discussion enflamm�e avec son p�re � ce sujet, il a d� quitter la maison apr�s avoir re�u une gifle en ma pr�sence. Un geste qu�il ne lui a pas pardonn� pendant plusieurs ann�es, depuis, nos relations ne cessaient de se d�t�riorer. Apr�s la naissance de notre fils, je pensais que cela allait arranger les choses ; bien au contraire, la vie devenait intenable. Un jour, exc�d�e, j�ai claqu� la porte, en demandant le divorce. Apr�s cette mauvaise exp�rience, j�ai jur� de ne plus jamais me remettre en couple. Aujourd'hui ma fille a 14 ans, mon fils 11, nous vivons ensemble, dans un logement que le p�re de Lydia a bien voulu nous pr�ter, je travaille, et Dieu merci, nous coulons des jours heureux. Mon fis voit son p�re, et re�oit � la maison son fr�re (le benjamin) � l�occasion de ses anniversaires. Les sentiments du cadet n�ont jamais chang� � mon �gard ; n�anmoins, il est content de recevoir son petit fr�re chez lui.�