De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Moins d�arrogance et moins de paternalisme, c�est en tout cas ce qu�esp�rent les Alg�riens avec l�arriv�e de Hollande � la t�te de l�Etat fran�ais. Plus de consid�ration aussi pour la communaut� alg�rienne en France, la plus forte num�riquement et la plus ancienne. Quant aux autorit�s alg�riennes, elles vont �tre maintenant en attente de la mise en �uvre de �relations privil�gi�es� comme l�ont d�clar� les t�nors du PS (y compris Fran�ois Hollande) lors de leurs derni�res visites � Alger. Le pr�sident Abdelaziz Bouteflika n�a pas attendu pour f�liciter le nouveau pr�sident fran�ais. Rien de bien anormal, sauf dans la rapidit� du message envoy� d�s la publication des r�sultats. Il est vrai que l��chec de Sarkozy n�a pas d� d�plaire aux autorit�s alg�riennes. Les relations bilat�rales, d�j� historiquement empoisonn�es par le passif colonial que la France n�a jamais voulu clairement assumer et par de nombreux autres dossiers litigieux, se sont encore d�t�rior�es au cours du mandat Sarkozy, notamment dans sa deuxi�me moiti� d�exercice. Alger, qui n�a jamais eu de scrupules � soutenir un pr�sident de droite, Chirac puis Sarkozy, ne pouvait continuer dans sa lanc�e : la loi de f�vrier 2005 sur les bienfaits de la colonisation, d�une part, et l�enterrement, en d�cembre 2007 (apr�s l�arriv�e de Sarkozy aux commandes) du trait� d�amiti� initi� par Chirac, d�autre part, ont consid�rablement alourdi, pour ne pas dire empoisonn� le climat entre les deux pays. Il n�en fallait pas plus et pourtant Nicolas Sarkozy a contribu� � pourrir davantage les relations et ce, malgr� le profit en terme �conomique, que tirait et tire encore la France de la manne financi�re alg�rienne et de ses projets. Pas de reconnaissance des crimes commis en Alg�rie et surtout pas de repentance de la France ont �t� les r�ponses du pr�sident Sarkozy aux demandes des Alg�riens. Et comme s�il fallait en rajouter encore au m�pris de l�histoire entre les deux pays, Sarkozy a tent�, sans r�sultat il est vrai, de revenir sur l�accord bilat�ral de 1968 et d�appliquer aux Alg�riens les fameux accords bilat�raux de flux migratoire concert�s. Il a enfin pouss� l�outrecuidance jusqu�� qualifier le pouvoir alg�rien de quasi menteur dans l�affaire de l�assassinat des moines de Tibhirine. Des relations conflictuelles pour ne pas dire tr�s mauvaises et que le nouveau locataire compte bien changer, mais dans quel sens ? Il serait illusoire de penser que tout d�un coup la relation franco-alg�rienne va conna�tre l�embellie. Hollande va avoir un lourd passif � r�gler avec l�Alg�rie, mais d�ores et d�j� il a indiqu� sa volont� d�assainir ces relations et de �gommer les malentendus�. Certains gestes ne trompent pas comme celui effectu� pour la premi�re fois le 17 octobre dernier par Fran�ois Hollande qui s��tait rendu sur le pont de Clichy pour rendre hommage aux Alg�riens massacr�s le 17 octobre 1961. �Il faut que la v�rit� soit dite. Sans repentance, ni mise en accusation particuli�re. Reconna�tre ce qui s�est produit. Aujourd�hui, je le fais en tant que socialiste. Ensuite, ce sera sans doute � la R�publique de le faire.� Pas de repentance mais clairement la volont� de dire ce qu�a �t� le r�gime colonial. A propos toujours de cette guerre coloniale, dans une tribune publi�e le 19 mars dernier concomitamment par le Monde et El Watan, le d�sormais pr�sident fran�ais y d�clarait : �La France et l�Alg�rie ont un travail en commun � mener sur le pass� pour en finir avec la guerre des m�moires.� Fran�ois Hollande appelle donc de ses v�ux une relation franco-alg�rienne plus apais�e, une nouvelle �re de coop�ration. C�est le message qu�il a fait porter par ses envoy�s en Alg�rie � Beno�t Hamon, porte-parole du PS, Elisabeth Guigou, ancienne ministre PS, Khiari Bariza, vice-pr�sidente du S�nat, et Pouria Amirshahi, secr�taire national du PS, qui se sont rendus en Alg�rie la semaine derni�re. �Nous avons envie que cette relation se noue et que la page de la diplomatie parall�le de M. Gu�ant et de M. Sarkozy soit tourn�e d�finitivement �, a notamment d�clar� � Alger Beno�t Hamon. Les Alg�riens le veulent aussi, assur�ment. Il faudra du temps, et ne pas, du c�t� alg�rien, consid�rer que les relations entre les deux pays vont tout d�un coup se transformer radicalement.