De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed La gauche sort en position de force au 1er tour, l�UMP limite la casse, le FN confirmera certainement son entr�e, m�me timide, dans l�h�micycle, M�lenchon perd face � Marine Le Pen mais son mouvement � le Front de gauche � s�en sort convenablement et le centre quasi �limin� entra�nera peut-�tre la fin du devenir politique de son leader. L�abstention record, pr�s de 43%, soit le plus fort taux aux l�gislatives dans cette 5e R�publique, est un des enseignements de ce premier tour des l�gislatives. Les Fran�ais qui ont eu � subir une tr�s longue campagne pr�sidentielle et la platitude de celle des l�gislatives ont boud� les urnes pour plus de 4 �lecteurs sur 10. Chaque parti concourant au 2e tour va naturellement miser sur plus de mobilisation et l�, � droite comme � gauche, tous les espoirs sont permis. Mais au-del�, la conclusion qui s�impose et l�enseignement capital est que les Fran�ais confirment ce qu�ils ont d�j� exprim� lors de la consultation pr�sidentielle : leur d�sir de changement. Les Fran�ais confirment leur d�sir de changement Comme attendu et peut-�tre plus encore qu�attendu, la gauche remporte ce premier tour des l�gislatives fran�aises. La gauche (Parti socialiste, Front de gauche ; Divers gauche et Europe Ecologie les Verts ) obtient 46,77% des suffrages exprim�s, la droite (UMP et Nouveau centre) 34,07%, le FN 13,6% et le Modem 1,5%. Fran�ois Hollande pourra donc, en toute logique et sauf incident majeur, gouverner avec une majorit� au soir du 2e tour (le 17 juin). Sa hantise d�une cohabitation qui l�aurait emp�ch� de faire passer son programme est d�finitivement �cart�e. Les projections faites en nombre de si�ges au regard du 1er tour donnent une confortable majorit� � gauche. Sur un total de 577 d�put�s que doit compter l�Assembl�e nationale, 293 � 323 si�ges pourraient revenir � la gauche constitu�e du PS, du Parti radical de gauche et de Divers gauche ; 13 � 18 pour le Front de gauche qui s�installe malgr� l��chec de son leader face � Marine Le Pen dans le paysage politique et pourrait bien avoir un groupe parlementaire ; 15 � 20 d�put�s pour Europe Ecologie les Verts et 0,2 si�ges pour le Modem. Quant � la droite (UMP et Nouveau centre), il devrait avoir entre 218 et 248 si�ges. Pour constituer un groupe parlementaire, il faudrait que les formations politiques concourant puissent r�unir chacune 15 d�put�s. Le PS est en passe d��tre majoritaire � l�Assembl�e nationale sans ses alli�s. Dimanche soir, il a eu le triomphe modeste appelant les abstentionnistes � se mobiliser davantage encore dimanche prochain car, explique le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, �tout se jouera dimanche prochain� et sans majorit� large, solide et coh�rente, aucune loi ne pourra �tre vot�e�. Hollande ne sera pas entrav� par la droite Si la satisfaction � gauche s�est voulue �tre tr�s contenue pour continuer � mobiliser, l�UMP, qui aurait tant voulu avoir suffisamment de voix pour une cohabitation et emp�cher ainsi le PS de l�gif�rer sur ses projets et qui devrait se retrouver dans l�opposition au soir du 17 juin, consid�rait � l�issue du 1er tour �que les jeux ne sont pas si faits que cela (Jean-Fran�ois Cop�) ou encore, pour Fran�ois Fillon �il n�y a pas de vague rose et l�abstention forte ne montre pas un gros app�tit pour la gauche�. Jean-Luc M�lenchon, qui tr�s courageusement a d�cid� de confronter son ennemie, la pr�sidente du FN, a perdu la partie mais pour le le Front de gauche, dont le r�sultat est loin d��tre n�gligeable, tout le travail pour cette formation est de mobiliser pour pouvoir atteindre un groupe parlementaire dans lequel beaucoup de communistes pourraient figurer. Le centre et son leader en d�confiture Au centre, le Modem de Fran�ois Bayrou est en pente descendante pour ne pas dire en d�confiture. Y compris dans ses terres, Bayrou se retrouve en ballottage tr�s d�favorable et n�a pas pu inverser ses r�sultats de la pr�sidentielle. Bayrou n�est pas s�r, � moins d�un arrangement avec le PS qui le devance ou avec un d�sistement de la droite qui le pr�c�de dans le classement, il risque, apr�s 26 ans de d�putation, de perdre et de voir la fin de son long parcours politique et seul un de ses d�put�s sortant pourrait sauver la face au 2e tour. Quant au Front national, m�me si son score, 13,6 %, est plus faible que celui acquis � la pr�sidentielle, pr�s de 18%, sa pr�sidente arrive en premier devant le PS et devant M�lenchon dans le Nord-Pas-de- Calais et quatre autres de ses candidats (dont son compagnon et sa ni�ce) se maintiennent au second tour. Au-del�, et c�est tr�s important pour le 2e tour, les candidats FN devraient �tre en mesure de se maintenir dans une soixantaine de circonscriptions : 29 dans des duels dont 20 face � la gauche et 9 face � la droite et 32 dans des triangulaires. Quelles strat�gies face au FN ? Si dans tous les cas de figure, la gauche s�est par principe et depuis longtemps positionn�e sur des alliances r�publicaines et un d�sistement s�il le faut dans certaines circonscriptions, y compris au profit des candidats UMP si l�enjeu est de faire perdre le FN, � droite, les positions ne sont pas aussi claires. Fran�ois Cop�, interrog� dimanche sur ce que fera sa formation dans les cas de duels gauche-FN, a bott� en touche en renvoyant au bureau politique qui devait se tenir lundi apr�s-midi. Certains anciens ministres, tels que Claude Gu�ant, ont r�pondu qu�il n�y aura ni appel � voter � gauche ni un autre � voter FN. Pour Fran�ois Fillon, chaque cas sera examin� � part et des d�cisions seront alors prises. Mais nul n�est dupe : d�s dimanche soir, des candidats UMP comme Nadine Morano, par exemple, devanc�e dans sa circonscription, a lanc� lourdement sur les cha�nes t�l�visuelles un appel aux �lecteurs du FN �qui partagent (ses) valeurs et ne veulent pas du vote pour les �trangers�. D�s dimanche soir aussi, la pr�sidente du FN, dans toutes ses d�clarations, attaquait non plus l�UMPS (entendez l�UMP et le PS) ces socialistes et bolchevik qui veulent renvoyer la France au stalinisme. Mais la messe n�est pas encore dite. K. B.-A. Les ministres d�j� �lus au 1er tour Pour rappel, les ministres qui se sont pr�sent�s au suffrage perdraient leur poste, avait d�cid� Fran�ois Hollande, s�ils n��taient pas �lus. Ceux dont les noms suivent ont jou� leur poste et ont gagn� d�s le 1er tour. Les vainqueurs vont laisser leur place � l�Assembl�e � leur suppl�ant. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, 56,21% Laurent Fabius, ministre des Affaires �trang�res, 52,21% Delphine Batho, ministre d�l�gu�e � la Justice, 53,18% Bernard Caseneuve, ministre d�l�gu� aux Affaires europ�ennes, 55,39% Fr�d�ric Cuvillier, ministre d�l�gu� aux Transports, 50,66% Victorien Lurel, ministre des Outre-mer, 67,23%