Les Français ont commencé à voter dimanche matin pour choisir leurs 577 députés, un scrutin dont l'enjeu est de donner ou refuser à la gauche une majorité à l'Assemblée nationale, après l'élection de François Hollande à la présidence de la République il y a cinq semaines. Les bureaux de vote de métropole ont ouvert à 08H00 pour ce premier tour des élections législatives auquel sont appelés 46 millions d'électeurs pour départager 6.603 candidats, dont 40% de femmes. Ils devaient fermer à 18H00 dans la plupart des communes, et 19H00 ou 20H00 dans les grandes villes. Le second tour aura lieu le 17 juin. La participation constitue un enjeu essentiel: 60% seulement des électeurs pourraient se déplacer, indiquent les enquêtes d'opinion. Ils avaient été autour de 80% à voter à la présidentielle. Dans la partie de l'outre-mer qui a voté dès samedi en raison du décalage horaire, et où la participation est toujours plus faible qu'en métropole, les électeurs ont été très peu nombreux à se déplacer : 30% en Guyane, 33,1% en Martinique, entre 30% et 42% selon les circonscriptions en Guadeloupe. Or pour se maintenir au second tour, les candidats doivent obtenir les suffrages d'au moins 12,5% des inscrits, ce qui peut donner lieu à des triangulaires, voire des quadrangulaires. Si l'abstention est élevée, le nombre de triangulaires, fatales pour les candidats de droite, sera réduit. Le PS et ses alliés espèrent réunir la majorité absolue des sièges qui est de 289 sur 577. Mais l'un des enjeux consiste à savoir si le PS atteindra seul cette majorité absolue ou s'il aura besoin d'un appoint de voix à l'Assemblée, en particulier celles d'Europe Ecologie-Les Verts et du Front de gauche, alors que sur le terrain de nombreux dissidents brouillent les cartes. François Hollande a demandé aux électeurs "une majorité large, solide et cohérente". "Je ne parviendrai à conduire le changement, celui que les Français m'ont demandé de mettre en œuvre, que si je dispose d'une majorité à l'Assemblée nationale", a-t-il souligné. La droite espère faire barrage à la gauche. "Les jeux ne sont pas encore faits", n'a cessé de lancer le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé. La présidente du Front national Marine Le Pen a appelé ses électeurs de la présidentielle où elle était arrivée troisième à voter massivement aux législatives: le maintien des candidats de son parti au second tour "dépend de la participation", a-t-elle rappelé. Particularité du scrutin cette année, 336 circonscriptions sur 577 ont été redécoupées. Il s'agissait de tenir compte des évolutions démographiques tout en créant onze circonscriptions pour les Français de l'étranger. Autre nouveauté, le vote par internet a été rendu possible pour ces Français de l'étranger. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et 24 de ses ministres sont candidats. Si la plupart devraient être élus sans problèmes, la tâche pourrait être délicate pour Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, dans l'ex-circonscription de François Fillon, la 4e de la Sarthe. Les ministres qui auront échoué ne pourront pas rester dans le gouvernement Ayrault. Parmi les circonscriptions qui vont focaliser l'attention, la 11e du Pas-de-Calais est le théâtre de l'affrontement entre deux candidats à la présidentielle, le porte-parole du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Le PS y présente aussi un candidat. Dans la 2e du Gard, l'avocat marseillais Gilbert Collard, soutien de Mme Le Pen, pourrait être élu. Le résultat du scrutin sera vital pour le président du MoDem François Bayrou, en mauvaise posture dans son fief de la 2e des Pyrénées-Atlantiques. A l'UMP, la situation est délicate dans la 4e de l'Essonne pour Nathalie Kosciusko-Morizet, ancienne ministre et porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, et pour Xavier Bertrand, fragilisé dans la 2e de l'Aisne. Pour entrer à l'Assemblée nationale dont elle vise la présidence, Ségolène Royal devra battre dans la 1ère de Charente-Maritime un ex-socialiste du cru. L'ex-Premier ministre François Fillon a quitté la Sarthe pour Paris, où il sera élu sans problème dans la 2e. Le résultat des législatives aura des conséquences directes sur les finances des partis politiques: ils toucheront 1,68 euro pour chaque voix obtenue si ils réalisent plus de 1% des suffrages dans 50 départements au premier tour. L'autre partie du financement public qui leur est consacré dépend du nombre de leurs parlementaires.