Dans cet entretien, nous revenons sur les d�g�ts caus�s par l�exposition au soleil en ces jours caniculaires. Notre sp�cialiste, le professeur Mostefa Khiati, pr�sident de la Fondation nationale pour la promotion de la sant� et le d�veloppement de la recherche (Forem), insiste sur la pr�vention et les r�gles � respecter pour �viter des complications, notamment le cancer de la peau lequel, selon le Pr Khiati, a connu une augmentation sensible ces derni�res ann�es en Alg�rie. Le Soir d�Alg�rie : On parle souvent des d�g�ts caus�s � la peau par une forte exposition au soleil. Peut-on conna�tre les risques r�els qu�on court en n�gligeant de se prot�ger ? Pr Mostefa Khiati : Les risques sont r�els et nous devons leur accorder toute notre attention. Le premier probl�me qui surgit apr�s une longue exposition au soleil, surtout � des heures de grandes chaleurs, est l�insolation. Les enfants sont particuli�rement sensibles. Cette exposition qui va de 10 heures � 16 heures est tr�s intense. Elle peut causer des effets dangereux pouvant entra�ner une fi�vre �lev�e et m�me des convulsions. Quant aux autres probl�mes qui surviennent apr�s une longue exposition au soleil, nous citerons le dess�chement de la peau, les br�lures et les coups de soleil r�p�t�s qui sont � l�origine de l�apparition d�un m�lanome, ainsi que l�hydrocution si on a une diff�rence de temp�rature entre notre corps rest� trop longtemps expos� et la temp�rature de l�eau si on d�cide de se baigner pour se rafra�chir. Quels sont les types de peau qui sont les plus touch�es ? Ce sont principalement les peaux claires qui sont fragiles. Plus la peau est blanche et claire plus le risque de br�lures est important et, par cons�quent, l�apparition de m�lanome peut �tre in�vitable. Il faut faire tr�s attention. Il faut se couvrir avec un chapeau quand on sort dans la journ�e. Les personnes qui ont une peau fonc�e sont moins expos�es aux dangers du soleil car leurs peaux poss�dent des m�lanines qui les prot�gent. Il faut savoir qu�une longue exposition au soleil reste l�une des principales causes, selon des �tudes qui ont �t� faites au Canada, de l�apparition de m�lanome. Qu�en est-il en Alg�rie? Est-ce qu�on se prot�ge assez ou faut-il mener des campagnes de sensibilisation ? Malheureusement, non. Les gens sont trop confiants et n�gligent les mesures de protection. Ils croient que rester toute une journ�e sous le soleil n�a aucun effet n�gatif sur leur sant�. La preuve en est que les Alg�riens, d�s qu�ils partent � la mer, attrapent un coup de soleil. Ils ont h�te d�avoir le teint h�l� mais l�une des pr�cautions � prendre est de commencer par bronzer graduellement et progressivement. Quand on reste de fa�on prolong�e expos� au soleil et qu�on prend la couleur de fa�on brutale et imm�diate, ce n�est pas un bronzage mais un coup de soleil et ce sont ces coups de soleil r�p�t�s qui sont � l�origine, comme je le disais, des complications qui surviennent sur la peau. Il faut savoir que les premi�res sorties � la plage sont d�cisives. Le premier jour on ne doit s�exposer que dix minutes, le deuxi�me jour quinze minutes et ainsi de suite avec une attention particuli�re envers les enfants qui ont une peau tr�s fragile et vuln�rable. Il faut garder son chapeau et porter des manches longues ou s�abriter sous le parasol. Vous savez, ce n�est pas fortuit si nos grands-parents se couvraient beaucoup durant l��t� car ils ont compris � leur �poque que le soleil n�est pas toujours agr�able pour la peau. Justement en parlant de bronzage. Dans le pass�, on se contentait de mettre une huile de bronzage quand on se rendait � la plage et parfois, on confectionne sa propre recette � base d�huile d�olive et de vinaigre ou de citron. Mais aujourd�hui, il y a des cr�mes protectrices ; seulement, devant la panoplie de produits qui existent sur le march�, comment choisir sa cr�me ? Il ne faut surtout pas se m�prendre. La plupart des cr�mes qui se vendent sur le la march� sont obsol�tes, m�dicalement parlant, elles ne servent � rien. Il faut toujours v�rifier la notice du produit et voir sa composition. S�il n y a rien qui l�indique de fa�on claire sur la bo�te, jetez le produit. Vous �viterez ainsi de vous faire arnaquer ou m�me de faire du mal � votre sant� puisque le contenu du produit vous est inconnu. Il peut contenir des agents nocifs. L�essentiel dans toute cr�me cens�e prot�ger contre les effets du soleil est de comporter, entre autres, des huiles douces, celle des amandes par exemple ou encore certaines substances comme la m�lanine qui est un rempart contre les coups de soleil, ces substances ont la facult� de prot�ger la peau. Il faut rester vigilant car sur le march�, beaucoup de fausses marques et d�huiles dites de protection ne le sont pas en r�alit�. Il n� y a pas de contr�le de qualit� sur ces produits. Bien que certains soient vendus en parapharmacie, ce ne sont pas des produits m�dicamenteux. Ils sont vendus ainsi car ils pr�sentent des marges b�n�ficiaires int�ressantes. Le gain est important mais souvent m�me les pharmaciens n�ont pas des informations sur ces produits. Encore une fois, les gens qui se badigeonnent avec ces cr�mes n��vitent pas toujours les coups de soleil. Il ne faut pas se leurrer quand on vous parle de fort indice de protection UV, cela n�est pas s�r. Ce sont des termes galvaud�s faits pour tromper le consommateur. Malheureusement, nous ne disposons pas en Alg�rie d�associations de protection des consommateurs assez puissantes et assez rod�es qui regroupent des sp�cialistes pour �tre � cheval sur la qualit� des produits consomm�s. Le plus important pour tout un chacun est de v�rifier, et je le r�p�te, la composition de la cr�me qu�on veut acheter non pas en fonction de son prix mais en se penchant de pr�s sur ce qu�elle contient. Plus elle est d�taill�e, plus on se rapproche du s�rieux de la marque. Le cancer de la peau est l�une des causes d�une forte exposition au soleil, notamment dans le cas des peaux claires, pouvez-vous nous en parler? A-t-on des statistiques dans ce sens en Alg�rie ? Absolument ! Il y a un vrai danger sur la sant� mais malheureusement nous n�avons pas de statistiques � proprement dit. Seulement, nous avons eu l�occasion de discuter avec des dermatologues et ils confirment une augmentation assez sensible de m�lanomes suite � l�exposition au soleil par rapport aux ann�es pr�c�dentes. Dans les ann�es 1960, c��tait notamment les personnes �g�es qui en �taient atteintes sur des zones du corps pr�cises. Actuellement, on voit de plus en plus de jeunes, sur des parties comme les bras, la nuque�, en souffrir. Ce qui est probl�matique. C�est-�-dire qu�il y a eu des expositions avec effet intense. Il faut avoir des r�flexes, on se d�nude pour un court moment mais il faut porter un chapeau pour �viter l�insolation aussi bien sur la plage que dans la rue, en plus des lunettes de soleil, n�oublions pas que les yeux sont �galement fragiles. Quand on expose ses yeux � de longues heures au soleil, on risque aussi la d�t�rioration des tissus oculaires. On peut avoir des conjonctivites, des baisses d�acuit� visuelle. Au Sud, le trachome est g�n�ralement caus� par la combinaison entre le sable et le soleil et en l�absence d�hygi�ne et de bons reflexes, les gens l�attrapent facilement. Il faut rester vigilant et ne pas n�gliger sa sant� et se croire invuln�rables. Quelques bonnes habitudes peuvent �viter le pire pendant l��t�, Il faut boire beaucoup d�eau et donner la pleine protection aux enfants en les gardant � l�ombre et en les prot�geant au maximum. Le vieillissement cutan� pr�matur� est l�une des cons�quences de l�exposition au soleil. Comment peut-on l��viter et quels sont les gestes � prendre apr�s une journ�e pass�e sur la plage et apr�s des vacances en bord de mer ? Il n�existe aucun m�dicament pour emp�cher le vieillissement cutan� pr�coce. Le seul traitement est pr�ventif et repose sur l'adoption d�habitudes et de reflexes qui peuvent en limiter les d�g�ts. Le vieillissement cutan� est naturel quand on avance dans l��ge. Donc quand on est jeune et qu�on expose sa peau de fa�on prolong�e et r�p�t�e, cela peut avoir des d�g�ts sur la peau et pr�cipiter son alt�ration. Donc avec les quelques mesures que nous avons cit�es qui sont tr�s simples � adopter et pas co�teuses, on �vite de gros probl�mes dont l�apparition de m�lanome qui est le plus grand des dangers. La pr�vention reste la meilleure des th�rapies.