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Enqu�te
LANGUES �TRANG�RES EN ALG�RIE Les nouveaux canaux de la �harga�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 08 - 2012


Enqu�te r�alis�e par Fatma Haouari
Le pr�sident Abdelaziz Bouteflika avait dit, lors d�une de ses sorties m�diatiques, que les Alg�riens ne ma�trisaient pas les langues. On est en mesure de dire que ce n�est pas faux, mais la faute incombe, en premier lieu, � l��cole et au syst�me �ducatif, confectionn� � l�emporte- pi�ce, qui a fait du jeune Alg�rien un laboratoire d�exp�riences toutes aussi rat�es les unes que les autres, et cela dure depuis 20 ans !
De l��cole fondamentale qui a assimil� le petit �colier � un attard� mental, en passant par les r�ajustements sans r�sultats probants � la r�forme, cens�e rectifier le tir mais que le d�partement de Benbouzid a confondu avec le bourrage de cartables et les contenus endoctrinants, le syst�me �ducatif alg�rien peine � produire une v�ritable �lite. Ce n�est pas fortuit si beaucoup de sp�cialistes y voient une corr�lation avec l��mergence de l�int�grisme islamiste en Alg�rie. S�il y a une r�volution � faire, c�est certainement dans l��ducation qui doit permettre l��panouissement de l�individu et la sublimation de l�intelligence afin de construire une rel�ve � la hauteur des sacrifices de ses a�eux. Le niveau a consid�rablement baiss� et les universit�s ont du mal � composer avec des �tudiants qui arrivent dans les campus avec le seul objectif d�avoir un dipl�me pour pouvoir trouver un emploi une fois leur cursus termin�, et m�me ce s�same ne leur garantit pas une vie d�cente quand ils entrent de plain-pied dans le monde du travail. On leur exige des qualifications qu�ils ne poss�dent pas. Parmi lesquelles figure en pole position la ma�trise des langues �trang�res. Une condition sine qua non dans toute recherche d�emploi. Si on revisite l�histoire de l�Alg�rie, on constate que les diff�rentes invasions qui ont pris d�assaut notre pays ont toutes laiss� des traces, sachant que le principe du colonialisme est la d�culturation et la destruction de l�identit� d�une communaut� et, par voie de cons�quence, des individus qui la constituent. En Alg�rie, cette entreprise a �t� tellement f�roce qu�elle a continu� apr�s le colonialisme fran�ais. Il a fallu des ann�es de combat et de lutte acharn�e avant qu�on ne reconnaisse enfin de mani�re directe et franche que le peuple alg�rien est avant tout amazigh en d�cidant d�officialiser sa langue m�re, qu�il a �t� arabis� par l�Islam et que, de par une occupation fran�aise de plus de 132 ann�es, il a acquis une troisi�me langue qu�est le fran�ais. Cette derni�re �tait la langue de l��lite intellectuelle et d�une certaine bourgeoisie qui a eu la chance de fr�quenter les bancs de l��cole fran�aise tandis que la majorit� du peuple alg�rien restait dans les t�n�bres de l�ignorance. Aujourd�hui, la donne a chang� et la langue de Voltaire n�est plus au top, elle commence � perdre du terrain au profit de l�anglais, mondialisation oblige et gr�ce aux Am�ricains qui ont fait du hamburger l�encas pr�f�r� des jeunes, du cin�ma d�action le divertissement d�excellence aupr�s des ados, du R&B et du rap leurs musics de chevet et des r�seaux sociaux Facebook et Twitter des espaces dans lesquels ils peuvent s�exprimer en l�chant bride � leur retenue. La supr�matie des Am�ricains, qui ont une strat�gie d�expansion tr�s particuli�re, fait que leur langue, qui a petit � petit envahi le monde virtuel, a fini par passer au monde r�el. Sans oublier les cha�nes de t�l�visions satellitaires qui passent en boucle des films hollywoodiens en version originale et fonctionnant comme un v�ritable matraquage de la langue de l�Oncle Sam. M�me s�il est trop t�t pour pr�sager d�une nouvelle configuration des langues �trang�res en Alg�rie, il est opportun de dire que l�on s�achemine vers de nouveaux rapports de forces dans ce domaine entre le fran�ais ma�tris� par l�ancienne g�n�ration et leurs enfants et l�anglais qui est plus au go�t de l�actuelle g�n�ration se recrutant notamment dans les milieux modestes. Les jeunes dipl�m�s, tr�s brillants pour beaucoup d�entre eux, guettent les bourses et autres programmes octroy�s par les pays occidentaux pour partir ailleurs, sachant qu�ils n�ont aucune chance d�acc�der aux postes importants d�tenus par les vieux �loups� de la politique qui ne sont pas pr�s de l�cher prise. Ces jeunes savent pertinemment qu�ils ne peuvent r�aliser leur r�ve qu�avec une bonne ma�trise des langues �trang�res.
Apprendre les langues pour trouver un job
La saison estivale y est propice, notamment pour les �tudiants qui sont en vacances et les travailleurs qui prennent leur cong� en cette p�riode pour apprendre ou se perfectionner dans les langues. Les �coles priv�es l�ont compris en proposant des cours intensifs de langues. Les annonces dans les journaux promettent un apprentissage de langues en un temps record allant de quatre semaines � trois mois. Les tarifs sont exorbitants, cela va de soi, pour un �tudiant qui ne dispose que d�une petite bourse. C�est �galement le cas pour les dipl�m�s ch�meurs qui butent sur la ma�trise des langues quand ils r�pondent � une annonce de recrutement. Les entreprises qui recherchent des personnels exigent les langues �trang�res comme le fran�ais et l�anglais dans les CV. Ceux qui n�ont pas le profil sont automatiquement rejet�s. C�est le cas de Halim, rencontr� dans l�une des �coles priv�es de la capitale. Jeune �tudiant en sciences commerciales, son v�u est de travailler dans une compagnie p�troli�re au Sud. �Je ne trouve pas de travail car je ne poss�de pas des qualifications en anglais ; j�envoie souvent mon CV quand je trouve une annonce de recrutement dans le journal mais je ne re�ois pas de r�ponse�, nous a-t-il confi�. �Je voudrais aller au Sud car les compagnies p�troli�res �trang�res payent bien, cela me permettra de construire mon avenir.� Les �coles priv�es de langues font flor�s. On peut trouver plusieurs �coles dans le m�me quartier. Nous nous sommes rendus dans l�une d�entre elles au centre d�Alger. Il s�agit de l��cole Castle. Le g�rant, M. Bouza Salim, affirme que �sur 100 �tudiants qui nous sollicitent, 65% demandent � s�inscrire en anglais, 30% en fran�ais et 5% restants sont r�partis entre l�allemand et l�espagnol�. Il soutient que �la gent f�minine repr�sente 80% de sa client�le, souvent pour les regroupements familiaux. La plupart d�entre elles viennent � l��cole pour apprendre la langue dans le pays pour o� elles vont se marier. C�est g�n�ralement en Europe, avec des �migr�s ou des �trangers�. C�est le cas de Sara, une jeune universitaire que nous avons rencontr�e sur les lieux. �Je vais me marier cet �t�, nous dit-elle, avec un Espagnol que j�ai connu sur Internet. Il est venu � Alger et on a c�l�br� nos fian�ailles et maintenant je me pr�pare pour le mariage.� Les tarifs pratiqu�s par l��cole Castle sont de 3 500 DA par niveau entre 4h et 6h par semaine. M. Bouza assure que �beaucoup de cadres arabophones s�adressent � son �cole, dont l��ge se situe entre 25 et 30 ans�. Il estime que �beaucoup d��coles vendent des chim�res en faisant payer des sommes colossales allant jusqu�� 60 000 DA pour une formation de 30 heures�. Cependant, beaucoup de dipl�m�s, nous a-t-on dit, trouvent des circuits qui leur permettent de d�crocher des bourses � l��tranger gr�ce aux s�jours linguistiques que proposent certains organismes dans des pays comme la Grande-Bretagne. Ces derniers, � peine mettent-ils les pieds chez l�h�te, qu�ils pensent d�j� � s�installer. Beaucoup y arrivent en se mariant ou en d�crochant un boulot. Madjid, qui prend des cours acc�l�r�s cet �t�, n�a qu�une seule id�e en t�te : �Emigrer au Canada.� �Je suis ing�nieur en �lectronique mais je ne travaille pas dans mon domaine car je ne trouve pas de travail dans mon secteur. Je suis en train de pr�parer mon dossier d��migration pour aller � Ottawa, c�est une r�gion anglophone, donc il faut que je ma�trise l�anglais. C�est un crit�re de s�lection.� C�est une �harga� d�une autre forme qu�ont trouv� les universitaires, qui leur �viterait une issue fatale et peut-�tre leur ouvrir de nouveaux horizons.
F. H.

Mme MERIEM BEDJAOUI, DIRECTRICE-ADJOINTE DE L�ENSSP, CHARG�E DES RELATIONS EXT�RIEURES ET DE LA FORMATION CONTINUE :
�Le pays a besoin de responsables qui ma�trisent des langues en plus de leur domaine�
Le Soir d�Alg�rie : Pr�sentez- nous votre �cole.
Meriem Bedjaoui : L�Ecole nationale sup�rieure des sciences politiques a �t� cr��e en 2009, nous en sommes � la troisi�me promotion. Elle regroupe trois d�partements, et 10 sp�cialit�s y sont enseign�es telles que s�curit� et d�fense, politique publique, politique agricole, diplomatie et relations ext�rieures. Les �tudiants qui y sont inscrits poss�dent des licences et sont s�lectionn�s selon des crit�res bien d�finis, parmi lesquels figurent la ma�trise des langues et de l�informatique. Ce sont l� des conditions exig�es par les grandes �coles afin d��cumer les meilleurs �l�ments. On ne peut plus de nos jours occuper un poste important, n�gocier des contrats ou discuter de questions politiques ou �conomiques internationales en �tant monolingue.
Est-ce que vous recevez beaucoup de demandes d�inscription � votre �cole ?
Absolument ! Cependant, les �tudiants ont conscience de la difficult� � int�grer les grandes �coles. L�enseignement est dispens� en arabe mais �galement en fran�ais et en anglais. Nous organisons des conf�rences et nous recevons des invit�s �trangers. Il arrive que le d�bat se d�roule enti�rement en anglais.
Comment qualifiez-vous le niveau de langues de vos �tudiants ?
Etant donn� que notre �cole est nationale, nous recevons donc des �tudiants de toutes les r�gions du pays. Je peux dire que leur niveau de langue est h�t�rog�ne. Nous avons mis en place des cours de perfectionnement linguistique. Nous allons bient�t acqu�rir des laboratoires de langues. Nous regrouperons les �tudiants par niveau. G�n�ralement, les �tudiants qui arrivent � l�ENSSP sont bons en arabe car ils ont fait tout leur cursus dans cette langue mais nous sommes surpris de voir que certains sont bons dans les deux autres langues pour avoir fait des formations dans des �coles priv�es. Le pays a besoin de responsables qui ma�trisent leur domaine et les langues �trang�res, c�est indispensable.
Pensez-vous que l�anglais est en train de supplanter le fran�ais ?
Je crois qu�il ne faut pas partir de ce principe sinon on �limine toutes les langues. Je rejoins l�id�e du Pr Umberto Eco (linguiste et �crivain) qui dit que la langue de l�Europe est la traduction. Il est vrai que l�anglais est tr�s usit� mais il faut penser aussi � l�espagnol, au chinois, etc. Ce n�est pas parce que les Etats-Unis sont la premi�re puissance mondiale qu�il faut permettre � l�anglais de devenir la langue de l�avenir.
Mais qu�en est-il sur le terrain ?
Sur le terrain effectivement, en Alg�rie, tous les �tudiants demandent � s�inscrire � l�anglais mais il faut revoir cette perspective de donner la dominance � l�anglais. Moi je reste convaincue que dans quelques ann�es le chinois et l�espagnol seront pr�dominants. D�abord parce que la Chine, en tant que puissance �conomique, est en train de prendre le dessus sur l��conomie lib�rale am�ricaine qui est en chute libre, et puis l�espagnol vu le nombre de locuteurs espagnols aux Etas-Unis. Certains experts pensent que l�espagnol prendra la place de l�anglais dans ce pays dans quelques ann�es. En Alg�rie, l�espagnol est tr�s peu demand� en d�pit du fait que l�institut Cervant�s soit tr�s dynamique ; malheureusement, c�est difficile de d�loger de la t�te des �tudiants le fait qu�il y a de nouveaux rapports dans ce sens et qui penchent vers d�autres langues que celle des Am�ricains.
Propos recueillis par F. H.
Mme FATMA-ZOHRA FERCHOULI, DOCTEUR EN LITT�RATURE FRAN�AISE ET DE M�THODOLOGIE DE LA TRADUCTION :
�Il faut absolument cr�er une �cole nationale sup�rieure de traduction�
Le Soir d�Alg�rie : Comment voyez-vous la situation des langues en Alg�rie ?
Fatma-Zohra Ferchouli : Il y a une bonne avanc�e de la langue arabe, une stagnation de la langue fran�aise mais ce qui est constatable, c�est surtout la perc�e de la langue anglaise. Je pense que cela correspond � ce qui se passe dans le monde avec cette mondialisation qui se traduit par des contacts fr�quents et la multiplication des m�dias.
Est-ce que les �tudiants aujourd�hui ont une pr�f�rence pour une langue sp�cifique ?
La demande pour les cours d�anglais a quintupl�. Les centres des cours intensifs qui existent un peu partout dans les universit�s et notamment � la Fac centrale ne peuvent pas faire face au nombre important de demandes. Les inscriptions se font � l�avance et il y a une longue liste d�attente. Par contre, ceux qui veulent se perfectionner en fran�ais n��prouvent aucune difficult� � s�inscrire et leurs demandes sont imm�diatement prises en charge. Ce qui montre qu�effectivement, il y a un grand int�r�t pour la langue anglaise et qu�aucune autre langue ne peut la concurrencer. Lors d�un colloque sur les langues, quelqu�un a dit une phrase qui m�a beaucoup marqu�e. Il a estim� que de nos jours, celui qui ne ma�trise pas l�outil informatique et la langue anglaise est consid�r� comme analphab�te. Cela r�sume bien la r�alit�. Il y aura certainement une rivalit� entre l�anglais et le fran�ais � long terme.
Est-ce que cela n�est pas d� aussi au fait que la g�n�ration actuelle est moins tourn�e vers la France et la culture fran�aise ?
Je pense qu�il y a chez les jeunes cette id�e que le fran�ais est une langue tr�s difficile en termes de grammaire, de subtilit� de la langue, de la prononciation, du vocabulaire, etc., l�anglais leur para�t plus abordable. C�est l�une des raisons. Cependant, l�anglais constitue un bon moyen de trouver un emploi vu que de nos jours, c�est un atout de ma�triser l�anglais quand on est � la recherche d�un poste de travail. Cela ouvre des perspectives.
La traduction est l�un des moteurs de toute civilisation. Actuellement, comment se pr�sente la situation ?
Vous avez tout � fait raison ! Vous savez, la sp�cialit� a �t� ferm�e pendant des ann�es et on formait des traducteurs qui n�avaient de traducteurs que le nom car on avait � g�rer un flux tr�s important d��tudiants qu�il aurait fallu mettre � niveau et qui arrivaient avec une ma�trise des langues tr�s in�gale. La traduction des ouvrages est quasiment inexistante chez nous. Je vous cite un exemple. Lors de la manifestation �Alger, capitale de la culture arabe�, il y a eu un nombre consid�rable de livres traduits mais truff�s de fautes. On formait au niveau du d�partement d�interpr�tariat et de traduction un petit nombre d�interpr�tes. Sur une promo de 1 000 �tudiants, on arrivait en for�ant un peu � former � peine une vingtaine, plus ou moins dans trois langues. La traduction est une v�ritable probl�matique en Alg�rie. Il n y a pas de bacheliers inscrits dans les d�partements de traduction qui sont en voie d�extinction. Il faut absolument cr�er une �cole nationale sup�rieure de traduction, c�est la seule solution pour arr�ter cette d�perdition.
Propos recueillis par F. H.
JO�L LASCAUX, DIRECTEUR DE L�INSTITUT FRAN�AIS D�ALG�RIE :
�L�Alg�rie est notre premi�re enveloppe de coop�ration au monde avec 12 millions d�euros�
Le Soir d�Alg�rie : Quelle est la politique de la France s�agissant de l�enseignement de la langue fran�aise en Alg�rie ?
Jo�l Lascaux : La politique qui est mise en �uvre, ici en Alg�rie, est celle du minist�re des Affaires �trang�res qui conduit, au sens tr�s large, la politique culturelle de la France. Les orientations sont assez g�n�rales mais l�id�e est de conduire une diplomatie d�influence, d��tre � l��coute de ce qui se passe dans le monde, de percevoir les besoins et d�y r�pondre le plus intelligemment qui soit. On peut parler de diplomatie d�influence, qui est un terme d�origine am�ricaine, qu�on essaye de mener depuis la fin des ann�es 1990. La diplomatie culturelle, donc, prend plusieurs aspects : d�abord de r�pondre � la demande d�enseignement de la langue fran�aise. Tout un r�seau d��tablissements a �t� mis en place qui permet de r�pondre � la demande de scolarisation, avec des programmes qui sont valid�s par le minist�re fran�ais de l�Education nationale, c�est le r�seau de l�Agence de l�enseignement du fran�ais � l��tranger. A Alger, l�exemple qui est le lyc�e international Alexandre-Dumas, rel�ve de cette agence qui scolarise des �l�ves sur le programme fran�ais ; le deuxi�me aspect, en termes de dispositif de r�seau d'�tablissements culturels qui connaissent depuis deux ans une adaptation, est une fusion dans le cadre du programme de coop�ration qui fait suite � une loi. Parmi les �l�ments au c�ur de l'objectif, c��tait d'avoir plus de coh�rence et d'harmonisation. Il y a actuellement une unification du r�seau qui sera totale en 2013. Au c�ur de cette diplomatie culturelle, il y a bien entendu la d�fense de la langue fran�aise, comme une langue de la mondialisation m�me si, bien s�r, on ne peut pas la comparer � la langue anglaise, mais elle reste quand m�me une langue des �changes commerciaux, des d�bats d�id�es dans le monde ; nous la d�fendrons non pas dans une posture d'attaque mais dans une perspective de dialogue des cultures. C�est un monde globalis� dans lequel il faut �tre efficace, et l�apprentissage des langues est l�un des facteurs qui militent dans le sens de l�efficacit�. Donc, depuis le 1er janvier 2012, les centres culturels fran�ais et les services de coop�ration universitaire, �ducative, linguistique et culturelle de l�ambassade de France ont fusionn� pour devenir l�Institut fran�ais d�Alg�rie (IFA). Cette r�forme mondiale du r�seau culturel et de coop�ration du minist�re fran�ais des Affaires �trang�res et europ�ennes a pour objectif majeur une r�ponse adapt�e aux enjeux du XXIe si�cle. En Alg�rie, la r�forme se traduit par une plus grande synergie entre les actions de coop�ration et de diffusion des services de l�ambassade de France et des cinq antennes (bient�t six avec la reprise d�activit� de Tizi-Ouzou) qui constituaient jusqu�alors le r�seau des centres culturels fran�ais. Nous essayons de b�tir un espace d��changes et de rencontres favorisant le partage des cultures, des langues et du savoir. En coop�ration avec des partenaires alg�riens, il intervient dans les domaines de l�enseignement sup�rieur et de la recherche par la participation � des programmes bilat�raux de recherche et de formation, le soutien aux mobilit�s, la diffusion de la culture scientifique, etc. Des langues et de la francophonie, par l�offre de cours de fran�ais, l�appui � la formation initiale et continue des professeurs de fran�ais du primaire � l�universit�, l�aide aux r�seaux de professeurs, etc. Des �changes culturels et artistiques, par une programmation soutenue d��v�nements, l�appui aux jeunes cr�ateurs, le soutien aux secteurs du livre et des m�dias, l�aide � la formation, etc. Nous avons, � cet effet, un site internet qui regroupe toutes les informations requises. Il faut aujourd�hui penser � ma�triser deux ou trois, voire quatre langues vivantes, et former des bacheliers trilingues, fran�ais, arabes, anglais et �ventuellement espagnols pour pouvoir les int�grer dans la cha�ne internationale. Le c�ur de notre politique en Alg�rie, s�inscrit d�une volont� politique � la suite de la visite d�Etat du pr�sident Chirac en 2003. On a lanc� la d�claration d�Alger du mois de mars de la m�me ann�e qui a trac� les grandes lignes d�une refondation des relations de coop�ration entre l�Alg�rie et la France et qui a d�bouch� par la suite sur un document cadre de partenariat sign� en 2007. Dans ce document, il est clairement stipul� le renforcement du capital humain, derri�re lequel se profile tout ce qui a trait � la formation aux diff�rents paliers.
Pour quel objectif ?
L�objectif est de viser l�ensemble du corps enseignant du fran�ais au niveau national. Il faut rappeler qu�� la fin des ann�es noires, il n�y avait que 27 professeurs de fran�ais � l�universit�. Cette demande du minist�re de l��ducation alg�rien ne concerne pas uniquement le fran�ais, elle concerne �galement les math�matiques, car en plus de l�arabe, ce sont les trois crit�res essentiels pour les bacheliers alg�riens. A retenir que l�Alg�rie est notre premi�re enveloppe de coop�ration au monde dont le montant s��l�ve � 12 millions d�euros.
Pour quels motifs vient-on apprendre le fran�ais dans votre institut ?
La premi�re demande est le renforcement du syst�me �ducatif, notre deuxi�me niveau d�intervention est le perfectionnement du fran�ais. Un dispositif a �t� mis en place dans ce sens. Les demandeurs sont plut�t jeunes. Ils ont un bon niveau oral mais ont besoin de se perfectionner � l��crit. Notre r�seau est dot� d�une batterie de formations et de certifications pour permettre d�attester de leur niveau. Nous avons, � ce propos, constat� que le premier crit�re exig� par les entreprises alg�riennes est la ma�trise du fran�ais. Le fran�ais est donc une langue d�acc�s � l�emploi. Les femmes sont en force, le public, dois-je dire, tend � se f�miniser. Il y a une forte demande � Alger et en Kabylie. Les trois quarts des demandes viennent de Tizi-Ouzou, et c�est pour cette raison que notre objectif est la r�ouverture du centre de cette r�gion l�an prochain. Cela ne veut pas dire que nous n�gligeons les autres r�gions. Nous avons des demandes au Sud et dans les Hauts-Plateaux mais que nous ne pouvons pas satisfaire pour le moment. Pour ce qui est du lyc�e Alexandre- Dumas, il ne peut accueillir que 1 000 �l�ves. Si on r�pondait aux demandes qui nous arrivent, on devrait en accueillir 10 000, malheureusement, on ne peut satisfaire qu�une demande sur 10. Actuellement, il y a 20 000 �tudiants alg�riens en France, on d�livre en moyenne 5 000 visas d��tudes par an. Nous avons lanc� un concours en direction des jeunes �crivains francophones alg�riens. Nous avons re�u 300 propositions, nous en avons pr�s�lectionn�s 33 et 3 sont les laur�ats qui ont �t� invit�s au Forum de la langue fran�aise au Qu�bec. Nous avons constat� un int�r�t pour le concours, nous avons organis� des ateliers d��criture, nous avons eu une palette de profils tr�s diff�rents et qui venaient d�un peu partout de l�Alg�rie mais qui avaient en commun l�amour de la litt�rature francophone. J�ai �t� personnellement tr�s surpris par la qualit� de leurs productions, dignes d��tre publi�es. Il y a une belle rel�ve des �crivains alg�riens francophones.
Propos recueillis par F. H.
Mme TASHAWNA BETHEA, VICE-CONSUL � L�AMBASSADE DES �TATS-UNIS :
�Nous avons enregistr� 7 000 demandes d�inscription au lancement de Project Hope�
Le Soir d�Alg�rie: Parlez-nous de la politique am�ricaine dans la promotion de la langue anglaise en Alg�rie ?
Tashawna Bethea : Nous avons �labor� un vaste programme qui se d�cline en plusieurs volets. D�abord, nous avons ce qu�on appelle ��coles Access� au nombre de 13 pour l�enseignement de la langue anglaise � travers l�Alg�rie. Il y a au moins 1 000 �tudiants qui ont �t� form�s par ces �coles. Nous accordons des bourses pour les jeunes entre 14 et 16 ans qui s�int�ressent � la culture am�ricaine que nous envoyons en formation aux Etats-Unis. Il y a �galement �The english language fellows� qui s�adressent aux enseignants alg�riens. Nous avons aussi un programme pour �ducateurs en anglais qui est un programme d��change pour enseignants d�anglais que nous envoyons �galement aux Etats-Unis pour formation. Le �e-Teacher� est un autre programme de cours sur internet pour enseignants d�anglais. Le point faible de ce programme, ce sont les probl�mes de connexion. En sus, nous avons plusieurs centres en Alg�rie auxquels nous fournissons des ouvrages, des vid�os et des ordinateurs avec acc�s � internet au sein des universit�s de Constantine, Oran et Ouargla sans oublier d�autres programmes � des cat�gories sp�cifiques pour l�octroi de bourses aux Etats-Unis et enfin �the Project Hope� que nous venons de lancer au d�but de cette ann�e � Alger.
Justement, parlez-nous de ce projet, suscite-t-il beaucoup d�engouement de la part des Alg�riens ?
Au fait, j�ai eu l�id�e de cr�er ce projet vu le nombre important de demandes pour l�apprentissage de l�anglais par les Alg�riens. Hope veut dire espoir et cet espoir �tait partag� par l��cole Berlitz. J�en ai discut� avec les responsables de cette �cole et nous avons mis le projet sur pied. C�est un programme de cours gratuits offerts par l�ambassade des Etats-Unis en partenariat donc avec Berlitz qui dure 4 mois � raison de deux fois par semaine pour ceux qui ne peuvent pas payer leurs cours. L�engouement vient surtout du fait que l�anglais est plus pratique par rapport aux autres langues pour acc�der � la connaissance et la technologie, notamment pour ceux qui font des recherches. On la consid�re surtout comme une langue universelle. Une semaine apr�s le lancement de Project Hope, nous avons enregistr� 7 000 demandes d�inscription mais nous ne pouvons retenir qu�une soixantaine par session. Nous avons �galement enregistr� beaucoup de demandes venant hors d�Alger et pour ceux-l� nous avons mis en place des classes virtuelles pour leur donner l�opportunit� de suivre les cours.
Quelle est la tranche d��ge des demandeurs ?
Nous avons des demandeurs de tous les �ges mais la majorit� a entre 25 et 35 ans. Nous avons m�me eu une demande d�un homme de 83 ans !


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