Par Ahmed Cheniki L�histoire inspire de nombreux auteurs et marque profond�ment la cr�ation dramatique. La mise en sc�ne de faits historiques ob�it au souci de r�habiliter le pass� et de revaloriser un certain nombre de personnages �oubli�s� de l�hagiographie officielle et ignor�s par l�historiographie coloniale ou marginalis�s et p�jor�s par les autorit�s politiques d�apr�s l�ind�pendance. Le retour � l�histoire ob�it � une n�cessit� d�affirmation identitaire et � une tentative d�entamer un dialogue pol�mique avec le colonisateur qui a toujours cherch� � d�cr�dibiliser la parole du colonis� cantonn� dans une posture d��l�ment passif, oubliant que le silence et la fausse inertie contribuent � la mise en �uvre d�un discours de contre-violence illustr� par des signes latents, pleins, certes encore non aboutis. Le discours, dans ce cas, est le lieu de la mise en forme de possibilit�s narratives et id�ologiques particuli�res, permettant de briser la cl�ture dogmatique du colon, fabriqu�e par les repr�sentants �scientifiques� de la colonisation. C�est aussi une r�ponse � toute une litt�rature coloniale dont l�objectif est de nier carr�ment l�existence de la culture du colonis�, �vacuant le fait que toute culture et toute civilisation renferme ses propres anticorps et ses espaces artistiques et sociaux. Dans ce contexte de n�gation culturelle et d�appropriation, par les autochtones, des formes de repr�sentation europ�ennes, pour des raisons de n�cessit� existentielle, que vont �tre produites les premi�res pi�ces historiques. Nous avons ici affaire � un processus de transculturation, selon l�expression du Cubain Fernando Ortiz qui juxtapose plusieurs formes, rendant impossible toute acculturation qui serait un non-sens dans toute situation de communication. Deux cat�gories de pi�ces historiques caract�risent le mouvement th��tral : des repr�sentations dont le support essentiel est tir� de l�histoire et de la mythologie arabe et des pi�ces qui, en utilisant un �v�nement historique, proposent un mod�le politique et social inscrivant le sujet trait� dans le pr�sent du spectateur. La premi�re cat�gorie a pour unique pr�occupation de r�habiliter un pass� non reconnu et d�affirmer une identit� quelque peu ni�e. Des textes comme Fath el Andalous (la conqu�te de l�Andalousie), jou�e vers les ann�es dix (10), Fi Sabil el Watan (au service de la patrie) ou El Mawlid (la naissance du Proph�te) et Hannibal, tentent de mettre en relief l�existence d�une culture alg�rienne sp�cifique, marqu�e par l�appartenance � une �re arabo-islamique. Ce repli sur soi, cette farouche volont� de prouver son existence constituent des r�ponses au discours historique colonial et � l�ethnologie consid�r�e comme un espace au service de la colonisation. Frantz Fanon apporte la lecture suivante : �On sait que la majorit� des territoires arabes a �t� soumise � la domination coloniale. Le colonialisme a d�ploy� dans ces r�gions les m�mes efforts pour ancrer dans les esprits des indig�nes que leur histoire d�avant la colonisation �tait une histoire domin�e par la barbarie. La lutte de lib�ration nationale s�est accompagn�e d�un ph�nom�ne culturel connu sous le r�veil de l�Islam. La passion mise par les auteurs arabes contemporains � le rappeler � leur peuple est une r�ponse aux mensonges de l�occupant.� Ce recours � l�histoire et � la mythologie s�explique par ce d�sir de mettre en lumi�re sa propre existence et d�affirmer sa propre culture illustr�e par la pr�sence de deux �l�ments paradigmatiques essentiels, l�arabit� et l�islamit�, deux th�mes r�currents revenant sans cesse dans la production dramatique des ann�es dix, vingt et trente. Il est utile de souligner l�apport fondamental des associations religieuses et culturelles dans le traitement des sujets historiques louant souvent la force et la g�n�rosit� de h�ros ancr�s dans l�imaginaire populaire (Salah Eddine el Ayyoubi, Antar, etc.). Allalou, tr�s impr�gn� de culture islamique et ouvert aux sollicitations culturelles nationales, emprunta au peuple d�Alger sa vision du pass�, quelque peu travers�e par de vivantes r�miniscences et d�amusantes transformations. Le sociologue Abdelkader Djeghloul le souligne dans sa pr�face aux m�moires de l�auteur : �Certes, le th��tre de Allalou est lui aussi impr�gn� d�Islam mais de mani�re diff�rente. Histoire islamique d�crisp�e, banalis�e, ramen�e aux proportions de la quotidiennet� du petit peuple d�Alger. Histoire qui continue � faire r�ver mais fait aussi sourire.� Le h�ros l�gendaire, Haroun er Rachid, devient Qaroun er Rachiq (Qaroun le corrompu). Ce regard parodique, d�ailleurs pr�sent dans l��uvre de Kateb Yacine, exprime un �vident rejet d�un illusoire retour aux sources et une volont� de d�mystification du pass�. Allalou reprend la version populaire de l�histoire arabe tant mythifi�e par les �lites lettr�es, apportant une lecture singuli�re du fait national, faisant de celui-ci le lieu d�articulation de plusieurs cultures ayant marqu� le parcours historique de l�Alg�rie. Il ne rejette pas les diff�rents discours caract�risant le fait national, mais les revendique comme des espaces marquants de l�alg�rianit�. La deuxi�me cat�gorie de pi�ces fait appel � l�histoire non comme espace fig�, mais comme �l�ment dynamique susceptible d��lucider des faits d�actualit�. Apr�s l�ind�pendance, de nouveaux dramaturges, souvent s�duits par l�enseignement th�orique brechtien, vont utiliser les faits historiques comme arri�re-fond d�une lecture politique et actuelle des r�alit�s alg�riennes. L�histoire devient en quelque sorte pr�texte � une interrogation du pr�sent et � une introspection de l��tre alg�rien confront� aux vicissitudes d�un pr�sent un peu dur. Le pass� se mue en un simple cadre temporel. Ould Abderrahmane Kaki, Abdelkader Alloula, Slimane B�na�ssa et Mohamed Tayeb D�himi mettent souvent en sc�ne des pi�ces qui recourent � des faits historiques, lieux all�goriques et m�taphoriques, �lucidant des questions pr�sentes. Cette mani�re de faire, r�fractaire � toute tentative de reconstitution, fonctionnant par allusions, donne � voir un pr�sent que le spectateur reconstitue comme une sorte de puzzle. La r�ception demeure l�espace fondamental de la repr�sentation. C�est au lecteur-spectateur de d�couvrir les lieux latents d�un r�cit souvent �clat� renvoyant au moment de la r�ception. Dans 132 anset Afrique avant un, Kaki tente de mettre en forme une lecture de l�Histoire de l�Alg�rie et de l�Afrique en recourant � des documents historiques significatifs du parcours de ce continent. C�est un th��tre-document. Les diff�rents tableaux composant ces deux pi�ces, construits de mani�re non lin�aire, donnent � voir un univers marqu� par la lutte anticoloniale. La fin des deux r�cits est ouverte. Les personnages de El Alleg (Les Sangsues), Lejouad (Les G�n�reux)ou El Khobza sont historiquement d�termin�s. Situ�es dans le temps pr�sent, les pi�ces tentent d�expliquer des situations actuelles en faisant appel � des �v�nements historiques. Cette d�marche s�inscrit dans la continuit� historique. Les faits du pr�sent entretiennent des relations �troites et dynamiques avec les �l�ments du pass� pouvant contribuer � la lecture de l�actualit�. Le personnage est le produit d�une Histoire et d�une conjoncture pr�cise. Les instances temporelles et spatiales produisent des syst�mes de signes complexes. Kateb Yacine m�le pass� et pr�sent, histoire et actualit�, mythe et r�el. Ses pi�ces transportent les personnages dans de multiples espaces g�ographiques et historiques. Cette pluri-spatialit� et cette pluri-temporalit� ob�issent � la logique id�ologique de l�auteur de Nedjma charg� d�un discours mat�rialiste. De la Kahina, on passe � la r�volution agraire, en faisant des d�tours par le Vietnam, la R�volution russe, mai 1945, etc. La dramaturgie en fragments brise toute possibilit� de d�termination spatio-temporelle et exclut toute logique narrative lin�aire. Pour lui, tous les mouvements r�volutionnaires participent d�une seule et m�me lutte : le combat pour le socialisme au niveau plan�taire. Les premiers textes de Kateb Yacine portent essentiellement sur le mouvement historique alg�rien (pi�ces contenues dans Le Cercle des repr�sailles). L�histoire apporte un nouvel �clairage au pr�sent. Ainsi, les �l�ments tir�s du pass� fa�onnent le discours th��tral et lui donnent un sens nouveau. Il n�est pas question de reconstituer les �v�nements historiques. C�est ce qu�explique fort justement Jacqueline Arnaud : �La premi�re p�riode est domin�e d�une part par une qu�te mythique o� le message a pour objet l�affirmation d�une entit� nationale, et d�autre part, par un refus d�une situation d�oppression. L�affirmation de la nation passe par un �repli sur soi� illustr� par le choix du retour aux origines, pr�sent dans l��uvre � travers les images de la tribu, les anc�tres, le vautour�comme des �l�ments de sauvegarde. Cette solution de repli r�pond � une faille historique.� Cette plong�e dans les arcanes de l�identit� nationale caract�risant les premiers �crits de Kateb Yacine va laisser place � des th�mes nouveaux et � une nouvelle mani�re de voir le monde. La r�volution nationale est consid�r�e comme partie int�grante d�un ensemble global : la r�volution mondiale. Ce jeu avec le temps et l�Histoire correspond en fait � l�id�e que se fait l�auteur du th��tre politique (une autre forme de dialogue et de d�bat). Qu�entend-il par th��tre politique ? : �Ce que j�entends par th��tre politique, c�est un th��tre qui sort des sentiers battus du th��tre traditionnel, qui ne prend � ce dernier ce qui, volontairement, sacrifie le c�t� culturel � la politique proprement dite et plonge au c�ur des �v�nements.� Le th��tre de Kateb, m�me s�il ne pr�sente souvent que des �v�nements historiques, est avant tout politique. Le recours � l�histoire est n�cessaire � l�interrogation et � la compr�hension des faits actuels. L�actualit� n�est jamais absente. Elle est au c�ur du fait historique. La dramaturgie en tableaux permet la mise en relation de plusieurs situations et le maintien de l�aspect dialectique de la repr�sentation. Dans les pi�ces de Kateb Yacine, nous sommes en pr�sence de plusieurs types de personnages souvent puis�s dans le parcours historique : personnages arch�typaux, personnages historiques aux dimensions plan�taires (L�nine, Marx, le Christ�), personnages l�gendaires (Djeha), etc. Le th��tre de Kateb Yacine a s�duit beaucoup de troupes d�amateurs qui lui emprunt�rent de nombreux proc�d�s techniques. Vers les ann�es soixante-dix, plusieurs pi�ces mettant en sc�ne la R�volution agraire, la gestion socialiste des entreprises et la m�decine gratuite, des �r�alisations� politiques officielles, �taient produites un peu partout. Ce th��tre, didactique et essentiellement politique, puise ses th�mes dans l�Histoire et dans l�actualit� vivante dans le but d�expliquer et de justifier la �l�gitimit� de d�cisions prises par le pouvoir en place � l��poque. Dans Eftah essaf�ha (Ouvre la page), par exemple, les com�diens des 3T (Troupe des travailleurs du th��tre) de Constantine exposent, sous forme de tableaux, les diff�rentes phases de l�histoire de l�Alg�rie, mettant en exergue le processus de d�culturation. Les amateurs d�clarent ceci dans un s�minaire organis� � Sa�da dans l�Ouest alg�rien du 31 mars au 10 avril : �Pour l�essentiel, les s�minaristes se prononcent pour une action th��trale qui facilite la compr�hension des probl�mes qui se posent � nos masses pour que cette action, didactique et unificatrice, recherche et appelle la participation concr�te de son public, non seulement dans le sens de la participation de l�action th��trale mais au sens de l�influence en retour.� Cet extrait tir� d�une brochure du th��tre d�amateurs met en �vidence la vocation politique de ce th��tre qui r�emploie l�histoire pour aborder des questions politiques. Le th��tre d�amateurs se d�finit comme �minemment politique. C�est d�ailleurs pour cette raison que nous avons tenu � faire un d�tour par le th��tre d�amateurs. L�histoire est souvent associ�e � la politique. Elle vient souvent justifier des actions politiques. Le choix d��l�ments historiques participe d�une red�finition de l�actualit� et d�une mise en relation des instances du pass� et du pr�sent. L�histoire et la politique constituent les deux sources essentielles d�inspiration du th��tre de Slimane Bena�ssa. Boualem Zid el Goudem (Boualem, avance ! )met en situation deux personnages dont les itin�raires sont radicalement oppos�s. L�un est musulman pratiquant, f�odal, pass�iste, l�autre est socialiste, r�sistant et ouvert. Deux mondes, deux r�ves et deux espaces s�entrechoquent, se heurtent et se confrontent. Boualem d�sire atteindre le but de son voyage : un monde id�al o� l�exploitation est bannie. Sekfali ne veut pas marcher, il refuse le progr�s. Y oum el Djem�a kharjou leryem (les gazelles sont sorties le vendredi) est l�histoire de trois personnages (Boualem l�ouvrier, le fou et l�Am�ricain) incarnant trois espaces sociaux bien d�limit�s et occupant trois lieux sc�niques pr�cis. Boualem repr�sente le travailleur alg�rien en butte aux contradictions du syst�me socialiste et avec ses propres convictions. Le fou ne se retrouve pas dans un univers cauchemardesque, absurde, �trange et �tranger. L�Am�ricain ne vit que dans les r�ves. Il est d�sar�onn�, d�sax�, vivant en dehors du r�el et conjuguant ses d�sirs au temps mythique du r�ve. C�est le lieu de l�ali�nation, par excellence. El Mahgourd�crit une sorte de virtuelle gestion d�mocratique de la famille. Babor Eghraq (Le bateau coule) est le r�cit de trois personnages pi�g�s dans un bateau en pleine mer. Rien ne va plus, le navire risque de couler. Au terme de la pi�ce, un des trois com�diens lit une longue tirade o� il prend � t�moin l�histoire qui interpelle fortement le pr�sent. Le r�cit se drape souvent d�oripeaux historiques pour dire un pr�sent souvent amer, difficile et absurde. L�histoire est ici mise au service d�une histoire (au sens de r�cit), profond�ment ancr�e dans la r�alit�. Le jeu avec les �v�nements historiques participe d�une d�marche synchronique interpellant les signes du quotidien. Bena�ssa propose une autre mani�re de vivre l�alt�rit� et une vision diff�rente et critique de l�histoire nationale, mettant en avant la mise en �uvre d�une sorte d�association syncr�tique des diff�rentes pratiques discursives. L�histoire officielle ne serait qu�un simulacre, ce qui mettrait en question toutes les constructions id�ologiques et �thiques participant de la �cl�ture dogmatique� �difi�e par les instances gouvernantes. Ainsi, le contre-discours du repli identitaire, valable et n�cessaire durant la colonisation est condamn� � subir un examen critique et une s�rieuse remise en question, invitant � un voyage dans les m�andres de l�histoire nationale, trop marqu�e par les jeux de la r�cup�ration et souvent con�ue comme un espace de l�gitimation. Pour certains hommes de th��tre, le d�passement critique est n�cessaire dans la mesure o� il participe d�une d�mystification du discours officiel, lui-m�me, produit de constructions id�ologiques et politiques. Bena�ssa, Alloula ou Kateb Yacine d�construisent cette mytho-histoire dominante, impos�e par les gouvernants, en recourant � la m�moire populaire et � une lecture dynamique de l�histoire. La m�moire et l�histoire, consid�r�es comme des territoires dynamiques, nourrissent leur vision du monde et du mouvement de l�histoire, rejetant tout regard statique, non dialectique des formations et des pratiques discursives. Dans Echouhada yaoudouna hada el ousbou� (les martyrs reviennent cette semaine), adapt�e d�une nouvelle de l��crivain alg�rien Tahar Ouettar et mise en sc�ne par Ziani Ch�rif Ayad, les personnages, d��us, marqu�s par le d�senchantement racontent un pr�sent absurdement mis�rable. Cheikh El Abed, le personnage central, quelque peu d�contenanc� par le cours des choses, semble �gar� dans ce territoire peupl� de corruption, d�opportunisme et de mensonge. Il faut signaler que l�auteur introduisit, sans l�annoncer, des passages entiers extraits d�une pi�ce de Mohammed Dib, d�ailleurs mont�e quelques ann�es plus tard par le m�me metteur en sc�ne. Mille hourras pour une gueuse traite �galement du th�me de la d�sillusion. La troupe El Qala� (la citadelle) qui mit en sc�ne le texte de Dib exploita encore ce th�me dans El Ayta (le cri)et Baya, fortement contest�e par une grande partie des critiques et des spectateurs qui y voyaient une sorte de r�habilitation de la colonisation. Les auteurs convoquaient le pass� pour exposer la mis�re des temps actuels. Ainsi, la d�sillusion parcourt l�expression th��trale de ces derni�res d�cennies. Pass� et pr�sent se conjuguent, s�opposent parfois tout en �voluant dans deux temps distincts : lutte de lib�ration et ind�pendance. Deux temps et deux espaces se confrontent et s�entrem�lent. L�histoire traverse la repr�sentation dramatique. De nombreux auteurs recourent au pass�, souvent glorieux et fraternel, pour dire un pr�sent amer et absurde. Def el Goulde Mohamed Tayeb D�himi (Th��tre r�gional de Constantine), expose trois itin�raires de personnages r�els ou l�gendaires (Antar, El Hallaj et Othello) qui partent � la qu�te utopique de territoires absents dans l�univers arabe : la d�mocratie et la libert�. L�actualit�, souvent difficile et d�licate � dire, est ainsi prise en charge par l�histoire. L�all�gorie, la parabole et la m�taphore sont les �l�ments po�tiques les plus employ�s dans l��criture dramaturgique alg�rienne. Le symbole et le r�f�rent historique prennent de nouvelles significations et se transforment en v�ritables espaces de dissimulation et de r�v�lation du discours th��tral. Les auteurs entreprennent un d�tour par l�histoire tout en greffant dans le r�cit des �v�nements tir�s du r�el, pour exprimer une d�sillusion, d�crire une situation difficile � mettre en sc�ne. Aujourd�hui, les choses deviennent de plus en plus faciles. L�expression est moins contraignante, plus libre. Les ann�es quatre-vingt-dix sonn�rent le glas, malgr� la violence du quotidien, d�une certaine culture de la clandestinit�, � l�origine de nombreux d�g�ts et de blessures parfois profondes. Malgr� tous ces al�as, l�Alg�rie a toujours �t� l�unique pays arabe o� il �tait plus ais� de s�exprimer et de mettre en sc�ne des textes critiques. D�ailleurs, il n�existait pas de commission de censure, contrairement � tous les autres pays arabes. Les dramaturges et metteurs en sc�ne alg�riens semblent avoir assimil� les le�ons des �checs successifs des pi�ces historiques. De 1963 � 2000, trop peu de pi�ces traitant de l'histoire nationale ou des mouvements de lib�ration furent mises en sc�ne dans les �tablissements �tatiques. Certes, les ann�es 2000 ont vu un certain nombre de po�tes se transformer en dramaturges et quelques th��tres et metteurs en sc�ne, pour des raisons financi�res, r�aliser ce qu�ils appellent pompeusement des ��pop�es�, souvent trop mal ficel�es techniquement et ne visant trop souvent que les b�n�fices financiers soutir�s des entreprises publiques productrices comme le minist�re des Moudjahidine (anciens combattants) et l�organisation des moudjahidine. Souvent, ce type d���pop�e�, juteuses pour leurs initiateurs ne d�passe pas l�unique repr�sentation. Ainsi, les h�ros de la guerre de lib�ration sont souvent malmen�s par des entreprises et des �metteurs en sc�ne� qui, souvent, consid�rent l�histoire et l�art th��tral comme accessoires. Kateb Yacine qui, paradoxalement, reprit l�id�e de Djeha et de Hassan El Moughafal (Le dormeur �veill�), peut s�duire le large public. Les troupes d'amateurs abord�rent �galement des sujets historiques, mais avec moins de succ�s. L'histoire n'�tait, pour les amateurs, qu'une espace d'illustration et de l�gitimation du pr�sent et des d�cisions politiques du pouvoir en place.