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QATAR
Une diplomatie au service de l�Am�rique (21e partie et fin)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 10 - 2012


Par Ali El Hadj Tahar
�La volont� de puissance de l��mir Hamad du Qatar n�a d�autres limites que celles fix�es par l�Otan,� �crivait Gilles Munier dans Global Research, le 6 f�vrier 2012.
Ce petit N�ron du petit Qatar qui ne connaissait m�me pas la cuill�re, il y a deux d�cennies de cela, semble avoir une longue liste d�ennemis dans le viseur, ce broyeur de R�publiques devenu un fabriquant de fausses r�volutions � la cha�ne, ce faiseur d�opinion qui n�en a pas une seule digne d��tre suivie, ce sponsor des terrorismes qui veut battre les records des coups bas avec l�aisance dont il a d�pos� son propre p�re, ce chef d�un Etat dont on oublie de rappeler qu�il est wahhabite tout comme l�Arabie Saoudite a aussi cherch� des noises � Riyadh. Durant des ann�es, les relations de Doha avec Riyadh ont �t� ex�crables car, ajout� au diff�rend frontalier, les Al-Saoud n�ont pas pardonn� � Hamad d�avoir fait un coup d�Etat contre son propre p�re : aucun monarque ne souhaite un putsch contre un autre monarque, de surcro�t pr�s de ses fronti�res. Puis avec ses �printemps arabes�, Hamad, le dynamique, est venu animer le quotidien ennuyeux d�un roi, en liquidant Kadhafi et faisant tomber quelques pions au passage. Ensuite un autre probl�me surgit avec le trublion : le putsch manqu� contre le Kowe�t et la diffusion, en f�vrier 2012, par l�agence iranienne IRIB d�un entretien enregistr� clandestinement lors d�une rencontre priv�e entre l��mir Hamad et le d�funt colonel Kadhafi (en marge du sommet arabe de Damas de 2008). Dans l�entretien, Hamad disait que �Le roi Abdallah est �puis� et incapable de contr�ler le pays� et que viendrait le jour o� le Qatar s�emparerait d�Al- Qatif et d�Al-Sharqiya et d�membrerait l�Arabie. A Kadhafi, il confiait aussi avoir remis un rapport de la situation s�curitaire du royaume suite � la demande des Am�ricains et des Britanniques, et qu�un soul�vement contre les Al-Saoud �tait �imminent�, avant d�ajouter : �Le r�gime de l�Arabie Saoudite va s�effondrer � cause d�un monarque vieillissant qui ne permet pas aux jeunes princes d�acc�der au pouvoir.� Pour le moment, l��mir et le roi ont mis ce diff�rend de c�t�, pr�occup�s qu�ils sont par la d�faite annonc�e de leur projet en Syrie en d�pit des 30 milliards de dollars qu�ils y ont d�pens�s pour acheter des voix complices � l��chelle r�gionale et internationale ainsi que pour l�achat des armes, programmes de communication dans les grands m�dias occidentaux sans parler des agences de communication et de propagande, les agents ou agences de recrutement de mercenaires comme Blackwater, la soci�t� militaire am�ricaine sp�cialis�e dans le recrutement des mercenaires. Lorsqu�ils �choueront en Syrie, ils trouveront une autre victime, le Mali et quelques-uns de ses voisins �tant d�j� pr�ts � �tre embroch�s, et pourquoi pas le Liban qu�Isra�l tient � �mietter ou la Jordanie, consid�r�e par l�Etat h�breu comme la seule patrie des Palestiniens.
Des conflits comme mode de gouvernance
Plusieurs officiels occidentaux importants admettent l�implication d�Al-Qa�da en Syrie : le directeur du renseignement de l�Union europ�enne, Patrice Bergamini, a reconnu (dans une interview accord�e vendredi 17 ao�t au quotidien libanais Al-Akhbar) que des djihadistes y activent. M�me en Turquie et en Jordanie, les bases contr�l�es que les gouvernements de ces pays leur ont cr��es risquent de d�border comme cela se passe au Liban o� l�arm�e a d� sortir ses blind�s pour reprendre le contr�le de Tripoli. Ils comprennent maintenant qu�ils ont �t� bern�s par ce Qatar qui croyait que sa campagne en Syrie serait une promenade comme en Libye, et qu�une horde appel�e �Arm�e syrienne libre� sans armes lourdes ni soutien populaire puisse �branler une arm�e nationale de 200 000 hommes rompue aux arts de la guerre. Les Syriens savent que face � un nombre plus �lev� de terroristes, l�Alg�rie a pu �radiquer la peste djihadiste. Certes en Syrie, la mission de l�arm�e est plus difficile car il s�agit d�une gu�rilla urbaine et donc d�essayer d��radiquer les terroristes sans toucher les civils. En tout cas, les soldats syriens n�ont pas d�sert�, ce qui montre que le peuple est aussi avec son gouvernement, malgr� les primes faramineuses promises par Doha aux tra�tres : 1 million de dollars pour les officiers ! La situation au Mali est, quant � elle, de plus en plus inqui�tante, d�autant que les terroristes recrutent des enfants dans leurs rangs. Le financement des groupes terroristes par Doha est un secret de Polichinelle, et selon Le Canard encha�n�, qui a r�v�l� l�information, l��mirat du Qatar aurait des vis�es sur les richesses des sous-sols du Sahel. Le Qatar est actionnaire dans Total auquel le nouveau gouvernement libyen aurait d�j� promis 35% de ses ressources p�troli�res. Roland Marchal, chercheur au Centre d'�tudes et de recherches internationales de Sciences Po � Paris, �crit : �De la m�me fa�on que le Qatar a fourni des forces sp�ciales pour entra�ner une opposition � Kadhafi, on pense qu�un certain nombre d��l�ments des forces sp�ciales qataries sont aujourd�hui dans le Nord-Mali pour assurer l�entra�nement des recrues qui occupent le terrain, surtout Ansar Dine.� Tandis que le journal Malien L'Ind�pendant du 6 avril (le lendemain de l'enl�vement du consul d'Alg�rie) �crivait qu�un cargo qatari avait atterri � l�a�roport de Gao pour livrer des armes et des stup�fiants aux rebelles, d�autres sources maliennes parlent m�me de plusieurs cargos � des dates diff�rentes, ajoutant que des islamistes affluaient du sud du Niger, du Tchad et du Nigeria (Boko Haram) vers le nord du Mali. Ainsi donc, Hamad fera d�une pierre plusieurs coups, car il ne voudra pas �pargner le pr�sident Oueld Abd Al Aziz de Mauritanie qui a os� le remettre � sa place, en lui disant de s�occuper de ne pas s�ing�rer dans les affaires des autres peuples. Ben Ali, Kadhafi, Moubarak, Ali Abdullah Saleh du Y�men ont tous accus� le Qatar d�avoir planifi� et mis en ex�cution les soul�vements et les violences qui ont �branl� leurs pays : �taient-ils mal inform�s par leurs services de renseignements ?
L��mir �r�volutionnaire� n�est pas un za�m
Dans les pays arabes et musulmans, la diplomatie est presque synonyme d�ang�lisme et se caract�rise par la pr�servation des bonnes relations entre les peuples tout en veillant aux int�r�ts communs. Par contre, c�est le cynisme et l��go�sme qui caract�risent la politique �trang�re du nouvel intrus qui vient bouleverser toutes les cartes, profitant de la faiblesse ou de la tol�rance des fr�res. Loin est la p�riode o� l�Alg�rie envoyait ses ministres des affaires �trang�res r�gler des probl�mes r�gionaux, comme entre l�Irak et l�Iran, quitte � ce qu�un ministre tombe en martyr du devoir. Benyahia a �t� assassin� car il voulait mettre fin � une guerre inutile entre deux pays musulmans pouss�s par les Etats-Unis et leurs valets du Golfe qui ont instrumentalis� Saddam Hussein avant de l�abattre. L�Alg�rie n�est plus que l�ombre du pays des martyrs, plus que le spectre invisible dont on ne montre m�me pas le drapeau lors des r�unions internationales. D�pendant de la Bourse qatarie et am�ricaine, l��gypte elle aussi n�a plus que l�ombre d�un pr�sident en la personne d�une girouette islamiste. Qui doit son fauteuil � Hamad ne peut le contredire. Comme l��mir qatari, Morsi est pour la Palestine mais il ferme les tunnels qui m�nent � Ghaza emp�chant ainsi le transit des biens vers la r�gion sous embargo. Pr�sident copi�-coll�, petit clone d�un Qatar par les complots devenu grand. Pion du m�me clan de la soumission � Isra�l et aux Etats-Unis... Les Arabes se demandent comment de grands pays comme l��gypte, l�Alg�rie et l�Irak sont devenus si petits et comment un si petit Qatar soit devenu si puissant. Et si arrogant. Comme si le Liechtenstein ou Monaco pouvait d�fier l�Allemagne ou la France. Mais Doha a un mod�le en t�te : l�Etat d�Isra�l, dont la puissance est b�tie sur une m�me attitude h�g�monique et suffisamment d�argent pour dominer le monde� La diplomatie qatarie n�est que la traduction d�une politique �trang�re am�ricaine qui essaie de sauver le syst�me unipolaire qui fait encore des Etats-Unis le gendarme du monde. En d�pit de leur agitation, les Etats-Unis ne font que retarder l��ch�ance de la future domination plan�taire par la Chine et par une Russie qui se repositionnent apr�s leur sortie du communisme. Le XXe si�cle n�a �t� un si�cle am�ricain qu�� moiti� et il n�est m�me pas dit que les Etats-Unis domineraient tout le XXIe, en tout cas certainement pas sur le plan �conomique. Mais peut-on dominer militairement face � la Chine et � la Russie si on ne les domine pas �conomiquement ? Le Qatar ? Il ne reviendra probablement pas de sit�t � ses dromadaires et � sa p�che mais son avenir d�pend du futur de ses ma�tres. Son r�le est de battre le tambour, haut et fort, pour faire croire � la primaut� des Etats-Unis d�Am�rique qui recr�e des Pearl Harbour sur son sol pour se donner la l�gitimer de bombarder qui elle veut. Ce terrorisme am�ricain n�cessaire � l�instauration du nouvel ordre mondial ou du Grand Moyen-Orient, il lui fallait l�assistance de l�Arabie Saoudite et d�un cynique comme le Qatar pour qu�il convainque encore quelques dupes. Une volont� d�existence se transforme en volont� de puissance puis d�influence, y compris par les moyens violents de l�ing�rence militaire. Or, le Qatar aurait pu facilement �tre un catalyseur puissant pour le monde arabe, un moteur, une locomotive pr�cieuse pour l�entra�ner de l�avant, le f�d�rer, le souder, le magnifier, mais il a pr�f�r� jouer le r�le contraire, saper une union fragile, aggraver les conflits, attiser les violences, ranimer les inimiti�s et les vieilles ranc�urs, faire le contraire de ce qu�ont fait tous les b�tisseurs d�empires, du moment qu�il a cette pr�tention. La Turquie d�Erdogan a aussi cette pr�tention, chacun voulant �tre le leader d�une m�me r�gion dispos�e � se laisser conduire, vers la r�ussite ou vers l�abattoir, une r�gion qui cherche un guide �claireur ou un meneur aventuriste comme ceux qu�elle a d�j� eus. Pourtant autrefois, des califes qui n�avaient m�me pas l�infime partie de la richesse de Doha ont pu cr�er la dynastie omeyyade, la dynastie abbasside, celle des Hammadides ou de la fi�re Andalousie� Hamad l�anti-calife plein de sous. Quel �chec dans autant de r�ussites ! Le Qatar a r�ussi � se hisser au rang de pays riche, mais il ne dispose pas d�un savoir-faire scientifique ou technologique. Hamad, quant � lui, s�est propuls� sur la sc�ne internationale comme le leader arabe le plus visible. De facto, il est devenu le premier repr�sentant d�une nation depuis longtemps sans za�m, et ce, gr�ce � une cha�ne et de l�argent qui lui ouvrent les portes du monde. Mais ce faux �lectron libre n�est pas devenu za�m car la rue arabe ne lui a pas donn� cette l�gitimit� octroy�e � Nasser, Boumedi�ne, Bourguiba, et m�me Saddam Hussein, Kadhafi et Ben Ali. Il a trahi des peuples qui attendent impatiemment leur nouveau za�m comme les chiites attendent leur imam cach�. ǒaurait �t� tellement facile pour Hamad de devenir une idole, un za�m �clair�, mais il pr�f�re �tre un pantin d�Obama. Il pr�f�re agir comme un pirate � l��re de la razzia ; en pr�dateur alors qu�il dispose de richesses immenses qu�il accumule sans en jouir ou les partager.


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