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Khaoula ou l'amour de la vie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 12 - 2012

De notre envoy� � Filfila (Skikda), Zoheir Za�d
Drif Khaoula est une handicap�e motrice, habitant � Filfila, � une trentaine de kilom�tres du chef-lieu de la wilaya. Elle est l�a�n�e de deux filles d�une famille de cinq enfants.
De notre envoy� � Filfila (Skikda), Zoheir Za�d
Drif Khaoula est une handicap�e motrice, habitant � Filfila, � une trentaine de kilom�tres du chef-lieu de la wilaya. Elle est l�a�n�e de deux filles d�une famille de cinq enfants.
Elle a r�ussi le miracle d�atteindre la 2e ann�e de droit sans doubler une seule ann�e. Mieux, elle a, durant le premier palier, �t� class�e souvent premi�re. Au CEM, sa moyenne trimestrielle a m�me fr�l� le 18/20, alors qu'au lyc�e, elle n�a jamais �t� en de�� de 14/20. L��preuve du bac a �t� un succ�s d�s la premi�re ann�e, 12,42/20 fut la moyenne du passage � l�universit�. Cet exploit scolaire est l�aboutissement de la volont�, �la volont� enfante le miracle�, comme le dit si bien Khaoula. Le fait d�avoir grandi dans une famille modeste, p�re employ� dans le secteur de l��ducation et m�re au foyer, n�a fait que renforcer et surtout soutenir Khaoula dans l�objectif de faire de son handicap, un incitatif � l��volution constante. Selon sa m�re, d�s son enfance, elle s�enfermait dans sa chambre et s�appliquait � �crire avec sa bouche. Ce n�est nullement des propos dithyrambiques, Khaoula �crit avec sa bouche bien mieux que nous, griffonneurs des deux mains. Le complexe d�inf�riorit� a �t� vite chass� de son esprit au fur et � mesure que ses succ�s scolaires la renfor�aient dans la conviction qu�elle est un �tre normal. Au CEM d�j�, comme elle nous l�indique, elle entamait une vie �normale �, ne se sentant nullement inf�rieure aux autres, jouant avec ses amies selon ses capacit�s, assistant aux f�tes de mariage, de bapt�me et autres.
M�re courage
Le grand m�rite revient aussi � sa m�re : la M�re Courage, pour reprendre le titre de la fameuse pi�ce en 12 tableaux de Bertolt Brecht. La maman n�a jamais d�laiss�, un seul instant, les imp�ratifs li�s aux soins de sa fille. Entamant l�odyss�e th�rapeutique par les plantes m�dicinales, et comme le rem�de n��tait pas efficace, elle opta pour la m�decine. En 1994, �g�e seulement de quatre ans, la jeune Khaoula se familiarisa d�j� avec les h�pitaux de sa r�gion, mais aussi de Batna et d�Alger. Au d�but, la difficult� de d�finir la maladie a failli an�antir la qu�te de gu�rison. Une lueur d�espoir a �t� per�ue lorsque des professeurs ont rassur� la m�re que le probl�me de la fille est musculaire, une intervention chirurgicale en France devant suffire � rendre � Khaoula l�usage de ses mains. Les insuffisances financi�res ont toujours �t� l�ultime rempart au retour du sourire chez la handicap�e et chez toute sa famille. La m�re est all�e jusqu�� vendre ses bijoux pour esp�rer qu�un jour son enfant puisse �crire avec sa main. Un v�u qui n�est pas aussi impossible, parole de foi de la maman. Quelle meilleure preuve du d�vouement d�une m�re que celle-ci : durant les deux premi�res ann�es de scolarisation, la maman emmenait cette derni�re � l��cole � bras-le-corps. Khaoula ne marchait pas encore. Cette maman, pr�te � aller jusqu'au bout pour sauver sa fille, conclut par des paroles philosophiques qui se veulent aussi un message d'espoir : �La patience, c�est notre paradis.�
Z. Z.
�YES, WE CAN� �PISODE 1
Il �tait une fois Roma�ssa...
La premi�re fois que j�ai vu Mme Nadia, la maman de Roma�ssa, c��tait lors d�une vented�dicace organis�e dans le grand hall de la biblioth�que municipale de Chlef. C�est mon ami Ali Mejdoub, correspondant du Soir, chirurgien-dentiste et po�te � ses heures perdues, qui me l�a recommand�e. J�ai tout de suite ressenti son immense chagrin. Elle avait un regard d�une tristesse infinie. Elle avan�a d�un pas timide vers la table et chuchota : �Moi, je ne suis pas venue pour acheter un livre� Je suis la m�re de la petite fille qui souffre. M. Mejdoub m�a dit de venir vous voir� � A ce moment-l�, je m��tais dit que Mme Nadia et mon h�te ch�lifien s��taient probablement tromp�s sur la nature de ma mission. Je n��tais ni le ministre de la Solidarit�, ni le p�re No�l. Certes, j�ai eu le privil�ge d�organiser le premier T�l�thon de la T�l�vision alg�rienne au profit de l�Irak et, avec l�aide de cons�urs d� Horizons, j�ai pu apporter ma modeste contribution � quelques op�rations de solidarit� par-ci par-l�, mais je n��tais pas la personne indiqu�e pour ce genre d�actions. Mais plus je regardais Mme Nadia perdue au milieu de la foule, plus je me disais qu�il ne fallait pas la laisser seule et qu�il fallait tenter quelque chose� Avec l�aide pr�cieuse de M. Mejdoub et de M. Boudia, ces troubadours de la litt�rature qui continuent de dessiner des arcs-en-ciels au-dessus d�une ville ass�ch�e de sa s�ve et vid�e de sa culture, nous avons tent� l�impossible. Et je crois que, gr�ce � eux, aux lecteurs, aux autorit�s, nous avons r�ussi !
Intervention personnelle de M. Ouyahia
Apr�s une large campagne de sensibilisation, la petite Roma�ssa, qui souffrait d�une maladie tr�s rare appel�e �syndrome de Rasmussen�, a pu se rendre � Paris pour y subir une d�licate op�ration de 11 heures. M. Ouyahia, alors chef du gouvernement, est intervenu personnellement pour instruire les ministres de la Sant� et de la Solidarit� nationale afin de trouver une issue favorable � cette op�ration humanitaire. Et ce fut le voyage, puis le miracle ! Roma�ssa qui se tordait de douleurs, qui avait le visage d�form� et qui avait progressivement perdu la parole, me parlait de Paris. �Merci�, me disait-elle. Samia, une compatriote mobilis�e en permanence pour aider les jeunes malades alg�riens se trouvant en France pour des soins, me rassurait : �Elle va tr�s bien. L'op�ration a r�ussi !� Commen�a alors un autre combat : la jeune Roma�ssa n'�tait pas pour autant sortie de l'auberge. Une r��ducation postop�ratoire �tait n�cessaire. Elle ne pouvait se faire en Alg�rie car il s'agissait d'une maladie tr�s rare (on compte seulement 35 cas depuis 1987). Les autorit�s alg�riennes ne r�pondaient plus pour une autre prise en charge. Elles pensaient qu'elles avaient d�j� fait beaucoup pour sauver la petite Ch�lifienne. Les choses se corsent quand l'h�pital d�cide de mettre � la rue Roma�ssa. En l�absence des professeurs l'ayant op�r�e et dont on disait qu�ils �taient d�une g�n�rosit� exemplaire, certains bureaucrates n�avaient pas trouv� mieux que de chasser la petite ! Samia t�moignait : �L'h�pital a d�cid� de la sortir, nous l'avons fait vers 18h 30 mais � peine arriv�e � la maison que les vomissements ont commenc� ! J�ai appel� le Samu : elle a �t� �vacu�e vers l'h�pital Rothschild.�
Une ann�e de r��ducation prise en charge par l'Etat fran�ais !
Il faut dire que Samia est une battante comme on en conna�t peu. Tous les jours, elle sillonnait Paris et sa banlieue, sensibilisant les mairies, les associations, les partis, etc. Alors que la maman de Roma�ssa rentrait � Alger pour frapper � sans r�sultat ! � � toutes les portes, Samia ne se d�courageait pas. On n'allait pas laisser tomber la petite Ch�lifienne en si bon chemin ! D�autres Alg�riens et un Fran�ais � le brave Georges Londiche, qu�il m�excuse de froisser sa modestie l�gendaire � inondaient la France et le monde de messages de sensibilisation. Sans r�sultat ! D�courag�e, pein�e de voir une si belle �uvre de solidarit� mal finir, Samia s�isola chez elle et l�, elle se dit : �Je vais tenter le tout pour le tout !� Elle �crivit alors une lettre �mouvante � la S�curit� sociale. Roma�ssa, quand elle me parla de l'h�pital, pronon�ant ses premiers mots, avait d�clar� : �Priez pour moi !� Nous avons pri� et ce fut un autre miracle. Ce jour-l�, Samia, � l'autre bout du fil, avait les larmes dans la voix. Mais des larmes de joie. De bonheur. �Ma�mar ! Roma�ssa a obtenu une prise en charge d�une ann�e ! Une ann�e pour se r�tablir compl�tement ! Nous avons r�ussi ! Romy, c�est ainsi que l�appellent les m�decins parisiens, b�n�ficie d�sormais d'une aide m�dicale d'Etat pour une ann�e qui sera bien s�r renouvelable apr�s. Maintenant, on va se battre pour l'attestation de s�jour, ce n�est pas facile avec la pr�fecture mais nous allons continuer � nous battre !�
Rebelote avec Khaoula ?
C'�tait une belle victoire des faibles et des opprim�s contre la grande machine de l�indiff�rence et de la marginalisation ! Apr�s cette prise en charge d�une ann�e pour sa r��ducation cons�cutive � l�op�ration chirurgicale qu�elle a subie avec succ�s, la petite Roma�ssa �prouvait les pires difficult�s � se rendre aux diff�rents services hospitaliers qui se trouvent parfois aux antipodes de l�agglom�ration parisienne. En plus des probl�mes de transport, elle �tait toujours h�berg�e, elle et sa maman, chez Samia dont il faut saluer le d�vouement. Quant � sa scolarit�, elle �tait compromise � cause de ses multiples d�placements journaliers. Mais les bonnes nouvelles ne s'arr�taient pas : Romy a �t� d�plac�e � la clinique Edouard Rist, dans la capitale fran�aise, pour une prise en charge totale. Dans ce lieu, elle �tait suivie par des m�decins de diff�rentes sp�cialit�s (kin�, ophtalmo, psychologue, etc.) En outre, elle �tait scolaris�e sur place ! Lors des week-ends, elle pouvait aller au cin�, th��tre, mus�e, parcs, etc. �C'est vraiment une chance de tomber sur un centre comme celui-l� parce que les places sont rares, m�me des Fran�ais se voient dirig�s vers la Belgique et la Suisse, faute de places. Je suis �mue et tr�s heureuse pour elle et pour Nadia� Je pense � tous les enfants malades ; une pens�e particuli�re pour Romy�, commentait Samia. Je termine par ces vers du beau po�me �crit par mon ami Ali Medjdoub, en esp�rant la m�me issue pour le nouveau cas que nous soumettons aujourd'hui. Cet �pisode 2 du feuilleton �Yes, we can� se d�roulera-t-il aussi bien que le premier ? C'est � vous, chers amis lecteurs, de r�pondre � cette question.
�Roma�ssa est un tr�sor. pour elle, on ach�terait � prix d'or des champs de mandragore. (�) mais la d�esse Hippone, la belle, l'a prise sous son aile, jusqu'� Paris, chez les vivandiers de Saint Antoine de Padoue pour la sauver.�
Ma�mar Farah
Quelques-unes de vos r�actions
Pour la jeune �tudiante en droit malade n�cessitant une op�ration, je m'engage � verser 10 000 DA, je vous remercie de me signaler � quel compte les verser. Je me permets de vous proposer de soumettre ce cas aux diff�rents op�rateurs t�l�phoniques afin d'avoir un sms surtax� et comme �a, � chaque fois que l'on tape le pr�nom de la jeune �tudiante et que l'on envoie un message � un num�ro court, une somme est vers�e ! �a facilitera l'op�ration aux gens d�sireux d'aider la jeune �tudiante. Merci.
Samir de Tizi-Ouzou
Pour ne pas en rester l�, j'essaye de contribuer � votre initiative en publiant un bandeau publicitaire sur deux sites que j'ai d�velopp�s :
- www.cardiodz.net (que j'ai d�velopp�s b�n�volement pour les �tudiants et m�decins de cardio de l'h�pital Mustapha).
- www.opexa-dz.com. En attendant de pouvoir, je l'esp�re, contribuer plus concr�tement quand on aura les coordonn�es bancaires.
Ahmed Ghanem
Nous avons �t� tr�s �mus par la maladie de la jeune Khaoula et admiratifs devant son courage. Je voudrais conna�tre le num�ro de compte de Khaoula pour apporter ma modeste contribution financi�re � la collecte des 400 millions n�cessaires � l'intervention chirurgicale. Je vais charger notre ami Hamid Dahmani de mettre ton appel sur son site. Toute notre �quipe du �Caf� litt�raire� de Chlef va se mobiliser pour une sensibilisation � ce cas tr�s bouleversant par l'utilisation de la toile et une campagne d'affichage avec la photo et le CCP de Khaoula. Boudia est � Paris, je vais l'informer pour qu'il entre en contact avec nos amis de la capitale fran�aise. Je suis tr�s optimiste quant � l'issue de cette op�ration. �Yes, we can 2.�
Medjdoub Ali, Chlef
Dites-moi o� peut-on envoyer juste une petite contribution � cette jeune fille. Puis-je vous demander un service aussi, vous connaissez peut-�tre des sp�cialistes en b�timent ou entrepreneurs... Qu'ils nous disent combien d'h�pitaux, de scanners, d'�lectrocardiogrammes, d'ambulances, de centres de recherche et de d�pistage de maladies on peut construire avec la somme r�serv�e � la mosqu�e d'Alger ? Khaoula on va l�aider.
Dino
D�j� trois ans. C'est en France que Roma�ssa a �t� sauv�e; son cas aurait pu, aurait d�, devenir un exemple, magnifique, de coop�ration entre la France et l'Alg�rie. Qui ne l'a pas voulu et pourquoi ? Deux questions qui ne doivent pas emp�cher tous ceux qui se sont mobilis�s pour Romy, de �remettre �a�.
Georges Londiche, France
Je suis fonctionnaire et je suis pr�t � contribuer avec 10 000 DA. On ne peut pas �tre 400 � le faire ? Je pense que si... communiquez-moi un num�ro de compte.
Tayeb A�t Kaci
Non-assistance � personne en danger
Alors que tout �tait fin pr�t pour la venue d'une �quipe de m�decins am�ricains volontaires pour effectuer des op�rations chirurgicales sur des enfants atteints d'une grave maladie, l'autorisation de rentrer en Alg�rie vient de leur �tre refus�e par les autorit�s, pour on ne sait quel motif. Un journal arabophone qui rapporte l'information, mentionne que les membres de l'association caritative qui avaient tout pr�par�, sont abattus et ne comprennent pas que l'on puisse agir de la sorte dans un pays incapable de prendre en charge ses malades ou de les envoyer � l'�tranger. S'agissant de ces enfants, ils courent un danger mortel car le mal dont ils sont atteints est assez grave et n�cessite des interventions imm�diates. Cette maladie s'appelle �Spina bifida� et est d�crite comme une malformation cong�nitale de l'embryon � la fin du premier mois de grossesse qui a pour cons�quence la non-fermeture du tube situ� � l'int�rieur de la moelle �pini�re et que l'on appelle �tube neural�. Au moment o� des responsables du pays s'affichent ouvertement dans les cliniques europ�ennes et, parfois, pour des affections b�nignes, il est r�voltant de constater que des Alg�riens qui n'ont pas demand� � aller se soigner � l'�tranger mais qui devaient �tre secourus par des �quipes de volontaires ayant accept� de venir chez nous, sont bafou�s dans leur droit le plus �l�mentaire. Le droit � la vie. O� sont les associations des droits de l'enfant et celles de d�fense des droits de l'Homme ? La non-assistance � personne en danger est un crime puni par la loi.
M. F.
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