Par Hassane Zerrouky Il semble bien loin ce temps � c��tait avant la chute de Hosni Moubarak � o� les Fr�res musulmans, sous le slogan �l�islam est la solution�, multipliaient les promesses � m�me de faire le bonheur des �gyptiens. Aujourd�hui, le pr�sident Morsi et son parti, le PJL (Parti de la justice et de la libert�, l�aile politique des Fr�res musulmans) sont sous pression. Son alli�, le parti Nour (salafiste) a implos� Emad Abdel Ghaffour, son ancien chef et conseiller du pr�sident Morsi, a cr�� son propre parti, Al-Watan. Ainsi, une ann�e apr�s avoir remport� les �lections l�gislatives � 222 si�ges sur les 508 en lice � et pr�s de sept mois apr�s l��lection de Mohamed Morsi, voil� les Fr�res musulmans dos au mur. Depuis le 25 janvier dernier, comm�morant le deuxi�me anniversaire de la chute de Moubarak, plusieurs villes et provinces �gyptiennes sont le th��tre de manifestations quasiment ininterrompues qui ont d�j� fait plus de 60 morts dont 40 pour la seule ville de Port Sa�d. L�arm�e �gyptienne, jusque-l� en retrait apr�s la mise � l��cart du chef d��tat-major et opposant au pr�sident Morsi, le g�n�ral Tantaoui, a d� sortir de sa r�serve. �La poursuite du conflit entre les forces politiques et leurs divergences sur la gestion du pays pourraient conduire � un effondrement de l�Etat et menacer les g�n�rations futures�, a pr�venu le ministre de la D�fense, le g�n�ral Abdel Fatah Al Sissi devant les �tudiants de l�Acad�mie militaire. L�arm�e craint que l�appel lanc� par le Front du salut national (FSN), qui regroupe en majorit� des partis de gauche comme le Courant populaire de Hamdine Sabahi, � manifester en masse vendredi, n�entra�ne le pays dans le chaos. Et l�apparition des Black Bloc, des groupes de jeunes masqu�s, encagoul�s, portant des blousons de cuir et des jeans, se d�finissant comme �une g�n�ration issue du sang des martyrs�, prenant pour cible le pouvoir du pr�sident Morsi qualifi� de �r�gime de tyrans fascistes� et les islamistes, inqui�te les forces politiques. A l�instar de leurs homologues allemands des ann�es 1970 dont ils s�inspirent, les Black Bloc �gyptiens, expression de la d�sesp�rance sociale, sont particuli�rement violents. L�avertissement de l�arm�e a �t� entendu. Le FSN, qui avait une premi�re fois rejet� l�appel au dialogue lanc� par le pr�sident Morsi pour mettre fin � la crise, a d�abord infl�chi sa position, acceptant de dialoguer avec le pouvoir politique. L�un de ses responsables, le prix Nobel de la paix Mohamed Al Barade�, a m�me estim� que �la priorit� est l�arr�t de la violence�. A son tour, Al Azhar a appel� toutes les parties � s�asseoir autour d�une table. Le 31 janvier, les pro-Morsi � les Fr�res musulmans et leurs alli�s � et les anti-Morsi (le FSN repr�sent� par Al Baradei et Hamdine Sabahi, le Mouvement du 6 avril d�Ahmed Maher), ainsi que les salafistes du parti Nour, qui ont pris opportun�ment leurs distances avec Morsi, jouant aux r�conciliateurs entre toutes les parties, signent un accord, d�une port�e politique limit�e, s�engageant � ne pas utiliser la violence et � poursuivre le dialogue. Le FSN revendique �galement la formation d�un �gouvernement de salut national � et la suspension de la Constitution. Vendredi, suite au tabassage en r�gle d�un manifestant par la police, retransmis sur le web, le dialogue a tourn� court. Dans un communiqu� publi� le lendemain samedi, le FSN s�est r�tract� et a appel� � se �ranger totalement aux c�t�s des appels du peuple �gyptien et de ses forces vives � une chute de la tyrannie et � la fin de l�h�g�monie des Fr�res musulmans� ! Une certitude. La poursuite de ces manifestations fragilise et disqualifie les Fr�res musulmans aussi vite qu�ils avaient �t� per�us comme une alternative au r�gime de Moubarak. De ce fait, le �d�gage�, lanc� par la foule �gyptienne en direction de Mohamed Morsi sonne beaucoup plus qu�un simple d�saveu. Ce qui se joue aujourd�hui en �gypte d�passe les fronti�res de ce pays. Ne seraitce qu�en raison du poids strat�gique et culturel de ce pays dans cette r�gion du monde. Apr�s la r�volte des juges contre le pouvoir des Fr�res musulmans, celle des artistes et intellectuels, les journalistes, les jeunes, les syndicalistes et les ouvriers de Mahala, ces vrais acteurs de la chute de Moubarak ne veulent pas que les islamistes et les forces r�actionnaires leur confisquent la victoire remport�e contre Moubarak.