L'armée égyptienne, de nouveau dans le «coup», doit servir de rempart entre les deux parties Cette crise, la plus grave depuis l'arrivée de Morsi au pouvoir en juin dernier, montre un pays profondément divisé près de deux ans après la révolte populaire qui avait poussé Moubarak à la démission. L'Egypte se préparait hier à une journée sous tension, avec des manifestations rivales des partisans du président Mohamed Morsi et de ses détracteurs, sous l'oeil de l'armée chargée de préserver la sécurité jusqu'aux résultats du référendum controversé de samedi. Cette crise, la plus grave depuis l'élection du président issu des Frères musulmans en juin dernier, montre un pays profondément divisé près de deux ans après la révolte populaire qui avait poussé Hosni Moubarak à la démission. Ces manifestations concurrentes font craindre de nouveaux affrontements, après la mort dans la nuit de mercredi à jeudi dernier de sept personnes lors d'accrochages entre opposants et partisans de M.Morsi. Une coalition de partis et mouvements islamistes qui le soutient doit se retrouver à Nasr City, à moins de 2 km du palais présidentiel. La manifestation a été repoussée de quelques heures et devrait se tenir en fin de journée, selon un porte-parole des Frères musulmans. Grand absent, le parti Al-Nour, principale force salafiste du pays, a appelé à s'abstenir de manifester pour ne pas aviver les tensions. L'opposition, emmenée par le Front du salut national (FSN) dirigé par le Prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei, compte défiler, également dans l'après-midi d'hier, sur la Place Tahrir, haut lieu de la contestation dans le centre du Caire, et aux abords du palais présidentiel à Héliopolis, dans la grande banlieue, protégé par l'armée. A la mi-journée, quelque 200 manifestants tentaient de franchir les barrières érigées aux abords du complexe, mais ils étaient contenus dans le calme par l'armée. Le FSN, qui rassemble des partis et groupes en majorité de tendance libérale et de gauche, a rejeté le référendum de samedi et le projet de Constitution soumis au vote. Pour lui, le texte ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation et manque de garanties pour les libertés. Dans un communiqué hier, Amr Moussa, ex-patron de la Ligue arabe et figure du FSN, a fait part de sa «position et de celle du Front qui est de reporter ou d'annuler le référendum». «Reporter le référendum à dans deux mois résoudrait beaucoup de problèmes. Cela nous permettrait de revoir certains articles et donnerait à la société la possibilité de l'étudier et de donner son opinion», a-t-il ajouté. «Mardi décisif», titrait hier le journal gouvernemental Al-Gomhouria qui parlait aussi d'un «nouveau bras de fer avant le référendum». De son côté Al-Wafd, organe du parti libéral du même nom, appelait à «refuser de donner toute légitimité à la Constitution du confessionnalisme et de la division». Le président Morsi a pris un décret lundi par lequel l'armée retrouve le pouvoir d'arrêter des civils jusqu'aux résultats du vote. Ce droit très décrié rappelle la période où les militaires ont dirigé le pays, de la chute de Hosni Moubarak en février 2011 à l'élection de M.Morsi en juin 2012. Cette décision remet au premier plan l'influente armée égyptienne, qui se faisait discrète depuis la mise en retraite de son chef, le maréchal Hussein Tantaoui, en août dernier par M.Morsi. Samedi, elle est réapparue dans le jeu politique en exigeant le «dialogue» pour sortir de la crise actuelle. L'institution militaire s'est posée en garante de la stabilité du pays, en mettant en garde contre un «désastre» qu'elle ne «laisserait pas faire». Des organisations de défense des droits de l'Homme comme Amnesty International, ont dénoncé la possibilité de voir revenir les «procès de civils devant des tribunaux militaires», qui avaient marqué la période où l'armée assurait le pouvoir de transition.