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Olympisme et culture sportive en Algérie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 02 - 2013


Par Belkacem Lalaoui
«La civilisation haute ressemblera à une danse hardie : il y faut beaucoup de force et de souplesse.»
(Nietzsche)
Il y a comme une incapacité ou plus exactement une impuissance de l'olympisme à promouvoir une culture sportive de masse majoritaire, en Algérie, avec un idéal issu de la charte olympique, qui fixe les valeurs essentielles de l'olympisme, régit l'organisation et le fonctionnement du mouvement olympique et instaure les conditions de la célébration olympique : cette «fête quadriennale du printemps humain», destinée, nous dit P. de Coubertin, à élargir la «vision et l'entendement» de la jeunesse. Cinquante années après son indépendance, l'Algérie peine à s'initier à l'olympisme, cette «philosophie de la vie», qui prône que les exercices physiques sont indispensables à l'éducation du corps, à la formation d'un esprit sain et à la transmission des valeurs humanistes. Comme elle peine à diffuser les pratiques sportives dans le champ social ou dans celui de l'éducation.
L'absence d'un modèle de développement sportif
D'olympiade en olympiade, nous éprouvons des difficultés à préparer sereinement cette «fête quadriennale du printemps humain» où chaque nation vient démontrer l'exceptionnalité corporelle de sa jeunesse et exprimer l'esprit de sa culture sportive. On est toujours à la recherche d'un modèle de développement sportif, qui pourrait mettre fin à une «motricité perturbée» de la jeunesse ; symptômes des dysfonctionnements d'un «système éducatif» désuet où le «corps» (premier point d'ancrage où l'individu se construit) est le grand absent. Le modèle sportif olympique dominant offre peu de place à l'initiative et au changement sportif. C'est un modèle qui s'impose à l'individu, qui le consomme d'une manière uniforme. Il se définit davantage comme un travail ascétique que comme un exercice ludique, comme un dépassement de soi que comme un accomplissement de soi. En effet, l'idée d'une éducation sportive globale et régulière, qui procéderait à l'accomplissement et à la socialisation de la jeunesse, est absente du paysage éducatif algérien. C'est ainsi que nous rencontrons des difficultés dans le choix des apprentissages fondamentaux sportifs à faire ; des lieux d'imprégnation à ces apprentissages ; des valeurs à développer ; des formations à entreprendre et du type d'infrastructure à édifier. En somme, nous tardons à faire une bonne fois pour toutes le bilan de notre «pauvreté sportive».
Des «institutions totales»
En voulant rattraper notre retard, en matière de compétitivité sportive, nous nous sommes dépêchés à édifier des «institutions totales» (lycées sportifs, académies sportives, écoles des sports spécialisés, etc.), c'est-à-dire, des lieux où les sportifs sont coupés, décalés ou retranchés du monde extérieur. Des «institutions totales», qui s'apparentent à des «écoles-sanctuaires» dans lesquelles on dispenserait, dans une illusion méritocratique, une «science sportive joyeuse» destinée aux «corps bien-nés» ; sachant vivre à leur guise au-dessus du bien et du mal, au-dessus du vrai et du faux et s'enthousiasmer pour les conquêtes sublimes du corps athlétique. Malheureusement, l'histoire nous enseigne que cette tendance pédagogique, qui voulait faire surgir le maximum d'effort personnel de chaque homme tout en le privant de liberté, a permis la montée en puissance du sport fasciste. Un sport où l'on passe son temps à identifier les individus «mal-nés» équipés d'une «motricité inférieure», de façon à réguler ou à stopper leur reproduction. Pourtant, l'écrivain et journaliste uruguayen E. Galéano nous rappelle, que quand Garrincha commença à jouer au football, les médecins voulurent l'écarter : «Ils diagnostiquèrent que cet anormal, ce pauvre résidu de la faim et de la polio, ignorant et boiteux, avec un cerveau d'enfant, une colonne vertébrale en S et deux jambes tordues du même côté ne serait jamais un sportif»
Les limites de la compétition sélective
Cette obsessionnalité de la détection, on la retrouve particulièrement dans les pays en voie de développement, qui peinent à construire un système sportif cohérent ayant principalement comme modèle la «compétition émulative» pour le plus grand nombre et qui optent pour la «compétition sélective», qui s'opère, elle, toujours au détriment, voire au rejet des autres. En effet, en ghettoïsant la culture sportive de masse dans les terrains de proximité, c'est-à-dire dans les «enfers infra-culturels» (E. Morin), le modèle sportif olympique n'a pas manqué de conduire la population à une «vie sportive en marge», celle de millions d'Algériens et d'Algériennes qui ont vécu réforme après réforme sans vivre réellement la pratique d'un sport. Valorisant, spécialement, un corps «technicisé», «géométrisé», «biomécanisé», le modèle sportif olympique a instauré une culture sportive extérieure à la réalité sociale, empêchant ainsi le véritable jeu «sportif» de s'enraciner durablement au sein de la société, et plus particulièrement dans les institutions d'éducation et de formation. N'ayant pas su provoquer un grand mouvement de masse pour une éducation sportive réelle, en entreprenant l'action dés l'école, il est en phase de promouvoir l'«inégalité sportive» comme valeur morale. C'est un modèle avec lequel on continue d'entretenir une culture de la différence et de l'exclusion. Aujourd'hui, on doit se pencher, de manière renouvelée, sur le rôle et la place du modèle sportif olympique dans la construction d'une culture sportive pour tous. Car, un modèle sportif, quel qu'il soit, doit être constamment soumis à des changements et à des recompositions en fonction de sa capacité à répondre aux attentes de la population.
L'importance de l'«élément ludique» dans l'activité sportive
Il y a dans le modèle sportif olympique beaucoup de l'histoire du rapport au corps, à l'éducation et au jeu. Création de la société occidentale des XIXe et XXe siècles, il témoigne d'un certain rapport au monde, d'une certaine représentation philosophique de l'existence, entraînant avec elle des représentations de l'homme. C'est une pédagogie, qui vise à réhabiliter le corps : «Je rebronzerai une jeunesse veule et confinée, son corps et son caractère par le sport (...) Et tout cela pour tous, sans distinction de naissance, de caste, de fortune, de situation, de métier» (Coubertin). Pour Nietzsche, aussi, le «corps» est le terreau fertile où doivent s'enraciner les valeurs nobles. En effet, dans son entreprise de réhabilitation d'un corps méprisé par le christianisme et sa morale ascétique marquée par la dénégation du corps, Nietzsche valorise la culture corporelle et rend hommage à la beauté plastique. Pour ce philosophe, le corps constitue le substrat d'une nouvelle culture et la promesse d'une humanité neuve. Il n'en est pas de même pour certaines cultures où les lieux de pratiques corporelles sont voués aux gémonies et où seule demeure une pratique spectaculaire dans le stade. L'olympisme, aux yeux de Coubertin, c'est édifier une éducation «complète» à tous points de vue. Le moyen de cette «éducation idéale» est le «sport», qui cultive une saine jeunesse, restaure sa morale et sa discipline, enrichit ses passions et favorise le progrès social. Mais le rôle du «sport», en tant que facteur de développement culturel, dépend principalement de la persistance de l'«élément ludique», que l'on ne retrouve plus dans la pratique sportive, en Algérie.
Le jeu «sportif» : un moyen d'enculturation
Aujourd'hui, le jeu «sportif» gratuit et désintéressé d'émulation et de compétition, qui permet à l'enfant de s'approprier la perfectibilité corporelle et d'affirmer une «invention de soi», a déserté l'école algérienne. Moyen d'enculturation, le jeu «sportif» proclame la spontanéité, la créativité, le besoin de grandir et de réussir. «Révélation de soi à soi, révélation des autres à soi, révélation de soi aux autres» (J. Château), il permet à l'enfant de goûter à l'expérience de la grande liberté, de l'émerveillement et du plaisir. Le jeu est «ce que fait l'enfant quand il dit qu'il joue» (J. Piaget). Mode d'expression et d'affirmation de soi, il participe à la mise en place de la socialité, c'est-à-dire à cet ensemble de petits liens qui donnent lieu à un nombre infini de «formes de relations» et de «formes d'action», contribuant ainsi à fabriquer le caractère d'une culture sportive. Dans le quotidien, la libre turbulence du jeu «sportif» nous aide à comprendre les différents usages traditionnels et ludiques du corps forgés par différentes sociétés et cultures, et utilisés dans le façonnage corporel. Ce sont tous ces usages corporels ludiques assimilés au sein d'une culture, qui prédisposent l'individu à des types de communication, d'action et d'échange bien particuliers.
Le jeu «sportif» : fabricateur de héros et de légende
Malheureusement, dans notre société, le sport est devenu une simple «technique» au service de l'«exploit sportif» et du «spectacle». Le jeu «sportif», qui développe le rapport aux autres et à soi, la socialité, l'empathie, l'être ensemble, n'a plus cours dans les institutions d'éducation et de formation. Confronté à un environnement hostile, agressif et violent, l'enfant algérien ne sait plus jouer : sa motricité s'est atrophiée, son corps est devenu chair. Aujourd'hui, il lui faut connaître un entraîneur et avoir l'autorisation d'un médecin, pour pouvoir simplement aller gambader, c'est-à-dire courir, sauter, lancer, grimper, etc. Le jeu «sportif» fabricateur d'imaginaire, de héros et de légendes, sans entraîneur, sans arbitre, sans horaire fixe ; celui qui donnait l'occasion à des jeunes d'injecter du vitalisme dans la localité, n'existe plus. Le jeu «sportif», qui contribuait à instaurer dans les quartiers une manière particulière de jouer et de se comporter, a déserté le paysage local. Bref, «au fur et à mesure que le sport s'est transformé en industrie, il a banni la beauté qui naît de la joie de jouer pour jouer» (Galéano). En fin de compte, la disparition programmée de la «composante ludique» dans le sport menace de priver la jeunesse algérienne d'un des fondements majeurs de son «identité» : la générosité.
En Algérie, le sport a perdu son identité
En Algérie, le sport n'est plus une activité socioculturelle «qui nous affecte et retentit en nous». Il ne procure plus ce «plaisir social», qui enracine la culture sportive dans le collectif et lui donne sa force. Même les objets de la culture sportive, qui nous entourent (stades, gymnases, piscines, etc.) n'ont plus d'âme. Ce ne sont plus des édifices culturels, qui contribuent à tisser du lien social ; c'est-à-dire des espaces de mobilisation consensuelle où l'on apprend à grandir, à respecter les autres, à accepter la différence, à suivre les règles et les normes. Le sport, en Algérie, a perdu son identité. Il n'apprend plus à vivre en «sympathie» avec les hommes. «On doit admettre, nous dit G. Gusdorf, que c'est, pour une culture donnée, un signe de déclin lorsque se perd l'esprit de jeu dans le fonctionnement des institutions». Aujourd'hui, c'est l'ère de la construction des grands stades et de la pose des pelouses dernières générations, destinées à améliorer le jeu technique de quelques champions. Coubertin s'inquiétait, déjà, de cette dérive dès les premiers Jeux olympiques d'Athènes (1906), en écrivant dans ses mémoires : «A Athènes, on n'avait fait, pour ainsi dire, que de la technique habillée d'histoire (...) aucune préoccupation morale ou pédagogique apparente.» Il s'agissait, pour lui, de placer le rôle du CIO au-dessus de celui de simples groupements à vocation technique. Coubertin voulait donner au mouvement olympique une large assise philosophique, pédagogique et morale.
Le jeu «sportif» symbolise une forme d'excellence
Le jeu «sportif» est passé d'un modèle britannique de perfectionnement du don à un modèle d'exploitation du corps. Aujourd'hui, qu'est-ce qui fait un champion ? C'est la «capacité à souffrir», répond J. Anquetil. «Le champion est un être doué que l'on va fatiguer intensément, de façon à obtenir un rendement maximal de la mécanique humaine (...) : ce n'est pas un homme dont on cherche à optimiser la santé.» (P. Yonnet). Etre champion, c'est aller à la recherche de cet extrême tant physique que psychique : c'est être excellent. Mais qu'est-ce qu'être excellent, pour une culture donnée ? Rappelons que dans la Grèce antique, les cités rivalisaient déjà entre elles dans plusieurs registres (chant, poésie, théâtre, jeux «sportifs») où l'excellence pouvait se manifester. Etre excellent dans un jeu «sportif», chez les anciens Grecs, c'était viser simplement la victoire (dépasser son adversaire dans une course, lancer plus loin, sauter plus haut que lui, etc.). Aussi, les anciens Grecs ne quantifiaient pas leur performance. «Pour eux, l'homme était encore la mesure de toute chose, non pas l'objet de mesures sans fin.» Pour Ibn Sina (Avicenne), la «véritable excellence» c'est rechercher l'harmonie, la proportion, la juste mesure, le bien-être : elle se mérite par l'exercice. Ce philosophe portait une considération positive sur le corps et attachait une importance capitale à certains «exercices», dans l'éducation de l'«homme parfait». Par le «canon» d'Ibn Sina, le monde musulman du Xe siècle avait presque tous les jeux «sportifs» de notre temps : lutte, course, tir à l'arc, lancement du javelot, gymnastique, boxe, escrime, natation, équitation, haltérophilie, jeux de balles avec le maillet, la canne de hockey ou le bat. En analysant en profondeur la réalité historique et sociologique du jeu «sportif», l'Américain Guttmann a mis en relief des similitudes d'un jeu, pratiqué par les peuplades berbères de Libye, avec le base-ball. Le jeu s'appelle : ta kurt om el mahag, «la balle de la mère du pèlerin». L'anthropologue italien, qui le découvrit, le compara à une forme élémentaire de base-ball. Personne ne peut dire avec certitude comment ce jeu parvint en Afrique du Nord. Il en est de même pour ce qui est de l'institution «club». A l'apogée de la civilisation islamique (750-1050), les «clubs culturels» fleurissaient à Bagdad (philosophie, poésie, musique, jeux sportifs, etc.) ; ils avaient pour fonction de préparer l'individu à une forme d'«excellence». Dans le registre des jeux «sportifs», le «club» était le lieu où l'on s'exerçait à perfectionner certaines qualités physiques et morales. On accordait, par exemple, de l'importance à la «tenue physique», c'est-à-dire, aux façons habituelles de tenir son corps. Dans son histoire de la civilisation, Will Durand nous rapporte l'histoire d'un club à Bagdad (en 790 plus exactement), qui faisait parler beaucoup de lui, en matière d'excellence. Ce club était composé de dix membres : un sunnite, un chiite, un kharijite, un manichéen, un poète, un matérialiste, un chrétien, un juif, un sabéen et un zoroastrien. Leurs réunions, nous dit Will Durand, se distinguaient par une «attitude» pleine de tolérance mutuelle, de bonne humeur et de courtoisie. C'était l'époque où l'islam était une religion de tolérance et de courage morale.
Le jeu «sportif» : un élément de culture en voie d'extinction en Algérie
L'idée centrale, dans cette contribution, est de mettre en relief le processus d'extinction de l'«élément ludique» dans le sport, en Algérie. Il ne faut point rechercher dans l'hérédité, mais plutôt dans l'héritage, l'explication de ce processus d'extinction. Des déterminismes «puissants» seraient à l'œuvre dans le déclin de cet élément de culture. Cela est dû, en premier lieu, au dédain, voire à la répulsion que continue de manifester la société à l'égard des exercices du corps ; mais aussi à cette indifférence fondamentale à l'esprit de compétition, dans une société où le destin de l'homme est fixé dès la naissance. Il y a enfin cette succession de mauvaises politiques sportives (de mauvaises lois sportives) menées depuis quelques décennies et qui n'ont pas réussi à structurer le jeu «sportif» à partir des différents niveaux du système éducatif national. Car une culture sportive ne peut s'infiltrer dans le corps social que par le biais de l'école. La culture sportive dépasse de loin la seule prise en compte des pratiques générées par les structures fédérales classiques. Aujourd'hui, la régression de la «composante ludiqu», dans le sport Algérien, est profonde : elle touche le style de jeu des équipes nationales. En effet, la culture technico-tactique d'une équipe nationale, c'est certes une «cohésion opératoire», qui relève du technique et du tactique ; mais c'est aussi et surtout une «cohésion sociale» qui est de l'ordre de l'affectif. La cohésion sociale imprime au jeu un «style» particulier. Elle le dote d'un «caractère». Or, en désertant l'école, le jeu «sportif» a empêché ce «caractère» de prendre forme, d'évoluer, de s'affirmer et de se cultiver. Aujourd'hui, non seulement, les enfants ne savent pas «jouer» ensemble ; mais une fois adultes, ils ne veulent plus «vivre» ensemble. Or, dans le sport, pour bien «jouer», il faut d'abord apprendre à «vivre» ensemble.


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