A chaque fois que nos voisins de l'Ouest évoquent rêveusement leur grande nation, qui s'étendrait de Tindouf au Mali, en passant par la Maurétanie, les Algériens, fiers et aâbqaristes, comme on n'en fait plus, se moquent et ricanent en évoquant les enclaves, encore sous emprise espagnole, de Ceuta et Mellila. Que de fois n'ai-je moi-même ricané à l'évocation de ce rêve insensé de «notre ami le roi» (!!!). Jusqu'au jour où, alors que je m'épuisais dans mon footing habituel, sur la route de Staouéli, en longeant cette «Grande muraille de Chine» truffée de caméras de surveillance et de projecteurs, qui ceint «la principauté de Club-des-Pins», je me suis rendu compte que, nous aussi, nous avons des enclaves sous occupation ! Il n'y a pas d'autres mots pour qualifier cette situation. Alors que nos valeureux combattants ont, à leur époque, courageusement bouté le colonisateur hors de nos frontières, quelques années plus tard, de nouveaux colons ont sournoisement recolonisé des territoires entiers de notre beau pays, les réservant à leur propre usage et à ceux de leur progéniture et en interdisant toute approche au commun des citoyens, à la plèbe, au ghachi. A moins d'obtenir un visa pour cela. Seulement voilà, autant l'administration qui délivre les visas pour Ceuta ou Mellila est clairement identifiée, autant celle qui les délivre pour nos enclaves sous occupation n'est connue que de quelques initiés. Et puis, à bien réfléchir, il n'y a pas que la «principauté de Clubdes- Pins» qui est interdite au peuple, car bien d'autres enclaves sous occupation existent dans tout le pays : - une bonne partie de la plage El Bahdja, depuis l'extension de Club-des- Pins ; - une grande partie de Palm Beach ; - les accès de Sidi Fredj par l'hôtel Sheraton ; - une partie de la plage Colonel- Abbès ; - une bonne partie de la zone côtière de Tipasa ; - une partie de la plage de Bousfer ; - des zones entières sur la côte de Annaba ; etc. Ainsi, dans ce beau pays «libéré » en 1962, grâce au courage de nos valeureux combattants, des kilomètres de plage et des kilomètres carrés de territoires ont été soustraits à la souveraineté du peuple pour être réservés à de nouveaux roitelets et à leurs proches. En même temps, tous ces «retranchés» affirment œuvrer pour le bien-être de ce peuple qu'ils ne connaissent même pas, car vivant dans leurs bunkers hyper-sécurisés et ne le côtoyant jamais. Mon Dieu, que j'ai mal pour l'Algérie !