Par Salem Hammoum De derri�re son bureau feutr� parsem� de brochures scientifiques et d�un Coran rouge brique discr�tement entre des feuillets �pars, le professeur Nekhla semble perdu dans ses contemplations. Il vient de sortir du bloc op�ratoire, et dans sa t�te d�filent les images de l�acte chirurgical qu�il venait d�accomplir. A-t-il fait tout ce qu�il fallait pour annihiler la lourde pathologie qu�il venait d�op�rer ? Son malade se remettra-t-il de l�intervention ? Une question r�currente qui tarabuste les chirurgiens qui pratiquent des actes qui nous font mal pour notre bien. Ces hommes plein d�humilit� qui ont beaucoup de respect pour le corps humain �une forteresse cr��e par le Tout-Puissant�. Pr Nekhla, ce grand monsieur de la chirurgie, ne se prend jamais la t�te. Pour lui, le chirurgien doit �tre affable, abordable et la confiance de tous les instants doit r�gner entre son patient et lui. Beaucoup d�humilit� en somme chez ce pur produit de l�universit� alg�rienne sp�cialis� en chirurgie thoracique et cardiovasculaire et dans la transplantation r�nale. Enfant, le petit Ahmed r�vait de devenir m�decin. Alors que ceux de son �ge ne se lassaient pas de jouer, lui m�dite le sort des autres. Sensible � la douleur, il ne supportait pas de voir les gens souffrir. Soulager la souffrance des autres, sauver des vies et r�parer le corps humain �taient devenus une obsession pour cet enfant qui a beaucoup de respect pour les cr�atures de Dieu. Une passion n�e alors qu�il �tait au primaire, � l��cole capitaine Mennani d�Alger, qui a m�ri alors qu�il �tait coll�gien au sein de ce m�me �tablissement, puis au lyc�e Emir-Abdelkader de Bab- El-Oued. C�est l� qu�il avait la certitude qu�il �tait pr�destin� � la m�decine, sp�cialit� chirurgie. Et ce n��tait gu�re une surprise, pour ceux qui connaissent Ahmed, de le voir atterrir � la facult� de m�decine d�Alger apr�s le tronc commun � Bab-Ezzouar. Ahmed savait les sacrifices qu�il fallait consentir pour r�aliser son r�ve. La premi�re �tant les comp�tences intellectuelles. Mais pour cela, il n�avait pas beaucoup de soucis � se faire, dou� qu�il �tait pour les �tudes. La famille �tait bien �videmment fi�re du parcours scolaire et universitaire de son enfant et �tait la premi�re � s�en r�jouir. Avoir un chirurgien dans la famille n�est pas donn� � tout le monde. Mais le jeune Ahmed ne se consid�rait jamais comme un prodige. Sa seule satisfaction �tait de r�aliser son r�ve d�enfance : redonner espoir aux gens qui souffrent et att�nuer leur mal � d�faut de l��radiquer. Un sentiment qui a pris d�finitivement forme une fois admis � la facult� de m�decine d�Alger. Pers�v�rant, il ne tardera pas � �tre promu assistant en chirurgie g�n�rale � Blida chez le Pr Si Ahmed. Par la suite, il sera affect� en qualit� de ma�tre-assistant en chirurgie thoracique et cardiovasculaire chez le Pr Chaouche � l�h�pital Mustapha. Il fera �galement un passage en France dans la ville de Dijon o�, une ann�e durant, il se perfectionnera. De ce passage, il ram�nera une autre vision de la m�decine. Cela avant de se voir proposer le service de chirurgie thoracique et vasculaire du CHU de Tizi-Ouzou, unit� le Belloua o� sa venue constitue une planche de salut et un objet de fiert� pour cette populeuse r�gion dont le CHU datant de l��poque coloniale s�av�re exigu. Son domaine d�expertise restant la chirurgie thoracique, la chirurgie vasculaire et la transplantation r�nale. Il ne rate aucune occasion pour se former aux nouvelles techniques d�intervention. Un sentiment �galement partag� par ses anciens patients qui ne tarissent pas d��loges sur ses comp�tences. Son respect pour l�anatomie se retrouve m�me dans sa fa�on d�op�rer : l�itin�raire de la plaie chirurgicale est souvent de moiti� plus petit que celle pratiqu�e par un autre chirurgien. Le Pr Nekhla s�est toujours senti fait pour cette sp�cialit� m�dicale qui occupe pr�sentement tout son temps au point d�oublier parfois de vivre pour soi. L�h�pital est devenu sa deuxi�me maison et il ne compte plus les nuits de garde. A l�h�pital, il est toujours le premier � saluer les patients et leurs parents. Ces derniers le lui rendent en se faisant ses meilleurs ambassadeurs. Le transfert entre le chirurgien et son patient est en effet primordial, estime-t-il. Notre chirurgien sait que de cette relation humaine d�pend pour une large part une bonne �volution de la chirurgie.