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Me MILOUD BRAHIMI AU FORUM DE LIBERTE :
«La justice ne reçoit que ce qu'on lui envoie»
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 04 - 2013

Invité hier du forum hebdomadaire du journal Liberté , Me Miloud Brahimi, avocat de renom, est revenu sur les affaires de corruption traitées présentement par la justice mais aussi, plus généralement, sur la Constitution et l'Etat de droit. Son sentiment, voire sa conviction est que les affaires de l'autoroute Est-Ouest, de Sonatrach 1 et 2 ne sont pas parties pour devenir de grandes affaires. Explication.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - L'avocat ne conteste pas la véracité des faits de corruption dans lesdites affaires, loin de là. Il soutient même que les faits sont avérés. Seulement, il ne pense pas, conviction personnelle, que ces affaires qui alimentent ces temps derniers les chroniques médiatique et judiciaire, traduisent la lutte contre la corruption à proprement parler. Et pour cause ! Me Brahimi estime que ces affaires ont atterri au niveau de la justice parce que les services de sécurité, qui ont mené les enquêtes et ficelé les dossiers, l'ont bien voulu. «La justice ne reçoit que les dossiers qu'on veut bien lui envoyer», soutient-il, après avoir indiqué que «l'affaire Sonatrach 1 est sortie des chapeaux du système pour, comme on dit, dégager Chakib Khelil. Sonatrach 2 est un dérapage né de Sonatrach 1». Et d'entre les affaires qui font aussi couler de l'encre, l'affaire Khalifa Bank, évidemment. Me Brahimi, qui ne cesse de dénoncer le maintien illégal en prison de quatre personnes condamnées dans le premier procès et qui observent une grève de la faim depuis le 18 avril dernier, a repris de dire que le report du procès en appel, début avril, a été préalablement programmé. «L'avant-veille de l'ouverture du procès, une personnalité m'a dit que le procès allait être reporté. Ce qui s'est avéré, par la suite.» L'avocat estime que ce report, programmé, donc, dénote de la difficulté pour le système de gérer le dossier. «Trois procès en même temps, ça en faisait trop pour le système», affirme Brahimi, après avoir fait remarquer que la corruption est liée à la nature du système qui, depuis l'indépendance, a mené trois campagnes de lutte contre la corruption : celle du début des années 1980 qui était, selon lui, une campagne de déboumediennisation, celle des années 1990 qui a visé essentiellement Sider et Cosider dans le but de faciliter leur privatisation et celle présente. Concernant la campagne des années 1980, Me Brahimi mettra en relief le rôle qui a été fait jouer à la Cour des comptes : un rôle dont elle ne s'est pas relevée, jusqu'à aujourd'hui. Quel moyen efficace de lutte contre la corruption ? Pour Miloud Brahimi, la corruption n'est pas que l'affaire de la justice. «Il faut que les affaires de corruption fonctionnent.» Evoquant la question de l'Etat de droit, Me Brahimi considère que la Constitution, qui, précise-t-il préalablement, n'a jamais pesé dans la vie de Algériens, doit être protégée de sorte à ce que la démocratie prévale quel que soit le parti qui accède au pouvoir. Il pense que ce rôle de protection doit revenir à l'armée, à condition que cette dernière se retire de la vie politique et qu'elle n'ait pas «la compétence de sa compétence», autrement dit qu'elle n'intervienne pas de son propre chef mais saisie pour cela. Me Brahimi plaide pour la constitutionnalisation de la langue tamazight et pour la création, à travers la Constitution, d'une institution qui défende les droits des femmes.
S. A. I.
Application de l'article 88 de la Constitution : on n'en est pas là
Interrogé sur l'application éventuelle de l'article 88 de la Constitution, conséquemment à la maladie du chef de l'Etat, Me Brahimi dit ne pas savoir comment fonctionne l'article 88 de la Constitution qui statue sur le cas d'incapacité du président à assumer ses charges. Cependant, l'avocat estime qu'«on n'en est pas là».


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