Les syndicats du secteur de l'éducation qui ont déjà entamé au cours des dernières semaines de larges mouvements de protestation, ne semblent pas porter de grands espoirs sur les rencontres bilatérales prévues pour cette semaine avec le premier responsable du secteur. Statut particulier, situation des travailleurs du Sud et pratiques syndicales, autant de dossiers sur la table des négociations, qui ont été déjà les sujets de discussions sans que ces dernières n'aboutissent à un accord entre les deux parties. F.-Zohra B. - Alger (Le Soir) - Dès ce début de semaine, le ministre de l'Education, Abdellatif Baba Ahmed, rencontrera individuellement les syndicats du secteur. Ces rencontres ont été décidées après la rencontre qui a réuni samedi dernier, les deux parties sans que cela n'aboutisse pour autant à un consensus. Toutefois, les représentants des travailleurs expriment leur scepticisme quant à l'aboutissement à une satisfaction de leurs revendications à la suite de cette série de rencontres. Sadek D'ziri, porte parole de l'UNPEF, son syndicat, a reporté la tenue de son conseil prévu les 5 et 6 mai aux 8 et 9 mai, du fait qu'il doit se réunir avec les responsables du ministère de l'Education pour ce 7 mai. Le syndicaliste précisera, à cet effet, que le contenu des discussions avec le ministre sera transmis aux membres du Conseil national pour décider des actions à entreprendre. «Nous n'attendons pas beaucoup de cette rencontre, mais nous devons transmettre notre message au ministre, lui donner notre point de vue sur les grands dossiers, pour défendre les droits des travailleurs», a déclaré Sadek D'ziri, qui expliquera que certaines parties donnent de fausses informations au ministre. «L'on explique au ministre que le dossier du statut particulier ne peut être rouvert. Cela est faux. Au contraire, si quelques articles sont rectifiés, cela calmera les conflits que connaît le secteur », précise notre interlocuteur. S'agissant de la question des corps communs, le syndicaliste rappellera que les travailleurs ayant des salaires dérisoires ne pourront voir leur situation s'améliorer avec une augmentation des primes de 10%. «Le dossier doit être rouvert et des primes conséquentes doivent être données aux travailleurs», a souligné le syndicaliste. Il dira enfin que si la tutelle persiste à ignorer les revendications des travailleurs, le syndicat ira vers un large mouvement de protestation. Pour sa part, Meziane Meriane coordinateur du SNAPEST précisera que son syndicat reste sceptique concernant les bipartites prévues cette semaine : «Nous avons déjà eu une réunion samedi dernier qui n'a pas donné de résultats concrets et nous doutons qu'une semaine après, le ministre décide de répondre à nos doléances, et qu'il y ait un changement», a déclaré Meziane Meriane. Il expliquera, en outre, que les déclarations du Chef du gouvernement et surtout celles du ministre du Travail concernant les primes des travailleurs du sud du pays restent floues du fait que les délais de leur application n'ont pas été fixés. «Nous entendons ce genre de discours depuis 2009, est-ce encore une manière de gagner du temps ? Si le problème des travailleurs du Sud n'est pas réglé, nous risquons d'aller vers un dérapage, et la responsabilité de cette situation incombera à ceux qui sont payés pour trouver des solutions», s'est indigné Meziane Meriane. Nouar Larbi du CNAPEST qui devra rencontrer le ministre de l'Education demain dimanche, explique qu'un certain nombre de dossiers restent sans réponse. «Nous remettrons nos revendications sur la table de discussions. Nous exigerons notamment notre présence dans l'élaboration de la prime de zone. Nous dénonçons les disparités enregistrées dans l'octroi de cette prime. Les travailleurs doivent la recevoir suivant des critères logiques, comme cela est le cas pour l'éloignement», souligne le syndicaliste. Concernant l'application du statut particulier, Nouar Larbi précisera que son syndicat n'exige pas de le revoir, mais évoque plutôt certaines conditions de son application. M. Idir, coordinateur du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) commencera par préciser que son syndicat n'a pas été invité à rencontrer le ministre, dans le cadre de la série de rencontres avec les syndicats du secteur : «Le CLA a été agréé au mois de janvier écoulé ; en dépit de cela, nous n'avons pas été invités à l'instar des autres syndicats. Nous ignorons donc les raisons de cette discrimination», a déclaré le coordinateur du CLA. Il a ainsi annoncé un rassemblement décidé par son syndicat devant le ministère de l'Education, le 22 mai prochain. Le CLA revendique notamment la réouverture du dossier du statut particulier. M. Idir rappellera aussi que les enseignants du sud du pays en sont à leur quatrième semaine de grève. «L'intersyndicale devra décider si oui ou non elle renouvellera l'appel à la grève. Nous avons entendu les promesses du Premier ministre concernant le calcul des primes du Sud, mais concrètement il n'y a rien encore», déclare le représentant du CLA dénonçant aussi «les entraves à la pratique de l'activité syndicale au niveau des wilayas du pays». A la veille des examens de fin d'année, la situation reste tendue dans le secteur de l'éducation et les syndicats semblent prêts à aller jusqu'au bout de leurs revendications.