L'Etat a manqué de rationalité en matière d'investissements publics depuis 2004. Plus de 160 milliards de dollars, soit 60% des dépenses d'investissements, n'ont pas été consommés dans le cadre de la réalisation des deux programmes de développement quinquennaux 2005-2009 et 2010-2014. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Prévus pour être alloués sur une enveloppe globale de 386 milliards de dollars consacrés pour le programme complémentaire de soutien à la croissance (2005-2009) et le plan quinquennal 2010-2014, quelque 166 milliards de dollars n'ont pu être absorbés dans la mesure où l'Etat a manqué de visibilité. Voire, les pouvoirs publics n'ont pas respecté les échéances qu'il se sont fixées, engageant des investissements majeurs de manière incohérente. Certes, le directeur général de la prévision et des politiques DGPP) auprès du ministère des Finances, cité hier par l'agence nationale de presse APS et qui a fait état d'un montant «effectivement décaissé» par le Trésor public de l'ordre de 220 milliards de dollars (15 800 milliards de dinars) sur un montant global de 386 milliards de dollars, a mis en avant la réalité du marché algérien. Selon Sidi-Mohamed Ferhane, l'«écart» entre le niveau décaissé de 220 milliards de dollars et le montant inscrit de 386 milliards de dollars «constitue principalement un reliquat qui n'a pu être consommé en raison de la faiblesse des capacités de réalisation aussi bien internes qu'externes du secteur du BTPH notamment». Néanmoins, l'exécutif s'engage à financer des projets publics sans bien identifier les capacités de réalisation des entreprises nationales et étrangères et sans bien optimiser ses engagements. Et ce nonobstant la question de la cohérence des études de projets d'équipements même si l'on indique à la DGPP que les dépenses d'équipements réalisées dans le cadre de la mise en œuvre des trois programmes d'investissements publics lancés en Algérie sur la période 2001-2012, donc y compris le premier programme de soutien à la relance économique 2001-2004), ont, quant à elles, atteint 15 400 milliards de dinars quelque 230 milliards de dollars). Comme l'Etat engage des investissements de manière incohérente, se prévalant de la disponibilité actuelle des ressources financières sans prendre en considération le risque de réduction des recettes et moult autres contraintes économiques et même politiques, et sans une gestion rationnelle en termes de respect des délais. Or, l'Exécutif élude cette incohérence même si le représentant du ministère des Finances argue à propos du devenir des projets non réalisés ou inachevés après l'expiration du plan quinquennal actuel, qu'ils seront «concrétisés dans tous les cas du moment que leur financement existe». Pourtant, l'on estime que les montants d'investissements décaissés entre 2004 et 2013 dépassent, à titre comparatif, le PIB annuel de l'Algérie en 2012 ou encore le cumul des réserves de changes sont assez rentables sur le plan socioéconomique. Selon M. Ferhane, un «impact indéniable» a été enregistré sur l'activité du BTP et des services marchands dont les valeurs ajoutées respectives devraient croître en moyenne de 8% et de 7% entre 2004 et 2013, selon la DGPP. Comme l'on indique que la croissance du PIB hors hydrocarbures a de son côté évolué à un rythme annuel moyen de 6% durant la même décennie. Et ce même si le secteur des hydrocarbures enregistrait, depuis 2006, des évolutions négatives entraînant la croissance économique vers le bas, rappelle le responsable ministériel qui note que le poids de la valeur ajoutée du secteur de l'énergie dans le PIB nominal est de 30-40%. Le PIB global de l'Algérie a progressé à son tour, en moyenne, de près de 3,5% par an durant la même période, selon la même source. Quant aux dépenses budgétaires, l'on fait état d'un niveau de près de 30% de son PIB sur la période 2000-2006 et 40% du PIB en 2011. D'autre part, l'effort financier déployé par l'Algérie a fait régresser le taux de chômage de près de 20 points depuis 1999, selon la direction générale du ministère des Finances qui se réjouit, par ailleurs, du fait que l'investissement public réalisé depuis 2000 a «influé positivement sur le cadre de vie des citoyens». Chérif Bennaceur Plus de 44 milliards de dollars de déficit du Trésor Le Trésor public algérien a enregistré un déficit de 3 281 milliards de dinars (plus de 44 milliards de dollars) en 2012, soit 21% du PIB, un chiffre inférieur au déficit prévisionnel (plus de 4 100 milliards de dinars). Le déficit du Trésor, aggravé par une hausse remarquable des dépenses de fonctionnement en 2012, destinée à prendre en charge les augmentations salariales, résulte de l'écart entre des recettes budgétaires recouvrées, hors recettes du FRR (Fonds de régulation des recettes), à 3 876,3 milliards de dinars en 2012 (+11% par rapport à 2011) et des dépenses «réelles» qui ont avoisiné 7 170 milliards de dinars (+22,5%). Voire le Trésor public à décaissé 4 936 mds de dinars (environ 67 mds de dollars) pour les dépenses de fonctionnement en 2012, soit près de 70% des dépenses globales. Près de 2 234 mds de dinars (environ 30 mds de dollars USD) ont été, par ailleurs, dépensés pour l'équipement, ajoute-t-on. Les ressources ordinaires du Trésor, constituées de toutes les recettes de l'Etat, hors fiscalité pétrolière, ont, ainsi, atteint 2 357,3 milliards de dinars à fin 2012 contre 1960 mds de dinars en 2011. Par ailleurs, la fiscalité pétrolière recouvrée en Algérie en janvier et février 2013 a atteint 627,65 milliards dinars, soit 8,26 milliards de dollars. A fin septembre 2012, la fiscalité pétrolière recouvrée par l'Algérie avait atteint 3 166 mds de dinars (43 mds de dollars) dont 1 519 milliard de dinars ont été versés au budget de l'Etat et 1 647,1 milliards de dinars versés au FRR (Fonds de régulation des recettes). En 2012, la fiscalité pétrolière prévisionnelle, basée sur un prix du baril à 37 dollars, avait été entièrement recouvrée dès la fin du 4e mois de l'année, date à partir de laquelle la fiscalité pétrolière a été directement versée au FRR.