Alors que les groupes des supporters du Mouloudia d'Alger ont décidé d'organiser des sit-in et autres manifestations au niveau de certaines institutions (FAF), quartiers (Bab El-Oued) et ville (Alger et Bordj Menaïel) pour dénoncer ce qu'ils qualifient d'injustice à l'encontre des joueurs mouloudéens, l'opinion sportive s'interroge sur les moyens et outils employés par les instances du football pour punir un dirigeant (Ghrib) tout en épargnant le second (Amrouche), l'entraîneur en chef (Menad) sans le reste des autres membres du staff ainsi que deux éléments (Babouche et Chaouchi) sur un ensemble de joueurs ayant pour la plupart manifesté leur courroux auprès des officiels de la finale. Pour ces observateurs, les sanctions prises à l'encontre des Mouloudéens prouvent que l'affaire a été «tout simplement politisée», comme nous l'assure un vieux dirigeant du club algérois. «Nous avons à faire à un dossier disciplinaire d'un événement sportif traité d'une façon purement politique. Haddadj, le président de la commission de discipline de la LFP et son président, Kerbadj, avouent que l'affaire a été traitée sur la base des codes disciplinaires de la CAF et de la Fifa. Or, ces codes sont tout aussi muets sur le sujet. Si de tels textes existent, il faut les chercher dans la Charte olympique qui condamne implicitement ce type de comportements contraires au fair-play et à la bienséance», assure notre interlocuteur. Ce dernier s'étonne sur le fait que le MCA, qui avait entravé aux principes fondamentaux édictés par la Fifa concernant la non-politisation de ses manifestations, quand ses dirigeants et les officiels du match de coupe (contre le CSC) ont toléré le déploiement sur la pelouse du 5- Juillet d'une banderole appelant à un 4e mandat au profit de Bouteflika. «Il y avait sur ce coup manifestement dérapage que personne, ni à la ligue encore moins à la FAF, n'a daigné soulever. Aujourd'hui qu'il s'agisse d'outrage à un personnel politique, ce qui n'est pas sans susciter ma réprobation et celle de tout sportif civilisé, l'attirail juridique et des leviers ont été mis à contribution pour frapper lourdement», conclut-on de même source. Des témoins sans statut... Faut-il souligner, par ailleurs, que la commission de discipline (et c'est son président qui le certifie) a étayé ses attendus non seulement sur les rapports de ses officiels (arbitres et commissions) mais également sur ceux d'autres témoins comme stipulé dans l'article 5 du code disciplinaire de la FAF lequel stipule dans le troisième point de son chapitre traitant «les moyens de preuve» que sont notamment admis : les rapports de l'arbitre, des arbitres assistants, du commissaire de match; les déclarations des parties, celles des témoins, la production de preuves matérielles, les expertises, moyens audiovisuels et éventuellement tous les rapports de services de sécurité ». Ce qui est contraire aux règles de la Fifa dont l'article 7 de son code disciplinaire précise que les officiels du match sont : l'arbitre, les arbitres assistants, le quatrième officiel, le commissaire de match, l'inspecteur d'arbitres, le responsable de la sécurité et les autres personnes déléguées par la Fifa pour assumer une responsabilité liée à un match». D'autres articles dudit code énoncent parfaitement l'indépendance des organes de la Fifa concernant le traitement de ce genre d'affaire. L'article 85 indique à cet effet que «les autorités juridictionnelles de la Fifa rendent leurs décisions en toute indépendance ; elles n'ont en particulier d'instructions à recevoir d'aucun organe». La CD de la LFP avait-elle le droit de s'appuyer sur des preuves autres que celles prévues par les lois du football sachant que les témoins (le service du protocole et d'autres personnes qui ne figuraient pas sur la feuille de match) avaient enfreint aux règles liées à l'intimité des footballeurs qui prenaient leur douche ? Les arbitres auditionnés à Dély- Ibrahim ? Sur un autre registre, dans notre livraison du mercredi, une source nous avait signalé l'absence des officiels (arbitres) aux auditions de la commission présidée par Abdelhamid Haddadj. En fait, cette défection n'en serait pas une à en croire une source fédérale. Cette dernière a pris le soin de préciser que les arbitres du match MCAUSMA (Haimoudi, Bechirène et Gourari) ainsi que le 4e arbitre (Mial) ont été «entendus» au niveau du siège de la FAF. «Ce sont les membres de la commission de discipline qui ont préféré les auditionner au niveau de la FAF et ce, pour éviter tout contact aussi bien avec les joueurs et dirigeants du MCA (présents au siège de la LFP) qu'avec les fans qui s'y étaient regroupés làbas », confie notre source. Celle-ci précisera que les arbitres ont été auditionnés dans la matinée de lundi. Or, durant cette fameuse matinée, ladite commission accueillait tour à tour dans les bureaux de la LFP, sise à la cité El-Djawhara Belouizdad), Babouche et Ghrib aux coups de 11h), Menad (vers 13h) et Chaouchi vers 14h45). Ce qui rendait l'audition des arbitres durant la matinée techniquement impossible vu les conditions de circulation sévissant à Alger à ce moment de la journée. Ce qui renseigne sur un manquement à la procédure, également bafouée par le retard pris par le commissaire au match dans la transmission de son rapport remis à la CD dimanche dernier alors qu'il devait l'être dans les 48 heures suivant la rencontre. Une dernière interrogation. Pourquoi la CD de la LFP a décidé de communiquer ses sanctions le lendemain du match MCA-ESS alors que vu les faits graves soulignés dans les différents rapports, les mesures conservatoires (prévues pourtant dans les règlements) se devaient d'être prises avant le déroulement de ce duel ? Les Sétifiens ont toutes les raisons de déposer des réserves par évocation sur la participation de Chaouchi et Menad ainsi que la présence de Ghrib sur la main courante.