Par Ali El Hadj Tahar [email protected] Après avoir présenté les organisations étatiques américaines chargées de la «promotion de la démocratie», ce slogan mensonger pour dire déstabilisation, abordons maintenant les associations et les organisations non gouvernementales, privées et indépendantes, qui activent dans le même sens sous couvert de droits humanitaires, de liberté d'expression et des médias et autres droits fondamentaux des peuples, vertus que l'Amérique dit protéger après avoir encouragé les dictatures et toutes sortes de régimes tyranniques. Nous avons déjà cité la NDI, la NDIA, l'IRI et la NED. Liés à la CIA, au Département d'Etat ou à la United States Agency for International Development (USAID), ou plus indirectement à des organismes syndicaux comme l'AFL-CIO qui font le lien avec le Département d'Etat, le FBI ou la CIA, ces fondations et agences non gouvernementales jouent pleinement leur rôle «patriotique» au profit de l'impérialisme américain. La RAND Corporation, la fondation Rockefeller ou la fondation Ford sont aussi impliqués directement dans la formation et le recrutement des collaborateurs de haut niveau, niveau ministres et cadres supérieurs, tandis que les fondations Soros écument large. Toutes les ONG et fondations américaines qui soutiennent les programmes du Département d'Etat ont été créées dès les années 1980 à l'instigation de la CIA. La National Endowment for Democracy (NED) a été créée en 1983 pour gérer des dons et des bourses pour la «promotion de la démocratie» dans les pays en développement et reçoit 100 millions de dollars par an du Congrès outre l'argent reçu du gouvernement et du Département d'Etat. «De toute évidence, il n'y a pas de lignes nettes qui séparent ces éditeurs de renseignement privés et les analystes, les think tanks comme le Council on Foreign Relations, RAND Corporation, National Endowment for Democracy et autres grandes entreprises, et les agences gouvernementales comme la CIA, la NSA, l'USAID et le Département d'Etat», écrit le journaliste argentin Adrian Salbuchi dans un article intitulé Les USA, le Don Carleone de la politique internationale. Les mouvements «révolutionnaires» arabes ont été créés avec le soutien, les finances et les moyens étatsuniens. Un ancien du renseignement français, Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, écrit : «Je ne crois pas à la spontanéité de ces "révolutions", qui étaient en préparation depuis plusieurs années. Dès 2007-2008, des conférences organisées sous l'égide d'ONG américaines, comme Freedom House, l'International Republican Institute ou Canvas, et où étaient présents la plupart des blogueurs et des leaders de ces mouvements, ont instillé le germe de la démocratie, créant un contexte favorable aux révolutions. Le processus était le même que celui qui a précédé le démantèlement de l'URSS, la Révolution serbe, la Révolution orange en Ukraine ou encore celle des Roses en Géorgie.» Utilisée en Serbie, Ukraine, Géorgie, Ouzbekistan, Kirghizistan, Tadjikistan, la technique de déstabilisation et de renversement de «régimes» ennemis n'utilise pas uniquement des mouvements «citoyens» et des manifestations pacifiques mais aussi des émeutes, des grèves, des pressions médiatiques conjuguées à des pressions politiques. Elle renforce ces outils «pacifiques» par des actions plus violentes par le biais de forces spéciales et d'agents infiltrés utilisant le crime, les attentats et les sabotages comme méthodes musclées de pression pour soutenir les groupes non violents qui passent en boucle sur les chaînes de télévision et qui font des réseaux sociaux de la Toile leur mode d'expression et de recrutement favori. George Soros : l'employeur d'espions recrute Après la Tunisie, c'est l'Egypte qui va donc s'enflammer. Il n'y avait ni immolé ni augmentation de prix qui eut pu justifier la sortie des jeunes Egyptiens dans la rue, mais le 28 décembre 2010, un appel est lancé demandant aux citoyens de participer à une marche sur place Tahrir au Caire et d'autres places dans les différentes villes du pays. Que voulaient-ils puisqu'ils n'appelaient pas au départ de Moubarak, comme le faisaient les Tunisiens ? Au Caire, la manifestation se transforma en occupation de la place Tahrir jusqu'au 25 janvier 2011, où les slogans ont viré au rejet du «régime». Comme en Tunisie, les violences qui ont causé des morts sont incompréhensibles et illogiques et ne cadrent pas avec la logique et les anciennes méthodes de répression policières égyptiennes : le 28 janvier, un blog sur internet appelle la manifestation «révolution» et exige le départ du «régime». Les manifestations en Egypte ont été allumées par des bloggeurs ayant bénéficié des formations de l'Open Society Institute de George Soros et les programmes du Département d'Etat étatsunien développés par Hillary Clinton, notamment le 21st Century Statecraft (TechCamps, les stages ou camps technologiques) et l'Initiative société civile 2.0. Le but premier des «révolutions» tunisienne et égyptienne était certes de démettre des régimes pas suffisamment engagés au profit des Etats-Unis et d'Israël mais surtout de placer des pions prêts à abattre Kadhafi, l'ennemi numéro 1 des Etats-Unis et de l'Occident qui n'avaient pas vraiment enterré la hache de guerre avec le guide malgré les salamalecs. Outre les organisations publiques américaines chargées du «printemps arabe», il y a donc plusieurs organisations non gouvernementales dont celles du milliardaire George Soros. Soros est derrière un nombre impressionnant de fondations, d'instituts, de think-tanks et de médias. Il a créé l'Open Society Institute et la Fondation Soros, dont l'objectif affiché est la «promotion de la démocratie». Il a financé Otpor contre le «régime» pro-russe de Slobodan Milosevic en Serbie, la CEDAR qui est le premier réseau européen de professionnels musulmans, la GayFest (le festival gay annuel de Bucarest en Roumanie), le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), ainsi que le mouvement Femen de nudistes qui se rebellent contre les valeurs chrétiennes du mariage. Responsable de krachs boursiers et «mécène» dans une cinquantaine de pays, il détient aujourd'hui une fortune évaluée à sept milliards de dollars. Il est aussi membre de l'entreprise Carlyle qui grimpe comme une fusée grâce aux employés de marque qu'elle recrute : Bush père, James Baker, Frank Carlucci et John Major... Egalement associé à la société Ford, qui emploie des personnalités américaines influentes des deux camps démocrate et républicain, Carlyle – dont le frère de Ben Laden, Shafiq, est actionnaire – dispose d'un pouvoir d'influence quasi planétaire : pour obtenir des marchés liés aux armements, elle n'hésite pas à user de la pression politique et du trafic d'influence par le biais de ses dirigeants et de ses représentants. D'ailleurs, les membres du National Endowment sont signataires de la lettre For a New American Century envoyé à Bill Clinton en 2009 pour lui demander de renforcer l'aide à Israël. Soros est aussi soupçonné d'être derrière le mouvement des indignés du Wall Street et ceux qui ont manifesté à Madrid en mai 2011 : pour prouver qu'on peut manipuler des foules partout et faire croire au monde que les «révolutions» sont contagieuses, des Arabes contaminant des Occidentaux et les rendant jaloux ! Un beau coup de pub pour les «printemps arabes» qui se sont trouvés légitimés par les manifestants des «indignés» de New York et de Madrid. Récupérateur des icônes populaires et de gauche, Guevara, Mandela et Gandhi inclus, Soros les détourne au profit de ses contre-révolutions se disant «révolutions». L'International Crisis Group (ICG), dont Soros est un membre influent, est une agence liée aux intérêts américains et probablement créée sur conseil du Département d'Etat. En tout cas, ses membres et son staff comprennent d'anciens chefs de l'OTAN, des ministres et de hauts responsables américains (Wesley Clark, ancien chef suprême de l'OTAN ; George Robertson, ancien secrétaire général de l'OTAN ; Zbigniew Brzezinski, le théoricien de l'impérialisme américain ; Morton Abramowitz), ainsi que des alliés des Etats-Unis comme Shimon Peres, Shlomo Ben-Ami (ancien ministre des A.E. israélien), Stanley Fischer (gouverneur de la Banque d'Israël), Christine Ockrent (la femme de Bernard Kouchner) ou le Prince Turki Al-Faisal (ancien chef des services de renseignement saoudiens) et beaucoup de personnalités connues pour leur amitié envers Israël. Evidemment, pour donner de la crédibilité au think tank, il y a Kofi Annan, Lakhdar Brahimi, El Baradeï... Car Georges Soros ne se contente pas de manipuler de jeunes écervelés : outre quelques consultants pour tromper la galerie, il contrôle des traîtres de plus grande envergure car des généraux et des ministres, des personnalités au-dessus de tout soupçon (Arabes, musulmans, Africains, Sud-Américains, Asiatiques) figurent dans la liste de ses obligés de l'ICG. Les Frères musulmans, chouchous du sioniste Soros L'Open Society Institute (OSI) a été créée en 1993 pour soutenir les associations Soros qui œuvrent pour le développement d'institutions «démocratiques» à travers l'Europe centrale et orientale et dans les pays de l'ancien bloc soviétique. Aujourd'hui, elle a élargi son programme qui touche plus de 60 pays avec un budget de près de 600 millions de dollars par an. Soros finance aussi plusieurs organismes et associations dont le Center for American Progress, dont l'expert en politique étrangère Brian Katulis défendait sur la chaîne MSNBC que les Etats-Unis devraient abandonner Moubarak et traiter avec les Frères musulmans, option préférée de Soros. Le milliardaire sioniste est aussi derrière la création d'un groupe de sénateurs qui font du lobbying, le PLM Group, au profit de l'Egypte à Washington. D'autres lobbies agissent dans le même sens au sein du Podesta Group et du Livingston Group et ont demandé une résolution du Sénat demandant des élections libres en Egypte, en pronostiquant sur les barbus mais en soutenant plusieurs chevaux de l'opposition cairote. George Soros a créé des ONG qui chapeautent le monde, et son International Crisis Group (ICG) est en passe de devenir un organe de pression et de décision international car il envoie ses rapports à des Etats arabes pour les instruire non seulement de respecter les «règles démocratiques» mais d'ouvrir le champ politique aux «islamistes» dits modérés, comme s'il y avait deux Islam, l'un modéré et l'autre extrémiste, alors qu'il n'y a qu'une seule religion pour les musulmans et ce qui est criminel ou extrémiste n'est pas de l'Islam. Tous les responsables politiques de la planète savent que l'ICG est un outil de pression de la Maison-Blanche. Soros met les barbus au centre de sa stratégie du divides ut regnes au profit du sionisme et de l'impérialisme, mais il finance et soutient à gauche et à droite, pourvu qu'il ait des collabos sous la main. Mal-aimé de beaucoup de sionistes qui ne comprennent que maintenant sa vision, il a mis le paquet en investissant dans les «révolutions» arabes qu'il a probablement préparées et planifiées avec Hillary Clinton. Dans une contribution publiée dans le Washington Post (3 février 2011) sous le titre «Pourquoi Obama devrait-il soutenir la droite égyptienne», Soros a écrit que si des élections libres se tenaient dans ce pays, les Frères musulmans pourraient y devenir «une force politique majeure, bien qu'elle serait loin d'avoir la majorité». Il a ajouté que la coopération des Frères musulmans avec El Baradeï est un «signe positif» dans le nouveau système politique... Même si on l'a écrit quelques lignes plus haut, rappelons que l'ancien responsable de l'AIEA est un membre important de sa fondation, l'ICG. Selon Soros, Israël aura beaucoup à gagner d'un «essaimage démocratique» au Moyen-Orient. Par cet euphémisme, il faut entendre cette anarchie où les partis wahhabites foisonnent, semant la discorde, le takfir et l'excommunication. Misant sur les islamistes, mais soutenant aussi El Baradeï, George Soros aide la Maison-Blanche à reconfigurer le monde à l'avantage définitif d'Israël et des Etats-Unis. C'est son poulain John Kerry qui a remplacé Hillary Clinton. A. E. T.