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L'entretien de la semaine
DOCTEUR HANI SALIM, PSYCHOLOGUE POUR ENFANTS, AU SOIRMAGAZINE : «Il faut connaître la racine du mal pour le guérir»
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 05 - 2013

Docteur Hani, psychologue praticien, spécialiste en psychologie de l'enfant, nous éclaire sur le phénomène de la triche en milieu scolaire, un phénomène qui se banalise dans une société qui encourage la réussite à tout prix. Il tentera aussi d'apporter des réponses à des causes profondes d'un comportement malsain et vicieux, et que toutes les institutions punissent.
Soirmagazine : Pouvez-vous nous donner votre approche sur la triche, ce phénomène qui existe depuis la nuit des temps ?
Dr Hani Salim : Le terme «tricher» nous vient du latin «tricarre» qui signifie soulever des difficultés. Tricher, c'est aussi enfreindre les règles d'un jeu en vue de gagner. Dans cet entretien, nous parlerons de la triche à l'école, puisque c'est le lieu le plus touché. Bien entendu, la triche envers l'Etat, dans le sport et même dans la société sont autant de sujets qui ne manquent pas d'éléments révélateurs sur ce phénomène qui mène des nations entières vers la déperdition et le chaos. Mais nous nous contenterons de parler du fait «mineur» de la triche scolaire, en abordant les questions relatives aux causes et conséquences ainsi que des risques encourus par ceux qui la pratiquent.
Tricher à l'école est en général le fait d'atteindre un but recherché en usant de moyens malhonnêtes, mais pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?
En effet, si un enfant ou un adolescent triche à l'école, c'est pour obtenir de meilleurs résultats, et quand on consulte la législation scolaire, on y lit qu'un tel acte a pour conséquence «l'interdiction de subir tout examen conduisant à l'obtention du baccalauréat... pour une durée de cinq ans » ! Ce sont les adolescents qui sont le plus amenés à tricher. Cette réalité concerne peu les enfants du primaire qui peuvent être tentés de regarder la copie du voisin, mais de là à préméditer l'acte pour la préparation d'une antisèche, par exemple, cela leur est souvent étranger. La triche dans les établissements universitaires va encore plus loin, quand on sait que la concurrence est rude pour obtenir le diplôme désiré et où il semblerait qu'on vende les contrôles et autres sujets d'examen. Par ailleurs, la triche à l'école amène à poser une question essentielle : celle du contenu de l'enseignement, mais aussi de ses méthodes. Car quand, à travers une évaluation, le professeur attend de l'élève la restitution exacte des définitions apprises pendant un cours, des règles qui peuvent tenir sur un petit bout de papier, on ne peut que comprendre qu'il y ait peu de chances que cet élève s'en souvienne au terme près et qu'il aura ainsi recours à la triche. Cependant, je me pose réellement une question sur l'école : est-ce un lieu culturel et pédagogique permettant l'épanouissement des enfants et des adolescents ou est-ce l'antre de l'aveuglement de certains enseignants qui ne se soucient guère des intérêts de leurs élèves et de ce que ces derniers apprennent réellement en classe ? Car quand on balance aux élèves par exemple une liste fournie de formules mathématiques, on les incite de manière évidente à tricher. Quel adulte, «normal», supporterait de rester sept heures par jour, à écouter un professeur de maths, d'anglais, de français, d'histoire... parler de choses «essentielles ». On comprend donc aisément que certains ne réussissent pas leurs études, ou que d'autres trichent... Aujourd'hui, l'Algérie semble être un des pays où il y a le plus de triche aux examens malheureusement, aucun effort n'est fourni afin d'y remédier efficacement.
A quel âge se manifeste ce comportement de la triche à l'école ?
On peut dire qu'il survient très tôt à l'école primaire, mais comme je l'ai souligné plus haut, on ne peut prendre cela au sérieux puisque les jeunes enfants n'ont pas cette capacité à préméditer un acte de tromperie. Ils se contentent de regarder la copie du voisin et d'écouter les chuchotements de certains camarades. En revanche, c'est au lycée et à l'université que l'on parle réellement de triche scolaire, puisque les élèves en question se préparent souvent bien à l'avance à passer par la case triche ; antisèches imprimées en mini-format, pense-bête notés sur le bras ou la paume de la main, et actuellement, grâce à l'essor des téléphones au bluetooth et autres applications smartphones dans lesquels l'élève tricheur peut trouver le contenu complet et même plus, de ses leçons de maths ou de philosophie.
Comment devient-on tricheur, est-ce un vice et peut-on en guérir ?
On devient tricheur pour de nombreuses raisons ; il est clair qu'un élève qui pense à tricher est un élève qui ne veut pas ou ne peut pas se préparer. Mémoriser des règles ou des leçons d'histoire et de géographie n'est pas toujours aisé, et c'est dans le but d'obtenir de bonnes notes que ces enfants envisagent la triche. Je peux dire qu'on devient tricheur soit à cause de ses parents ; s'ils sont trop sévères face aux mauvais résultats, on recourt facilement à cette pratique afin d'éviter les punitions et autres remontrances. Il y a aussi ceux qui, après des redoublements, ne veulent plus refaire cette pénible expérience, ils développent donc un comportement qu'ils savent hors-la-loi mais qui leur permettra d'accéder aux classes supérieures et de se sentir mieux dans leur peau. Il y a enfin ceux et celles qui, même bons élèves, cherchent à avoir plus ; être le meilleur n'est pas toujours facile, alors, certains se munissent de gilet de secours afin de parer à toute éventualité de ratage. Cependant, si tricher ne doit jamais être banalisé ou encouragé, je ne considère pas cela comme un vice mais plutôt comme une déviance, une bêtise qui ne doit pas devenir une habitude au risque de tomber dans le piège de la facilité et la médiocrité d'une existence faite de tromperie et de fraude.
Quel est le rôle des parents, de l'école dans l'apparition en force de ce phénomène ?
La responsabilité des parents réside dans le fait, d'une part, de ne pas trop s'investir dans la vie scolaire de leurs enfants ; certains ne savent même pas ce que font leurs enfants à l'école. Faute de moyens intellectuels ou de temps, ces derniers ne consacrent que très peu de leur attention à leur progéniture. De ce fait, celle-ci se retrouve livrée à elle-même et à certains démons qui la poussent à frauder de façon tout à fait détachée et irréfléchie. D'autre part, certains parents font subir à leurs enfants une telle pression et se montrent souvent insatisfaits des résultats scolaires de ces derniers qu'ils créent, sans s'en rendre compte, un comportement déviant vers la triche. Pour ce qui est de la responsabilité de l'école, je dirai juste et au risque de me répéter, qu'encourager le «par-cœurisme» et les réponses dénuées de toute réflexion personnelle mène les élèves à rechercher la réponse parfaite en ayant recours au «copier-coller» ; et malheureusement, ceux qui le font décrochent des notes excellentes sans jamais avoir à expliquer de telles coïncidences vraisemblablement invraisemblables.
Il arrive parfois que les professeurs ferment les yeux devant un cas de triche comment l'expliquez-vous ?
En effet, certains enseignants ferment les yeux sur des cas de triche évidents, j'explique cela par le fait que ces derniers ne veulent pas priver les élèves d'une bonne note et cela peu importe la manière dont ils l'ont acquise. Il y a aussi les professeurs qui ne se cassent pas la tête en se disant que si cet élève a réussi à se débrouiller, pourquoi, eux, les empêcheraient-il d'accéder à la réussite ? D'autres encore, notamment ceux qui surveillent les épreuves des examens officiels, ferment délibérément les yeux face aux tricheurs avec l'argument que ces élèves doivent tout faire pour intégrer des études supérieures et que les en empêcher serait tout aussi mal que de leur enlever le pain de la bouche. Une mentalité qui prévaut chez de nombreux enseignants et qui n'est pas près de changer.
Quels sont les risques encourus si la triche se banalise dans les sociétés ?
A court terme, la triche n'est pas très grave, mais, à long terme, elle peut devenir dangereuse. Certaines personnes en deviennent alors dépendantes et ne peuvent plus rien faire sans y recourir. Cela commence lorsque l'enfant ou l'adolescent va tricher, disant qu'il n'a pas le choix, il s'aperçoit alors que c'est un moyen rapide d'arriver à ses fins et donc, il recommence. D'autre part, personne n'ignore que la triche fait toujours prendre des risques, car cela signifie que l'on viole les règles établies, et leur violation est toujours suivie d'une sanction. Certaines personnes vont en prison pour avoir triché et pour le cas de la triche scolaire, la sanction est l'interdiction de passer un examen officiel pour les cinq années à venir. A long terme, la triche peut aussi entraîner une baisse du niveau intellectuel. Elle peut apporter fortune ou gloire, alors que la personne qui a triché ne mérite ni l'une ni l'autre. Certes, c'est donc un moyen d'arriver à ses fins, mais un moyen loin d'être honorable. Au final, les risques sont divers, il peut y avoir un risque de baisse intellectuelle mais aussi et surtout le risque de perdre tout repère éthique et de devenir insensible face aux lois qui sont à la base de toute fondation humaine.


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