La société Somiphos, filiale du groupe public Ferphos, serait confrontée à des problèmes de gestion des stocks de phosphates destinés à l'exportation. Une situation qui serait causée par un groupe de traders internationaux qui disposent du monopole de la vente du phosphate algérien. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Retour à l'envoyeur. De grandes quantités de phosphate destinées à l'exportation et stockées au port d'Annaba ont été «rapatriées» vers le site de production de Djebel Onk, dans le sud de la wilaya de Tébessa. La Société des mines de phosphates (Somiphos, filiale du groupe public Ferphos) a largement dépassé ses capacités de stockage et a été obligée d'utiliser les espaces appartenant au groupe chimique Asmidal. «L'acheminement de plusieurs tonnes de phosphate vers Tébessa va provoquer un surcoût important. Il semble que cette situation soit due à un dérèglement dans les opérations d'exportation», indique un cadre de Somiphos qui a souhaité garder l'anonymat. Selon lui, la société aurait des difficultés à organiser les ventes à l'étranger à cause d'un «désintéressement» des «traders traditionnels». «Somiphos, qui est en charge de l'exploitation du phosphate algérien, confie la vente de ses produits à des intermédiaires. Elle travaille généralement avec six traders, essentiellement des Russes, des Indiens et des Grecs. Mais lorsque leurs carnets de commandes sont pleins, le phosphate algérien n'est pas écoulé», souligne notre source. C'est ce qui explique la situation actuelle. Ces traders, qui semblent détenir un monopole de fait sur le phosphate, imposent leurs propres lois du marché. Ils imposent surtout leurs propres tarifs. «Il existerait un accord tacite entre Somiphos et le groupe de traders. Ils ont bénéficié de sorte d'exclusivité pour placer le phosphate algérien auprès des transformateurs. Si un nouveau trader fait une proposition d'achat, elle est systématiquement rejetée par la direction commerciale de Somiphos. La situation est dangereuse car les prix de vente sont plus bas que la moyenne, ils tournent actuellement autours de 80 dollars la tonne.» A titre indicatif, entre 2011 et 2012, lorsque le principe «d'exclusivité» avait été levé par l'ancienne direction de Somiphos, les prix avaient atteint les 150 dollars la tonne. Ce n'est pas tout. Il a également été constaté une nette baisse dans la production ces derniers mois. L'Algérie, qui dispose d'un grand potentiel en termes de quantité, est le seul pays producteur au monde à ne pas transformer son phosphate. Une aberration qui prive l'Algérie d'une manne financière importante.