Petrofac, la société britannique d'engineering, a confirmé les plans mis en œuvre par British Petroleum pour déstabiliser les responsables du secteur de l'énergie. Dans son rapport trimestriel, destiné à ses actionnaires, Petrofac a déclaré qu'elle s'attend à une croissance modérée de son bénéfice net pour l'année en cours, en raison de l'arrêt des travaux sur l'usine de gaz d'In Salah en Algérie. Selon les responsables de cette société, les travaux devraient reprendre dans les prochains mois mais restent très sceptiques sur ces échéances et avancent d'ores et déjà des retards sur la date de la livraison des installations d'In Salah. Petrofac, qui devait livrer les installations d'In Salah en avril 2015, ne semble pas prête à achever les travaux avant le second trimestre de 2016. Curieusement, Petrofac n'a fait aucune allusion à la situation sécuritaire dans la région d'In Salah, contrairement à BP qui use de cet argument pour exercer toutes sortes de chantage sur les autorités algérienne. Ces déclarations de Petrofac confirment les intentions de BP de retarder les échéances des investissements, alors que nos responsables de la Sonatrach et du ministère de l'Energie se veulent rassurants, allant jusqu'à nier une quelconque mauvaise volonté de la compagnie britannique. Avec un seul train en activité sur Tiguentourine et un ralentissement de la production sur le champ d'In Salah, BP participe sensiblement à la réduction de la production nationale qui est déjà affectée par le déclin de Hassi R'mel. Comme déjà démontré (Cf. notre édition du 9 mai 2013), BP utilise ces menaces pour obtenir le maximum de concessions dans les négociations sur la phase développement du champ de Bourarhat, dans le bassin d'Illizi. Ce gisement de gaz non conventionnels recèle 52 TCF (milliards de pieds cubes), soit un second Hassi R'mel que devra exploiter BP avec la Sonatrach. Constitué de tight, une roche assez perméable, Bourarhat se situe à la limite du gaz conventionnel et non-conventionnel, donc moins contraignant. Mais, les patrons de BP, qui connaissent bien les difficultés que devra vivre l'Algérie en matière d'alimentation en gaz, pressent actuellement les responsables algériens du secteur de l'énergie pour obtenir des avantages fiscaux au-delà de ce qui est prévu par la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Cette loi a déclaré sujets fiscaux, les compagnies pétrolières étrangères, alors qu'auparavant, Sonatrach était la seule interface de l'Etat en matière de fiscalité. Avec l'entrée en service du gisement de Bourarhat et l'achèvement des travaux des sites d'In Salah et de Tiguentourine, BP gérera en 2017 plus du tiers de la production nationale en gaz. En attendant cette date fatidique, les responsables algériens devront composer avec les caprices de BP.