Que représente le bac pour les lycéens et leurs parents ? Pourquoi est-il primordial de le décrocher ? En cas d'échec, comment doit-on réagir ? Quelles sont les solutions palliatives pour la poursuite des chemins pédagogiques et professionnels ? Ce sont autant de questions posées à nos interlocuteurs qui évoquent leurs souvenirs et leurs parcours après le «sésame». Zoulikha, enseignante, mère de trois enfants Cette enseignante d'une quarantaine d'années évoque l'examen du baccalauréat comme l'examen de la vie. «C'est le résultat de cet examen qui déterminera l'avenir de l'adolescent. Notre société évolue réellement vers la société du savoir. Même ceux qui disent que le baccalauréat n'a pas la même valeur qu'avant, ils savent qu'ils ne pourront rien faire sans, surtout s'ils sont issus de la couche moyenne et qu'ils n'ont pas de connaissances», explique Zoulikha, maman de trois garçons. «Je me suis débrouillée pour que mes fils réussissent à cet examen. L'aîné a échoué et n'a pas voulu le repasser une troisième fois. Après un échec, le cadet a pu quand même le décrocher après une dernière tentative. Eh bien, leurs parcours sont diamétralement opposés», souligne encore notre interlocutrice qui voudrait mettre en avant sa propre expérience. «Mon fils aîné a intégré une école d'Etat agréée dans le secteur du bâtiment où il a obtenu son diplôme. Il a réussi à trouver du travail assez rapidement mais n'a pas pu évoluer dans son entreprise. Pour cela, il devra tôt ou tard reprendre ses études s'il veut être promu. Quant au second, il est à sa deuxième année universitaire dans la branche qu'il a choisie, biologie. Nous savons que peut-être il aura du mal à trouver du travail les premiers temps, qu'il sera contraint de faire de petits boulots, mais avec l'expérience, il ne pourra qu'évoluer. En fait, cela dépend de la volonté de chacun», poursuit-elle. Et de conclure sur une note positive : «C'est vrai que c'est stressant parce qu'on se pose la question, à savoir s'ils pourront réussir leur vie professionnelle sans diplôme, mais il faut toujours garder espoir et se dire qu'ils peuvent évoluer d'une manière ou une autre. Le plus important est la volonté.» Mouloud, retraité, grand-père Faisant partie de la première génération d'après-indépendance, Mouloud estime que l'obtention du baccalauréat constitue le premier pas dans la mise en place d'une élite. «Le bac est la clef de l'enseignement supérieur, c'est vrai que la génération actuelle ne maîtrise pas le français comme nous avant. Mais eux, parlent et écrivent l'arabe. Ils peuvent poursuivre leurs études supérieures et sont devenus une élite qu'on le veuille ou non. Ils ne sont pas tous excellents mais ils sont mieux que nous», souligne ce jeune grand-père. Cependant, il met un bémol : «Cela ne veut pas dire non plus que ne pas avoir le bac équivaut à ne plus exister. Il faut faire des formations en parallèle pour trouver du travail et réussir dans sa vie. Le tout est de savoir ce que l'on veut pour pouvoir aller de l'avant. On ne peut pas tous être des Einstein !» Anaïs, étudiante dans une école privée Evoquer la réussite au baccalauréat pour cette jeune étudiante dans une école privée est encore «douloureux». «Je voulais avoir le bac. Pour moi, c'est important. C'est un rêve inachevé et une déception qui commence à se cicatriser. Même si je suis inscrite dans une école privée réputée et connue, je ne suis pas universitaire. J'aurais voulu connaître le mouvement du campus, apprendre dans un amphithéâtre et évoluer auprès de chercheurs et d'universitaires. Ce n'est pas la même chose», soupire-t-elle. Et de continuer : «En plus, ce que j'ai remarqué ici, les étudiants ne sont pas sérieux et n'ont pas le niveau. Ce sont des enfants de familles qui ont beaucoup d'argent. Ils sont plus dans le gain que dans la réflexion. Je pense que c'est cela la différence. Pour moi, à ceux qui pensent que le bac n'est pas important, je dirais : si, c'est primordial de le décrocher ; sans ce diplôme, on ne peut pas être médecin, avocat, pharmacien et architecte. J'espère que je pourrais encore une fois le repasser et réussir», conclut Anaïs. Meriem, cadre dans une entreprise privée professionnelle Après avoir évolué dans divers entreprises, Meriem estime que les détenteurs du baccalauréat et de fait universitaires n'ont pas le même sens de la réflexion. «La valeur du baccalauréat actuellement est qu'il ouvre les portes de l'enseignement supérieur. Je pense que le bac reste important dans le sens où il est une porte pour accéder à autre chose, une formation supérieure, l'enseignement universitaire ou carrément une carrière militaire. Maintenant, avoir le bac seul aujourd'hui ne sert plus à grand-chose sur le marché du travail, et même si on a un bac+ 3 ou 4. Il s'agit maintenant du minimum pour la vie professionnelle, explique-t-elle. Toutefois, elle nuance ses propos : «Si un lycéen, après plusieurs essais, ne décroche pas le baccalauréat, il faut qu'il s'arme de courage et de persévérance pour pouvoir trouver une formation ou un métier qui lui ouvre des débouchées. Il ne faut pas baisser les bras.» Mehdi, cadre Pour ce père de famille, le baccalauréat est nécessaire car il permet de valider ses acquis du lycée même si cela n'est qu'une porte vers l'enseignement supérieur : «C'est aujourd'hui un diplôme qui permet d'aiguiller les étudiants vers d'autres diplômes. Il s'inscrit dans un ensemble dont il est le commencement, par exemple : baccalauréat, puis licence, puis master. Sans le bac, on ne peut pas faire d'études, et sans études, on ne va pas bien loin.» C'est pour cela que les parents stressent plus que les enfants. Ils savent ce qu'il vaut. Ils mettent de la pression sur eux. Toutefois, il faut savoir faire la part des choses. Il y a toujours d'autres façons de préparer leur avenir. La meilleure façon reste l'université.»