Le Haut-Commissariat à l'amazighité épingle le ministre de l'Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed, en accusant le secteur de n'avoir fait aucun effort pour la formation des formateurs à travers les universités en vue de généraliser l'enseignement de tamazight. F.-Zohra B. - Alger (Le Soir) - Le Haut-Commissariat à l'amazighité revient ainsi sur les déclarations du ministre de l'Education faites la semaine dernière dans la wilaya de Tizi Ouzou, en mettant en évidence la marginalisation de cet enseignement. Il cite ainsi les comptes rendus de la presse nationale qui reprennent les propos du premier responsable du secteur de l'éducation ayant déclaré que la généralisation de l'enseignement de tamazight n'est pas à l'ordre du jour, et ce, en raison d'un manque flagrant d'encadrement. «Notre conscience se refuse à passer cela sous silence puisqu'il y va de la survie de la première langue d'Algérie qui est tamazight» a précisé le Haut-Commissariat à l'amazighité dans un communiqué. Il précisera que le retard important accusé dans la généralisation de tamazight à travers le territoire national est évident : «La généralisation de tamazight dans l'immédiat et même dans dix ans relève de la fiction pure et simple. Ceci en raison du fait que le ministère de l'Education nationale, depuis l'introduction de cet enseignement dans le système éducatif en 1995, n'a fourni aucun effort pour la formation des formateurs à travers les universités algériennes et autres instituts spécialisés.» Devant cette situation, le Haut-Commissariat appelle le ministère de l'Education à réactiver l'enseignement de tamazight dans les 16 wilayas initialement concernées par cette matière, ce qui est tout à fait possible si cela venait à être décidé par la tutelle, souligne le communiqué. «Ce qui est possible aussi c'est de rendre cet enseignement obligatoire dans les wilayas où il est effectif. Cela ne demande aucun effort supplémentaire, il suffit juste de le décider», a déclaré le secrétaire général du Haut-Commissariat dans un communiqué. Il suggérera «l'ouverture d'instituts de formation à même de former les enseignants de tamazight de demain, tous paliers confondus.» Pour le Haut-Commissariat, il est aussi important qu'il y ait un «traitement juste et équitable de la part du ministère de l'Education nationale, du dossier de tamazight et la prise en charge de tous les problèmes inhérents à cette matière et d'asseoir une véritable stratégie de l'introduction de tamazight dans l'école algérienne.»