Nombre de multinationales installées en Algérie ou y ayant des marchés sont impliquées dans des affaires de corruption un peu partout dans le monde. La canadienne SNC Lavalin en fait partie. La justice algérienne ne semble pas trop s'en émouvoir, alors que ses homologues au Canada et en Suisse notamment sont à pied d'œuvre pour élucider toutes ses affaires. Entre-temps, SNC Lavalin essaye de prendre des mesures en interne pour encourager notamment la collecte d'informations sur des cas éventuels de corruption. Appliquera-t-elle aussi ce programme au niveau de sa filiale en Algérie ? Dans la foulée de ses efforts pour se refaire une virginité, le groupe canadien SNC-Lavalin a annoncé, le 27 mai dernier, la mise en place d'un programme d'amnistie à l'échelle de l'entreprise pour encourager les employés actuels à signaler de possibles cas de corruption ou de pratiques anticoncurrentielles, auxquels ils pourraient avoir été mêlés directement ou indirectement. «C'est important que nous fassions cela publiquement, afin que les gens réalisent l'impact de la mesure et peut-être qu'on pourra un jour servir de modèle pour d'autres entreprises », a expliqué Leslie Quinton, vice-présidente principale responsable des communications chez SNC-Lavalin, en entrevue avec «La Presse Canadienne». SNC-Lavalin affirme qu'il s'agit du premier programme d'amnistie instauré par une entreprise canadienne. Afin d'être admissible à une amnistie, un employé doit déposer une demande auprès du chef de la conformité de SNC-Lavalin durant la période d'amnistie de 90 jours, entre le 3 juin et le 31 août 2013. Durant cette période, la compagnie assure qu'elle n'intentera aucune action en dommages- intérêts contre les employés qui collaborent pleinement et qui dénoncent franchement et volontairement toute infraction au code d'éthique et de conduite dans les affaires, et que ceux-ci ne seront pas congédiés unilatéralement. En termes de gouvernance, nous sommes maintenant (...) probablement parmi les meilleurs au monde» ! Ce programme ne s'applique pas aux cadres du «Bureau» du président de la société ou de groupes du comité de gestion, ou à toute personne ayant profité directement d'une infraction aux règles d'éthique. «En termes de leadership, c'est très important que la haute direction démontre une certaine responsabilité, a précisé Mme Quinton. Et on aimerait penser que la direction n'a pas besoin d'un programme d'amnistie pour déclarer s'ils ont trouvé quelque chose de répréhensible ou non.» La porte-parole s'est bien défendue d'associer la démarche à une simple tentative de redorer le blason de l'entreprise. «C'est très important que ceci ne soit pas un exercice en relations publiques. Nous avons véritablement réalisé de profondes améliorations dans notre façon de faire les choses», a-t-elle soutenu, revenant à l'idée de SNC-Lavalin comme modèle à suivre. Il n'y a aucune firme actuellement au Canada — et peut-être même à l'étranger dans notre domaine — qui a autant de programmes et procédures en place pour (lutter contre la corruption et la collusion). En termes de gouvernance, nous sommes maintenant (...) probablement parmi les meilleurs au monde.» Leslie Quinton affirme que les relations d'affaires n'ont pas été trop affectées avec les clients importants existants, mais elle reconnaît que l'entreprise est appelée à montrer patte blanche avec les nouveaux clients potentiels. Est-ce que ce programme est aussi valable pour les employés de SNC-Lavalin en Algérie, quelle que soit leur nationalité ? Un code pour masquer les pots-de-vin Une division de la firme de génie-conseil SNC-Lavalin a utilisé pendant des années un code pour comptabiliser les pots-de-vin qu'elle versait pour réaliser certains projets en Afrique et en Asie, selon une enquête conjointe menée par la «CBC» et le «Globe and Mail». D'anciens employés de SNC-Lavalin International affirment que les codes «PCC» ou «CC» ont été utilisés pour camoufler le versement de pots-de-vin présentés comme des «frais de consultation liés au projet». «Parfois on appelait ça des coûts de consultation, parfois des coûts commerciaux, mais la véritable intention était de verser un pot-de-vin », affirme Mohammad Ismail, un ancien ingénieur de l'entreprise, qui est accusé de tentative de corruption au Bangladesh et attend son procès à Toronto. Selon les documents obtenus par les deux médias canadiens, le camouflage comptable a eu lieu dans au moins huit projets au Nigeria, en Zambie, en Ouganda, au Ghana, en Inde et au Kazakhstan. Rappelons que le mois dernier, il a été interdit à SNC-Lavalin de soumettre sa candidature au projet que finance la Banque mondiale pour les 10 prochaines années. L'entreprise montréalaise, pour sa part, affirme que l'utilisation de ces codes n'était pas endossée par la société. Leslie Quinton, sa porte-parole, affirme que des frais de consultations (PCC) ont été facturés dans certains projets et que les personnes impliquées ont été congédiées.