Je n'aurais jamais imaginé un jour venir m'en remettre directement à vous par presse interposée, mais voyant les portes de l'administration se fermer à toutes mes requêtes, gagnée par le désespoir, je décide de vous écrire cette lettre ouverte. Je me présente : Amel Habili, 34 ans, mariée depuis 2001, mère d'une fillette de 4 ans et d'un garçon de 10 ans. Je suis en charge de toute ma famille depuis 2006, mon époux étant tombé gravement malade cette même année. Souffrant d'insuffisance rénale, diagnostiqué invalide, il doit se rendre à l'hôpital à raison de 3 fois par semaine pour des dialyses. Nous vivons donc tous les quatre de mes seuls bas revenus que la nature même de mon modeste métier justifie. Quand nous nous sommes mariés, mon époux était peintre en bâtiment. La situation financière familiale était certainement plus correcte, mais pas suffisante pour nous nous permettre de nous loger. Nous avions pourtant fait une demande auprès de l'APC. Faute de pouvoir accéder à un logement décent, nous avons dû nous résoudre à construire une baraque de fortune dans le bidonville de Aïn Zeboudja (entre chemin Laperlier et le Télemly). En 2004, nous avons à nouveau déposé une demande de logement à l'APC d'El Biar (dont nous dépendons) renouvelée en 2008. Il n'y a pas eu de suite. Nous sommes pourtant recensés, à l'instar de tous les habitants du bidonville de Aïn Zeboudja. Je voudrais, Monsieur le Premier Ministre, attirer aussi votre attention sur le fait que mon mari, pourtant détenteur d'une carte d'invalide, n'a jamais bénéficié de la pension qui lui revient. Ses demandes étant jusqu'ici restées sans réponses. Les inondations du 21 mai 2013 ont aggravé notre situation, en emportant sur leur passage notre baraque et tout ce que nous possédions, y compris tous nos papiers et les affaires scolaires de mon fils. Un arbre a fendu en s'abattant sur le toit de notre baraque et ses murs. Des étagères se sont écroulées sur ma fille et l'ont blessée. Mon mari, paralysé par le choc, ne pouvant intervenir, j'ai dû la dégager de sous les décombres. Le 22 mai, je me suis rendue à l'APC d'El Biar pour sensibiliser les responsables à notre tragique situation. Le lendemain, le 23, un vice-président de l'APC s'est rendu sur place, a constaté l'état des lieux et a promis de nous reloger. Le 26, je suis retournée à l'APC, où l'on m'a assuré que mon dossier avait été transmis à la daïra de Bouzaréah. Le 2 juin, je me suis rendue à la daïra où, à ma grande surprise, j'ai appris qu'ils n'avaient rien reçu me concernant ! Actuellement nous sommes éparpillés, ma fille hébergée par ma mère, mon fils et moi-même chez des voisins. Quant à mon mari, il vit dans le parking et dort dans la voiture d'un ami. Mon fils est très perturbé et ma fille est suivie par un psychologue de l'hôpital de Birtraria à raison de trois fois par semaine. C'est là mon ultime recours, mon appel au secours, auxquels, Monsieur le Premier Ministre, j'ose l'espérer, vous ne serez pas insensible. Madame Amel Habili