L'augmentation de la production de pétrole brut s'avère incontournable pour l'Algérie. C'est ce que la Banque mondiale préconise dans le contexte de baisse prévisible des prix de l'or noir, prévoyant dans ce contexte une croissance de l'économie algérienne de 2,8% en 2013 et de 3,2% en 2014. Chérif Bennaceur – Alger Le Soir) - Dans un rapport semestriel publié mercredi dernier, la Banque mondiale considère que les économies des pays exportateurs de pétrole de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), donc celle de l'Algérie, sont «particulièrement vulnérables» à une éventuelle forte baisse des prix du pétrole. Citant les effets de la crise dans la zone euro, l'émergence de nouvelles offres en pétrole provenant de l'Amérique du Nord et l'apparition de nouveaux producteurs dans l'Afrique sub-saharienne, l'institution de Bretton Woods note que «les prix pourraient baisser plus rapidement». Or, si tel était le cas, les recettes budgétaires et les soldes des comptes courants des pays pétroliers de la région Mena «seront mis sous pression ». Des réformes sont nécessaires Poursuivant ce constat, assez proche au demeurant de celui établi récemment par le gouverneur de la Banque d'Algérie, la Banque mondiale observe que les pays pétroliers dont les soldes budgétaires sont déjà sous pression pourraient être forcés à opérer des «ajustements pointus». Des ajustements qui concerneraient tant la demande que la politique de taux de change, même si le gouverneur de la Banque d'Algérie ne s'était pas prononcé clairement à ce sujet. Voire l'institution financière internationale considère que «les exportateurs de pétrole de la région ne seront plus en mesure de compter sur des prix de brut élevés, mais auront de plus en plus besoin de s'appuyer sur une augmentation de la production des hydrocarbures ». Ce qui, indique la Banque mondiale, «nécessitera des réformes qui leur permettraient d'investir massivement dans les infrastructures et l'exploration pour augmenter les niveaux de production de brut actuels qui ont stagné ou ont été en baisse constante ces dernières années». Une baisse avérée depuis plusieurs années et que le département de Youcef Yousfi a pris en compte, misant sur l'intensification de l'effort d'exploration d'hydrocarbures conventionnels et autres et une attractivité meilleure aux investisseurs étrangers. D'autres facteurs négatifs à considérer Certes, a contrario d'autres pays de la région Mena où des tensions politiques et des troubles civils persistent et continuent à brider» l'activité économique dans la région, le cas de l'Algérie reste à part. Néanmoins, les risques sécuritaires, un environnement juridique encore inadéquat et certaines incertitudes politiques pourraient freiner l'engagement des investisseurs étrangers, malgré la dynamique de réformes en œuvre en Algérie. Comme la Banque mondiale évoque un autre facteur négatif, à même de provoquer de «graves déséquilibres budgétaires». Il s'agit de l'accroissement des dépenses publiques pour financer les subventions aux produits alimentaires et aux carburants, qui sont difficiles à réformer. De même, l'institution financière internationale observe qu'une persistance de la faiblesse économique dans la zone euro serait préjudiciable pour les pays de la région Mena avec lesquels elle a d'étroits liens commerciaux, financiers et en matière d'investissement. Une croissance de 2,8% en 2013 Et c'est dans cette conjoncture que la croissance économique de l'Algérie devrait s'établir à 2,8% en 2013, avant de se raffermir pour atteindre 3,2% en 2014 et 3,5% en 2015. Ainsi, la Banque mondiale a révisé en baisse la croissance du PIB algérien par rapport à ses prévisions faites en janvier dernier dans lesquelles elle tablait sur une croissance de 3,4% en 2013, de 3,8% en 2014 et de 4,3% en 2015. Les pronostics de cette institution financière sont inférieurs à ceux du FMI, lequel tablait sur une croissance du PIB algérien de 3,3% en 2013 et de 3,4% en 2014. La Banque mondiale explique cette révision en baisse du PIB du pays par les effets de la crise dans la zone euro dont les pays membres constituent, pour la plupart, les principaux partenaires commerciaux. En ce qui concerne la balance des comptes courants du pays, la BM l'a révisée à la hausse, en la situant à 5,4% du PIB en 2013 (contre une prévision de 4,7% faite en janvier dernier), et à 4,5% en 2014 (contre 4,1%) et à 3,5% en 2015 (contre 3,8%). La croissance de la région Mena, meilleure en 2015 Concernant la région Mena, la Banque mondiale avance que la croissance globale devrait ralentir à 2,5% en 2013 contre 3,5 % en 2012 en raison des faibles performances de ses trois principales économies : «l'Iran est en récession depuis deux ans, l'Egypte affiche une croissance très modeste tandis que l'Algérie connaît une légère reprise». Elle estime, toutefois, que la croissance devrait reprendre pour atteindre 3,8% en 2015 sous réserve que les tensions s'atténuent, que les réformes se poursuivent et que la zone euro, principal partenaire commercial de la région, se redresse. Sur le plan mondial, la BM a également revu à la baisse ses prévisions de croissance en tablant sur un PIB mondial de 2,2% en 2013 alors qu'elle prévoyait, en janvier dernier, une croissance mondiale de 2,4%.