Le financement de l'investissement productif, notamment dans les industries manufacturières, est extrêmement faible», observe le conseiller à la Banque d'Algérie, Djamel Benbelkessem. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Invité hier de la rédaction de la Chaîne III de la radio nationale, Djamel Benbelkessem a constaté que l'investissement productif marchand, porté par les entreprises et qui a évolué entre 8 et 11% entre 2008 et 2011, reste faible, comparé à l'intervention de l'Etat et du groupe Sonatrach. Et cela même si l'investissement global est élevé, précise-t-il, les industries manufacturières restant «le parent pauvre», avec un taux d'investissement de 3,7%. Certes, les crédits bancaires octroyés à moyen et long terme ont crû de 68,3% à fin 2011 à 70,2% à la fin mars 2013. Comme les crédits bancaires accordés aux entreprises du secteur privé (2 369 milliards de dinars, en hausse de 5,7%), ont dépassé ceux octroyés aux sociétés publiques (2 205 milliards de dinars, en augmentation de 7%). Or, dans le contexte où les revenus de l'Algérie dépendent encore, à 98%, des ventes d'hydrocarbures, que les recettes d'exportations marquent un repli constant depuis 2006 et que les réserves de change enregistrent «une très légère baisse», la diversification de l'économie s'avère donc incontournable, inévitable. Notons que le premier trimestre 2013 a été marqué par la diminution du volume d'exportations d'hydrocarbures de 8,86%, la baisse des exportations en valeur de 13,9% (en raison du fléchissement des prix de 5,7%) et des réserves de change officielles en diminution de près de 1 milliard de dollars. A ce propos, Djamel Benbelkessem a réfuté qu'il y ait une ponction sur lesdites réserves, la baisse résultant plutôt de l'effet de valorisation négative selon le conseiller qui assure aussi que les entrées de devises «couvrent» les sorties au titre de la balance des paiements. Cela même si le solde global de la balance des paiements a baissé à 846 millions de dollars au cours du premier trimestre 2013 contre 4,164 milliards de dollars durant la période similaire de 2012. Et une nécessité vitale d'autant que les importations de biens de consommation non alimentaires (véhicules...) augmentent, en croissance de 83% durant le premier trimestre 2013, contre 22% pour les biens d'équipement. Ce qui démontre que les revenus générés par une source non renouvelable manquent d'être valorisés de manière efficace, servant davantage à la consommation qu'à la création de richesses durables. Ceci démontre également que l'économie nationale est en situation de vulnérabilité qui «apparaît très nettement», dira le conseiller. D'où l'opportunité de «tirer les leçons, d'être encore davantage conscient de notre vulnérabilité», dira Djamel Benbelkessem, réitératif des propos tenus récemment par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Concernant l'inflation, le conseiller note une «décélération » à 6,9% durant le mois de mai 2013, poursuivant un recul de la hausse des prix dès le mois de février dernier, après un pic à 8,91% en janvier 2013 et à 8,89% à la fin 2012. Et une décélération sur laquelle la hausse des prix «récurrente» durant le mois de Ramadan ne devrait pas avoir d'impact immédiat, d'autant qu'aucun «choc» de la demande n'est attendu.