Les entreprises étrangères impliquées dans des affaires de corruption en Algérie sont désormais sur une liste noire. L'information a été donnée avant-hier par le ministre de l'Energie et des Mines Youcef Yousfi lors de son passage devant l'APN. Toutefois, le ministre n'a pas précisé l'identité de ces entreprises. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - «Toutes les entreprises étrangères impliquées dans des affaires de corruption sont désormais mises sur une liste noire en Algérie et n'auront plus la possibilité de conclure des contrats de partenariat avec l'Algérie», a t-il déclaré, en réponse à une question d'un député du parti Ennahda qui l'interrogeait sur les dernières déclarations du ministre propos de l'affaire Sonelgaz. Le ministre de l'Energie prévient que l'Algérie ne se limitera pas à interdire d'activité ces entreprises étrangères blacklistées, mais «demandera des réparations pour les entreprises dont la responsabilité sera établie par la justice et toutes les personnes dont la culpabilité aura été prouvée». fera savoir, également, que «des mesures préventives ont été prises, notamment un contrôle interne rigoureux pour toute conclusion de contrat de partenariat et cela dans le cadre de la défense des intérêts de l'Algérie». Le ministre de poursuivre en ajoutant : «Il y a un cadre réglementaire de lutte contre la corruption et nous sommes déterminés à le mettre en application avec toute la rigueur exigée.» Revenant sur les affaires de Sonatrach1 et Sonatrach 2, qui sont actuellement au niveau de la justice, le ministre de l'Energie appelle à «laisser la justice faire son travail, elle est la seule habilitée à connaître ces affaires en toute sérénité et selon le rythme qu'elle décidera et qu'elle juge adéquat». Youcef Yousfi a plaidé à ce que «la lutte contre la corruption ne doit pas conduire à la déstabilisation du secteur de l'énergie qui est le moteur de l'économie nationale». Il a rappelé que son département «est déterminé à défendre l'image des entreprises du secteur ainsi que leurs cadres qui exercent leurs responsabilités en toute intégrité». Pour le ministre, la corruption dans le secteur de l'énergie ne doit pas être un sujet de polémique. «Laissons la justice faire son travail dans le calme et la sérénité». Le ministère, a-t-il précisé, «prendra les mesures exigées à la faveur des verdicts». Il est à noter que le président de l'APN a eu d'énormes difficultés à gérer la séance de ce matin. Et pour cause : les députés du FLN n'ont pas apprécié les questions destinées au ministre de l'Energie et des Mines sur la corruption dans le secteur. Ils ont décidé alors de prendre la parole de force et de répondre d'abord aux députés auteurs des questions. Pour les députés FLN, les questions portent un jugement «infondé» sur le travail du gouvernement. Pendant plusieurs minutes, les députes du FLN et ceux de l'opposition ont échangé les accusations, empêchant le ministre de répondre. Un comportement condamné par Lakhdar Benkhelaf, député du parti Al Adala et auteur de la question. Il est à noter que trois jours avant son passage devant la Chambre basse, Youcef Yousfi a laissé entendre que le directeur général actuel de Sonelgaz Nouredine Bouterfa, son prédécesseur Abdelkrim Boughanem ainsi que quinze cadres de l'entreprise étaient placés sous contrôle judiciaire pour «violation» du code des marchés portant réalisation de deux centrales électriques : celle de Terga à Aïn Témouchent (500 km à l'ouest d'Alger et celle de Koudiat Edraouech à El-Taraf (600 km à l'est d'Alger). Cependant, le lendemain, il est revenu sur ses déclarations pour dire que le patron de Sonelgaz est hors de cause puisqu'il l'accompagnait dans une de ses visites. Ces deux centrales ont été réalisées par les entreprises Alstom et Général Electric, alors que la troisième, Hadjeret Enouss (dans la wilaya de Tipasa) est réalisée par l'entreprise canadienne SNC Lavalin, laquelle aurait surfacturé les travaux.