Le marché algérien des boissons alcoolisées, certes actif et marqué par une demande importante, pâtit cependant d'un déficit en matière de distribution. Ainsi, 80% des points de vente autorisés ont disparu durant les dernières années, indiquait hier à l'hôtel El Djazaïr un manager de la société Tango Algérie, B. Sardi. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Intervenant à l'occasion d'un débat sur une étude portant sur la filière boissons en Algérie, ce manager indique que le nombre de points de vente a diminué entre 2008 et 2012 de 5 000 points de vente à quelque 1 030 points. Soit 4 000 points de vente qui ont fermé pour diverses raisons, notamment administratives mais aussi dans le contexte où le conservatisme religieux domine. Une situation qui favorise la distribution informelle de ce type de boissons et qui se répercute notamment, sur l'activité de collecte et recyclage des déchets. Ce que le président de la société NCA (spécialisée dans la fabrication de boissons sans alcool), Slim Othmani, relève, évoquant le refus par plusieurs préposés de la collecte des bouteilles et canettes d'alcool pour des motifs religieux essentiellement. D'où l'opportunité, dira-t-il, de faire appel à des étrangers, notamment asiatiques (Philipins, Chinois ou autres), pour assurer cette activité. Voire, Slim Othmani décrie l'«hypocrisie ambiante», appelant à y mettre un terme. «S'il y a interdiction de la production et de la commercialisation, et c'est ce qui va arriver (dans ce contexte d'hypocrisie sociale), c'est le marché informel, à l'instar de ce qui se passe en Iran, qui dominera», indique le premier manager de NCA. Notons, toutefois, que la consommation de la bière s'est développée grâce à la qualité des produits offerts et à l'introduction de la canette, la consommation de la bière sans alcool demeurant encore marginale. En outre, la production vitinicole est encouragée, même si les volumes d'exportation régressent en raison de la forte concurrence sur les marchés internationaux. Et c'est ce que cette étude, finalisée en 2012 par deux experts nationaux sous l'égide de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB) et du Programme européen d'appui aux Pme et à la maîtrise des technologies d'information et de communication, et sur laquelle nous reviendrons, note justement. Selon cette étude et au-delà des indicateurs économiques de la filière, les boissons alcoolisées «sont frappées par des interdits religieux et par des restrictions imposées, notamment par le système de valeurs morales, le code de la route et les agréments d'ouverture et d'exploitation des débits de boissons». Concernant la collecte des déchets alcoolisés, le président de l'APAB, Ali Hamani, a ainsi prôné «la défiscalisation à 100%» de cette activité, en vue d'encourager la création d'entreprises spécialisées.