Les JM de Mersin, en Turquie, tirent à leur fin. Ils s'achèveront dimanche prochain. L'Algérie, qui a envoyé plus de 170 athlètes et autant d'accompagnateurs, n'avait pas encore goûté à l'or jusqu'au moment de la rédaction de cet article. Après cinq jours d'épreuves, que des médailles en bronze (5 au total). De l'or, les Algériens en espéraient hier et espèrent encore pour les ultimes compétitions de ce rendez-vous méditerranéen qui a perdu son charme et sa crédibilité depuis Athènes-1991. Ce manque à gagner de nos sportifs, fort logique au vu de l'environnement délétère du mouvement sportif national, a suscité divers commentaires. Observateurs et décideurs divergent sur la «note» à donner à cette nouvelle sortie ratée de nos sportifs. Le niveau méditerranéen étant proche de la réalité mondiale en termes de performances, chacun y est allé de son appréciation. Si le ministre de tutelle souligne le caractère «honorable» des résultats réalisés par nos différents représentants, le patron du COA, lui, relève, que les «tricheurs» (sans les nommer) doivent être éliminés. Tous les deux se rejoignent, finalement, sur le fait que la situation actuelle est le fait d'une opération de redressement qu'impose l'objectif à court et moyen terme, en l'occurrence les Jeux olympiques de Rio de Janeiro (2016) et ceux de 2020 (non encore attribués). En fait, un rajeunissement qui devrait, à leurs yeux, porter ses fruits à partir des Olympiades du Brésil. Une vieille chanson que ce rajeunissement qu'on n'arrive, comme la harga, plus à juguler, à défaut de la maîtriser. Cela rappelle les déclarations que les responsables du sport, et d'autres secteurs aussi, ont faites depuis que l'Algérie n'arrive plus à engranger les victoires. A chaque fois, si ce ne sont pas les effets de la décennie noire ou la rareté des génies sportifs, c'est la matière grise qu'on accuse d'être derrière les échecs et les fiascos aussi successifs qu'incompréhensibles. A chaque fois, les humiliantes prestations de nos athlètes et sélections relèvent de la responsabilité des sportifs dont l'âge a frôlé la trentaine. Cela rappelle une certaine décision prise par le pouvoir sportif algérien au lendemain de la promulgation de la réforme sportive, en 1977, invitant certains sportifs (les footballeurs surtout) à ranger leurs chaussures dès lors qu'ils avaient atteint la trentaine. Les Betrouni, Bachi, Bachta et tant d'autres valeureux joueurs du MCA et de l'EN ont été «mis» précipitamment au musée sous l'autel (déjà) d'un souci de rajeunissement des effectifs. Quarante ans plus tard, la (pas) très fameuse chanson continue d'animer l'ambiance parsemée d'échecs de nos sportifs. Rares sont les responsables qui reconnaissent que si le sport national n'a pas le niveau, c'est à cause de ses décideurs, gestionnaires et ceux qui ont fait du MSN un tremplin pour accomplir des carrières politiques. A Mersin, et en d'autres circonstances et d'autres lieux par le passé, les Algériens ont perdu face à des adversaires qui n'accordent d'importance qu'à la performance et à la compétitivité de leurs sportifs. L'EN de volley-ball messieurs a perdu face à une sélection tunisienne, conduite par un technicien qui a coaché un club algérien (NRBBA) et est composée d'éléments qui avaient défié l'actuel entraîneur national, Mourad Sennoun, quand il était encore sur le parquet. Et ce n'est pas un hasard si les sportifs tunisiens et ceux d'Egypte, qui ne bénéficient plus des mêmes conditions de préparation depuis la fin du règne de Ben Ali et de Moubarek, caracolent parmi les meilleures nations du pourtour méditerranéen voire mondial. Eux se soucient peu ou prou de l'âge de leurs sportifs. Leur inquiétude a trait au manque d'infrastructures, d'encadreurs qualifiés et de ressources humaines. Des conditions qui font que ces pays se rapprochent de l'industrie sportive, qui créé les champions, mise en place aux Etats-Unis, Allemagne, Espagne et les grands du monde des sports. L'Algérie sportive a plus besoin de se structurer que de se livrer à des débats philosophiques stériles. Le plus important ouvrage sportif du pays a été réalisé au début des années 70 (l'OCO d'Alger en l'occurrence) et c'est à partir de ces installations que l'Algérie a réussi à former des champions. Ceux qui s'évertuent encore à attribuer l'éclosion de la génération Madjer, Belloumi et autre Assad aux avantages procurés par la réforme sportive de 1977 se trompent. On ne forme pas des sportifs de haut niveau en deux ans, même pas en deux cycles olympiques. Les héros de Gijon, nés pour la plupart à la fin des années 1950, avaient déjà la vingtaine à la proclamation du projet de Si Mohamed Baghdadi. La réforme sportive, certainement déviée de ses principes fondamentaux, n'a profité qu'aux opportunistes et aux tricheurs. Peut-être bien qu'elle y est pour beaucoup dans l'éclatement des douloureux évènements d'octobre 1988 menés par la masse juvénile et qui ont profité aux plus vieux. Ceux qui n'ont jamais connu la douleur de l'effort, des blessures et des humiliations. Ce sont ces personnages, tapis dans l'ombre des bureaux du ministère, DJS, fédérations, ligues et associations qui cherchent, en claironnant le redressement, coûte que coûte à maintenir le cap de la médiocrité. Si «rajeunissement» il y aura, c'est à ce niveau de l'organisation. S'il est admis que les structures de gestion du ministère et des fédérations sollicitent les «retraités» pour accompagner ces politiques de redressement, la présence d'athlètes chevronnés et à l'expérience bénéfique pour les nouvelles générations l'est aussi. Sans démagogie ni jeu de mots.