Le temps a fini par avoir raison des crises passagères qui ont marqué la relation algéro-égyptienne ces dernières années. Hosni Moubarak ayant été chassé du pouvoir et remplacé par l'islamiste Mohamed Morsi, l'Egypte a entrepris de redonner du souffle à ses traditionnels partenariats politiques. Mourad Medelci et son homologue égyptien Mohamed Kamel Amr se sont réjouis, avant-hier, à Alger, d'une entente retrouvée. Sacrifiant au rituel qui accompagne le passage de diplomates et d'émissaires étrangers dans la capitale algérienne, le ministre des Affaires étrangères et son homologue égyptien ont pointé, jeudi, en fin de journée, devant la presse pour attester de l'osmose politique réappropriée, après le malheureux épisode du Caire, qui a failli durablement l'altérer. Première expression de cette entente, la même vision développée par rapport à la crise syrienne. Une vision partagée et qui s'inscrit aux antipodes de celle faite sienne par Doha qui n'a toujours pas fini de souffler sur le brasier syrien. On connaît la position algérienne : elle prône la solution politique. L'Egypte, quoique de manière nuancée, pousse dans la même direction. «En dépit de plusieurs parties qui participent à la prise de décision finale au sujet de la tenue de la conférence internationale sur la Syrie (Genève 2), il n'en demeure pas moins qu'aucune partie n'a exprimé son opposition à la solution pacifique à la crise syrienne qui reste la meilleure», a affirmé Medelci, expliquant, néanmoins, qu'il «est clair, au vu des nombreuses rencontres qui ont été tenues au sujet de cette conférence internationale, que plusieurs questions restent posées». Le ministre des Affaires étrangères algérien, qui n'ignore pas les difficultés qui se dressent devant la réunion des parties au conflit autour du dialogue, a rappelé que le principe est tout de même sauf. «Les parties restent attachées au principe de la nécessité de tenir la conférence internationale. » Mourad Medelci s'est, au demeurant, rangé à l'idée que la conférence ne pourrait pas se tenir en juillet prochain. Selon lui, la conférence pourrait être réunie à l'automne prochain et l'émissaire onusien pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, reste la personne la mieux indiquée pour prendre en charge le dossier, la seule apte à annoncer une date précise de la tenue de la conférence internationale parce que possédant toutes les données. Le ministre égyptien des Affaires étrangères a, quant à lui, estimé que «nous sommes pour une solution politique en Syrie, car la solution militaire implique davantage de destruction et de souffrance pour le peuple syrien». Si leurs positions respectives par rapport à la crise en Syrie se rejoignent, il n'en demeure que ni l'Algérie, encore moins l'Egypte ne disposent de la capacité diplomatique d'influer sur le cours des événements dans ce pays livré à la guerre civile depuis plus de 2 ans. Le barycentre diplomatique est déplacé vers Doha. Aussi l'Algérie et l'Egypte semblent avoir compris qu'il est impératif qu'elles travaillent à reconstituer l'axe Alger-Le Caire. Elles s'y attellent. Notamment à travers une coopération économique et commerciale que les deux pays veulent booster. «Les relations qui lient nos deux pays sont complémentaires et non concurrentielles », a soutenu le ministre égyptien des Affaires étrangères. Le comité de suivi algéro-égyptien, qui s'est réuni jeudi à Alger, devait affiner les axes de coopération. Plusieurs accords de coopération, dans différents domaines, y compris énergétique. Sofiane Aït Iflis