En devenant le premier Africain à revêtir le maillot jaune, Daryl Impey a placé le cyclisme sud-africain dans la lumière du Tour de France. Après la victoire en avril de l'Allemand Gerald Ciolek à Milan-Sanremo sous les couleurs de la formation sud-africaine MTN-Qhubeka, le cyclisme sud-africain s'offre une visibilité inespérée. «Il y a encore quelques années, d'autres sports étaient majeurs en Afrique du Sud, on ne recevait aucune aide. Le cyclisme devait se débrouiller par lui-même. Mais ça a un peu changé ces dernières années et ça nous donne l'opportunité de grandir et de montrer quel niveau on peut atteindre», se réjouit Impey. La trajectoire laborieuse de ce coureur de 28 ans a été celle d'un pratiquant d'un sport inconnu à la pointe sud de l'Afrique où règnent le rugby à XV, le cricket et le football. Comme beaucoup de coureurs de l'hémisphère Sud, il a dû s'exiler en Europe à 20 ans pour tenter de faire carrière. Mais son passage dans le club de la Pomme Marseille a été «une saison difficile». «ça ne s'est pas passé comme prévu et j'avais le sentiment d'être traité comme un étranger parmi d'autres, alors au bout d'un an, je suis rentré en Afrique du Sud. Puis Robert Hunter m'a appelé pour m'engager dans Barloworld», raconte Impey. «On l'a remarqué chez Barloworld il y a quatre ou cinq ans quand il a eu son accident dans le Tour de Turquie», confie le grand manitou du cyclisme australien, Shayne Bannan. Ami de Froome Le 19 avril 2009, lors de la dernière étape, il est poussé par Theo Bos qui le fait chuter lourdement. Sévèrement blessé, il franchit tout de même la ligne avec l'aide de ses partenaires et remporte la course. Passé ensuite chez RadioShack en 2010, il tente sa chance dans le projet — finalement mort-né — de l'équipe australienne Pegasus. Il court sous les couleurs des modestes formations MTN et NetApp. «On savait qu'il avait des grosses capacités physiques et il est précieux dans un train», a précisé Bannan. Dans l'équipe Orica depuis 2012, il est l'élément clé du «train» qui mène le sprint de Matthew Goss. «C'est un rôle très compliqué. Quand on voit à quelle place il a fini toutes les étapes, on peut dire qu'il se l'est gagné (le maillot jaune). Pour garder sa place dans les dix premiers dans des sprints à risques, il faut avoir des c...», souligne le directeur sportif Matt White. «C'est seulement son deuxième Tour de France. Avoir le maillot jaune, ça change une vie», souligne son ami Simon Gerrans, qui a eu l'idée de récompenser son travail de l'ombre en lui cédant le maillot jaune. «Ce maillot jaune va sûrement mettre le cyclisme en haut de l'affiche en Afrique du Sud et peut-être que les gens me reconnaîtront dans la rue maintenant !», préfère blaguer Impey. Le cyclisme pourrait bien connaître rapidement une nouvelle heure de gloire en cas de victoire finale de son ami Chris Froome, né au Kenya et de nationalité britannique mais qui a grandi et lancé sa carrière en Afrique du Sud. «Ce n'est pas un vrai Sud-Africain, s'amuse Impey. Alors peut-être que je serai plus populaire !»