La déposition, mercredi, du président islamiste Mohamed Morsi et son remplacement par le président de la Cour constitutionnelle, Adly Mansour, plonge l'Egypte dans l'incertitude. Vendredi, la région du Sinaï, dans le nord du pays, a été secouée par une vague d'attentats terroristes ayant visé des postes de police et des check-points militaires, tuant un militaire et blessant deux autres. Dans l'après-midi, des tirs ont été échangés entre les partisans de Morsi et les militaires. Des échanges qui ont fait au moins trois morts. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Les tirs ont eu lieu aux abords du siège de la Garde républicaine, une unité militaire chargée de protéger la présidence égyptienne et implantée dans le quartier du palais présidentiel. Le matin, des attaques simultanées à la roquette et à la mitrailleuse, dont le nombre n'a pas été précisé, ont été perpétrées dans le nord de la péninsule du Sinaï, notamment près de la frontière avec Rafah. Même si elles n'étaient pas encore revendiquées vendredi, ces attaques portent la signature islamiste. Les partisans de Mohamed Morsi ont, dès mercredi, crié au coup d'Etat militaire et tentent, depuis, de mobiliser large pour défendre «la légitimité démocratique». Une mobilisation qui devra faire écho à l'appel du président déchu à résister pacifiquement. Baptisée par les partisans de Morsi «vendredi de refus», la journée d'hier a été dédiée aux manifestations dans toute l'Egypte, notamment dans la capitale. Ils étaient des milliers à manifester au Caire, particulièrement dans le quartier de Nasr-City, devant la mosquée Rabaa Al Aadawiya. Le Front national de défense de la légitimité, regroupement des opposants au renversement de Morsi, des islamistes, pour la plupart, a répercuté l'appel de Morsi à manifester pacifiquement. Le dispositif de sécurité, déployé depuis mercredi, a été renforcé pour parer à d'éventuelles violences islamistes. Le ministère de l'Intérieur a prévenu qu'il répondrait à tout trouble. La coalition de l'opposition à Mohamed Morsi a engagé vendredi une démonstration de force avec les partisans du président déchu. Elle a en effet lancé un appel urgent à manifester en masse dans toute l'Egypte en soutien «à la révolution du 30 juin». Le renversement, mercredi, du président Mohamed Morsi a été suivi dès le lendemain par une vague d'arrestations dans les milieux islamistes. Le guide suprême de la confrérie Mohamed Badie et le président du parti PLJ Saad El Katatni ont été arrêtés pour «incitation au meurtre des manifestants», alors que son bras droit Khairat al-Chater est sous le coup d'un mandat d'arrêt. Le président Morsi est également en détention préventive dans les bâtiments de l'armée. Les militaires n'ont pas signifié s'il encourt des poursuites judiciaires. Mais tout porte à croire que ses déboires ne font que commencer. Il pourrait être poursuivi pour «insulte à l'institution judiciaire» et pour d'autres chefs d'inculpation. L'Union africaine suspend l'Egypte L'organisation panafricaine UA a été jusque-là la seule institution internationale à prendre position franche par rapport à ce qui s'est produit mercredi en Egypte. Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a, en effet, suspendu vendredi la participation de l'Egypte à l'organisation panafricaine, après le renversement par l'armée du président égyptien Mohamed Morsi, selon un communiqué officiel. Cette suspension obéit au principe de l'organisation de mettre en veille la participation de tout Etat membre où se produit un coup d'Etat. La levée intervient dès le retour à l'ordre constitutionnel. Le Conseil de l'Union africaine a condamné une prise de pouvoir illégale. Les capitales occidentales sont en revanche restées très circonspectes relativement au renversement de Morsi. Aucune ne s'est affranchie de la prudence embrassée face à ce qui s'est produit dans la vallée du Nil. Washington, qui a suspendu les aides militaires et civiles à l'Egypte (environ 2 milliards de dollars par an) jusqu'à se choisir un qualificatif pour le renversement de Morsi, s'est contenté d'appeler les nouvelles autorités de transition à ne pas procéder à des arrestations arbitraires. Berlin a parlé d'un échec majeur de la démocratie en Egypte, sans toutefois évoquer le coup d'Etat militaire. L'Occident a insisté pour que le gouvernement civil soit formé au plus vite..