Les islamistes ne perdent vraiment pas de temps, eux qui ne veulent surtout pas être en marge de la présidentielle prochaine, que celle-ci soit calendaire ou anticipée. Et pour ce faire, ils se départagent les rôles et les missions en vue d'arrimer à leur cause, le maximum de la classe politique, abstraction faite des bords idéologiques dont se réclament les uns et les autres. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) Une cause qui oscille autour de la concrétisation sur le terrain des fameuses réformes politiques promises par le président de la République et qui ont été considérablement perverties au cours de leur mise en œuvre, du moins selon leur propre constat. Et les islamistes ne s'embarrassent pas de méthodes et de procédés : au moment où certains d'entre eux, le SP en tête, multiplient les contacts d'avec les partis et les personnalités politiques en vue d'arriver à un consensus autour d'un minimum de points communs, d'autres compères lorgneraient du côté de la tant convoitée base du parti dissous. Azzeddine Djerrafa, l'architecte du triumvirat islamiste, l'Alliance de l'Algérie verte, se joint à la symphonie en mettant son grain de sel. C'est ainsi qu'il parle d'une initiative politique non exclusive puisque concernant tous les bords politiques, sans distinction idéologique et qui n'exclut personne. Même parmi des dirigeants du parti dissous, avoue-t-il à demi-mot. Une initiative dont le contenu et ceux qui y ont été associés seront dévoilés après le mois de Ramadhan et qui vise à dépasser la scène politique via un consensus national, avec un candidat unique à la prochaine présidentielle à choisir par les personnalités nationales. Cette démarche de Djerrafa est-elle la même ou un maillon de celle qu'entreprend le président du MSP ? Ou s'agit-il d'une opération de court-circuitage quand on n'ignore pas que bien des segments du parti dissous tiennent toujours rancœur profonde au parti de Abderrezzak Mokri ? Et du côté justement du mouvement de Abderezzak Mokri, on soutient ne rien savoir de l'initiative de Djerrafa puisqu'on s'en tient soigneusement à sa propre feuille de route. Soit les contacts tous azimuts entrepris d'avec divers partis et personnalités et de tous les bords idéologiques. Des contacts au bout desquels, selon Azzedine Tebbal, le chargé à la communication au sein du MSP, il a été relevé la disponibilité des uns et les réserves des autres quoique tout le monde ou presque, tient-il à souligner, soit d'accord sur le constat. Et à notre interlocuteur d'évoquer la contrainte du temps, la présidentielle prochaine avançant à grands pas. Tout comme Djerrafa, Tebbal qui considère que l'ère des idéologies est révolue et que son mouvement ne soutiendra plus le candidat du consensus, celui du système, sous-entendu, parle d'une consensus autour d'un candidat commun à l'opposition. Un candidat au profit duquel le MSP est prêt à sacrifier son propre cavalier pour peu que, poursuit encore son chargé à la communication, celui-ci s'engage sur une plateforme politique allant dans le sens de la concrétisation de vraies réformes politiques débouchant sur des élections libres et transparentes. Presque le même propos que tient le secrétaire général du mouvement Nahda dont Djerraf constitue un cadre. Seulement, Fateh Rebaï tient d'abord à dénier à ce dernier le droit de parler au nom de l'AAV dont il affirme être le coordinateur. Ceci avant qu'il ne reprenne presque le même argumentaire que son compère du MSP, estimant que l'Algérie a été libérée par tout le monde et elle appartient à tout le monde. «Que la dualité démocrates-islamistes cesse car ne faisant que le bonheur du pouvoir », dira-t-il, en voulant pour preuve les commentaires de «certains » ayant suivi les rencontres de dirigeants de son mouvement et de ceux du MSP d'avec leurs homologues du RCD.