C'est l'été, synonyme en principe de repos et de détente pour tous ceux qui, une année durant, ont trimé dur et qui peuvent se permettre une évasion, loin de leurs occupations habituelles. Donc, pour les vacances, il y a d'abord les nantis qui sont dans leur majorité managers d'entreprises publiques ou privées, industriels ou gros commerçants, mais également ceux appartenant aux professions libérales. Cette catégorie est en mesure de se payer des séjours à l'étranger. Ils choisissent principalement, des pays voisins à l'exemple de la Tunisie qui vient en tête, suivie du Maroc. Comme ils se rendent aussi dans des pays du pourtour méditerranéen notamment en Turquie, et, ces dernières années, en Espagne et en Grèce dont le prix des vacances a fait l'objet de réductions allant jusqu'au tiers de ce qu'il était auparavant, pour cause de crise économique qui affecte ces pays. Pour le reste des Algériens, soit les 4/5e de la population, et faute de moyens, on passe ses vacances comme on peut, mais à l'intérieur du pays. A annaba, qui connaît chaque saison estivale un rush de vacanciers venant de plusieurs contrées de l'intérieur et du sud du pays, voire d'Europe, les infrastructures d'accueil, au-delà de leurs capacités limitées, proposent des prix souvent inabordables pour les bourses moyennes, alors que dire de celles dites faibles. Pour ceux qui se tournent vers des lieux plus cléments question cherté, ils n'ont pas un grand choix. Le seul camping familial de la wilaya qui propose un hébergement total au bord de la mer est situé dans la petite ville côtière de Chetaïbi. Une localité connue pour sa célèbre baie, l'une des plus belles au monde. Ce camping, géré par un artiste comédien de son état, est érigé à moins d'une centaine de mètres des flots. Il dispose de tentes familiales et individuelles avec literie, des toilettes et douches, un coin commun pour cuisiner, de l'électricité et du gaz en plus d'un espace restauration pour ceux qui veulent profiter au maximum de leurs vacances sans se soucier de la «corvée» quotidienne de cuisiner eux-mêmes. Ses tarifs, mille dinars par personne et par nuitée, peuvent intéresser une catégorie de personnes limitées financièrement, mais disposant quand même d'un certain budget pour leurs vacances. Il demeure que de nombreuses familles sans moyens sont privées de vacances. C'est pourquoi, certaines d'entre elles se rabattent sur les plages d'El Kettara (ex Levé de l'aurore), Rachid Fellah (ex-Saint Cloud), Rizi Amor (ex-Chapuis) ou la Caroube ; plages proches de la ville ou qui font carrément partie intégrante du tissu urbain de celle-ci, même si elles sont constamment bondées de monde. Ceci pour éviter des dépenses supplémentaires de transport, exigées pour accéder à des plages lointaines. Quant aux jeunes qui ne disposent pas de moyens financiers pour se permettre des vacances à l'étranger ou même dans les structures hôtelières du pays proposant des tarifs à donner le tournis, il reste le camping libre dans des endroits isolés mais sécurisés. Pour cette formule, ils ont le choix entre les plages de Aïn Barbar, Sidi Oukacha, les Sables d'or, à l'ouest de la wilaya de Annaba, voire La Marsa, à la limite de la wilaya de Skikda avec celle de Annaba. C'est ce choix pour lequel a opté une bande de copains, tous célibataires d'une cité populaire de la plaine ouest de Annaba. Certains parmi eux ont fait des études universitaires et, faute de mieux, sont employés dans le cadre du Dispositif d'aide à l'insertion pour l'emploi des jeunes. Les autres vivent de petits boulots. Ce n'est pas eux qui peuvent se permettre la location d'un jet-ski proposé à 3.000 dinars, le quart d'heure dans certaines plages privées de Annaba. «Cette somme nous suffit, à cinq, pour passer toute une journée au bord de la mer dans le camping où nous avons dressé notre tente quelques jours après l'Aïd El Fitr », affirment-ils à l'unisson. Leur solide amitié tissée depuis leur tendre enfance fait qu'ils ont toujours partagé tout ce qu'ils avaient. Donc, leur séjour au bord de la grande bleu du côté de Sidi Oukacha, à l'ouest de Chetaïbi, se déroule, selon leurs dires, dans les conditions les meilleures. Hacene, l'intellectuel du groupe, est un mordu de la chasse sous-marine. Il passe de longues heures sous l'eau, du côté rocheux de la page, à la recherche de mérou, badeche, pagre ou dorade à viser de son fusil harpon. Naouri préfère pour sa part la pêche à la ligne dans l'espoir de ferrer un loup, un sar, un marbré ou un pageot. Ses deux cannes sont plantées toute la journée dans un coin un peu isolé de la plage pour ne pas gêner les autres estivants. L'éventuel produit de la mer qu'ils auraient ainsi pêché ne sera que le bienvenu pour agrémenter les repas des cinq copains. Ils nous ont fait savoir que depuis trois ans, ils viennent chaque saison estivale dans ce coin paradisiaque pour quelques semaines de vacances aux moindres frais. Ils profitent au maximum d'une évasion qu'ils ont qualifiée de très reposante. Ce genre de camping tend à se développer à la faveur d'une situation sécuritaire stable depuis plusieurs années, grâce à la présence des militaires et gendarmes autour et dans ces lieux. Aujourd'hui, les vacanciers sont de retour. il n'y a plus aucun risque pour se rendre dans des endroits féeriques formés de petites criques de sable fin, d'une mer couleur turquoise, entourées d'une verdure luxuriante, situées sur la côte ouest de la wilaya de Annaba. Lors de la décennie noire, ces coins paradisiaques étaient inaccessibles par la faute des islamistes sanguinaires.